Pour que les intérêts des agriculteurs réunionnais soient préservés

21 mai 2007

La Chambre d’Agriculture de La Réunion s’adresse aux Ministres de l’Agriculture et de l’Outre-mer.

(...) Le Président de la Chambre d’Agriculture demande que les intérêts des agriculteurs de La Réunion soient intégralement préservés dans le cadre des négociations des accords de partenariat économique qui vise à ouvrir le marché européen dès le 1er janvier 2008 aux produits de pays ACP.

Le contexte particulier de La Réunion dû à son insularité, la proximité de pays en développement (Afrique du Sud, Madagascar, Maurice) et à l’importance de l’agriculture dans l’économie locale impose l’exclusion de La Réunion dans ces négociations, car le développement durable de notre île doit être placé hors du commerce international.

Autre dossier abordé, le respect des engagements de l’Etat pour un versement des indemnisations Gamède au plus tard le 31 mai 2007 pour les 2.300 planteurs et éleveurs de La Réunion, soit une enveloppe évaluée à 12 millions d’euros. Ces indemnisations permettront à certaines exploitations, en particulier le maraîchage, de repartir, d’autant que la quasi-totalité des dossiers sont instruits à ce jour.

Il s’agit des dossiers à traiter de manière urgente, et à moyen terme, la Chambre d’Agriculture compte ouvrir avec ce gouvernement les chantiers d’une revalorisation des retraites agricoles à La Réunion qu’il faudra porter à 1.000 euros par mois, la mise en application de la zone franche agricole ainsi que la pérennisation des régimes d’aides agricoles au niveau européen.


Concernant les Accords de Partenariat Economique

Lettre adressée par Jean-Yves Minatchy, Président de la Chambre d’Agriculture de La Réunion, à Christine Lagarde, Ministre de l’Agriculture.

Madame le Ministre,

Dans le cadre des Accords de Partenariat Economique entre l’Union européenne et les pays d’Afrique Caraïbe Pacifique, la Chambre d’Agriculture de La Réunion s’inquiète des conséquences pour l’économie réunionnaise si ces accords ne prévoient pas un traitement différencié pour les RUP (Région Ultra Périphérique) qui sont particulièrement sensibles à la concurrence en matière agricole de ces pays.

Ces accords destinés à remplacer l’Accord de Cotonou conclu en 2000 visent à ouvrir le marché européen aux produits agricoles des pays ACP et des PMA dès le 1er janvier 2008.

Sans préjuger de la place de l’agriculture du continent, l’agriculture revêt un caractère vital dans le développement économique de La Réunion tout en contribuant à l’aménagement du territoire et la préservation de l’environnement.

L’insularité et les règles sociales de notre département conduisent à une augmentation des coûts de production alors qu’à moins de 4 heures d’avion, se trouvent des puissances agricoles comme Madagascar, l’Afrique du Sud, qui peuvent à tout moment concurrencer l’agriculture locale. Que ce soit l’oignon en provenance de Chine, la carotte d’Australie, la viande du Botswana et bientôt la tomate de Maurice (...).

En conséquence, un système d’exonération, lorsqu’il y a transformation de produits (animaux ou végétaux) à La Réunion et/ou réexportation, ne peut être envisagé que s’il ne porte pas préjudice à une filière préexistante ou à une interprofession.

Cette demande de la profession agricole est en totale cohérence avec le mémorandum signé par votre prédécesseur aux côtés des Ministres de 6 autres pays (Chypre, Espagne, Italie, Grèce, Hongrie et Portugal) fin décembre 2005, dans lequel était exprimée, dans le cadre de la réforme de I’OCM Fruits et Légumes, la nécessité que « les négociations en cours, dans le cadre du cycle de Doha à l’OMC, ne remettent pas en cause le principe de préférence communautaire pour les fruits et légumes frais et transformés » (...).

Quand à la filière canne qui, 200 ans après son implantation sur l’île Bourbon, reste le principal produit exporté, la Chambre d’Agriculture milite pour une exclusion du sucre de ces accords, car elle participe à l’agriculture durable avec la bagasse utilisée par les centrales thermiques, la couverture végétale indispensable dans la lutte contre l’érosion et des perspectives de développement dans le domaine des carburants verts avec le bioéthanol.

(...) La Chambre d’Agriculture compte sur un soutien fort de la France auprès de la Commission Agricole de Bruxelles pour que les intérêts des agriculteurs de La Réunion soient intégralement préservés dans le cadre des accords APE. (...) L’Europe doit constituer un régime spécifique pour l’agriculture réunionnaise car le développement durable doit être placé hors du commerce international.


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