Les conséquences de la COVID-19 sur le prix du fret appellent à une remise en cause profonde de l’économie de comptoir toujours imposée à La Réunion

Pourquoi le coût du fret maritime augmente : un tournant pour l’économie réunionnaise

27 août 2021, par David Gauvin

Les experts d’ING pensent que le coût du transport maritime n’a pas encore fini de monter. « Les coûts d’expédition ont fortement augmenté et la concurrence féroce pour la capacité de fret maritime est la nouvelle normalité », expliquent-ils dans une étude publiée en mai, avant d’en faire la preuve par cinq arguments. La Réunion est pleinement exposée en raison de sa structure économique néo-coloniale qui la rend fortement dépendante de produits importés d’Occident : l’économie de comptoir.

La hausse des prix du fret maritime fait la une des médias économiques depuis l’année dernière. La presse généraliste en a fait ses choux gras en mars dernier, lorsque l’Ever Given s’est retrouvé coincé en travers du canal de Suez, mettant en lumière l’importance stratégique des routes maritimes pour le commerce mondial. « Les prix de plusieurs routes commerciales ont triplé par rapport à l’année dernière, et les prix d’affrètement des porte-conteneurs ont connu des hausses similaires », soulignent les économistes Joanna Konings et Rico Luman, qui ne voient pas vraiment comment la situation pourrait se décanter à court terme, pour cinq raisons.

Hausse durable du prix du fret

D’abord, les déséquilibres entre la production et la demande de biens vont perdurer, conséquence de la désorganisation globale liée à la pandémie. Ensuite, le fret océanique reste incontournable et les alternatives habituelles (aérien, rail), utilisées en général pour les produits sophistiqués, ont été prises d’assaut et ont vu leurs prix flamber eux aussi. Troisièmement, les déséquilibres dans la reprise vont continuer cette année, avec des pays quasiment en ordre de marche et d’autres encore empêtrés dans les restrictions sanitaires. En outre, les annulations ou les suppressions d’escales (blank selling), quoiqu’en baisse, sont encore présentes, ce qui pèse sur les capacités. Enfin, la congestion reste d’actualité, même si les données montrent que la proportion de navires atteignant leur destination à temps a cessé de baisser en avril, et que les retards moyens se sont améliorés.

« La montée en flèche des coûts du transport maritime à travers le monde peut toucher votre portefeuille plus tôt que vous ne le pensez, de votre tasse de café du matin aux jouets que vous pensiez acheter à vos enfants », met en garde le Time. C’est un record. Selon une analyse de Drewry Shipping, un cabinet de conseil dans le domaine des transports maritimes, reprise par Time, le coût du transport d’un conteneur depuis Shanghai (Chine) jusqu’à Rotterdam (Pays-Bas) est aujourd’hui de 10 552 dollars (8 705 euros). Soit un montant 5,4 fois plus élevé que le coût moyen sur les cinq dernières années.

Un élément d’une crise globale à La Réunion

La Réunion est pleinement exposée. On va parler de l’alimentation, riz ou intrant, mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt. L’offre de transport mondiale devenue rare et chère, c’est le devenir même de notre économie qui est en jeu. Notre économie est une économie de comptoir, donc soumise entièrement au rythme du commerce mondial et aux décisions stratégiques de l’Etat central. Alors quelles vont être les solutions ?
A court terme il est inéluctable de subventionner le surcoût du transport, pour éviter l’explosion économique et sociale. Mais est-ce vraiment la solution d’avenir ? Ce sont les bases de notre développement et de nos modes de consommation qu’il faut changer. On trouvera toujours une minorité sympathique pour dire qu’il faut retourner aux modes d’alimentation de l’entre deux guerre. Mais ceux-là n’ont pas connu les pénuries et la faim qui ont poussé notre peuple à manger tout ce qu’il pouvait trouver. De toutes les façons, dans ce temps de crise profonde, il faut unir le peuple Réunionnais autour d’un projet qui trace les contours d’un avenir meilleur, et pour se faire il y a un outil : la conférence territoriale élargie.

« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » Edward Lorenz

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David Gauvin

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