Fixation aujourd’hui

Prix des carburants : l’intérêt général sera-t-il la priorité ?

3 septembre 2009, par Sanjiv Dinama

Dans ’Témoignages’ d’hier, nous avons mis en avant un certain nombre d’élément sur la formation des prix des carburants à La Réunion. À partir de ces éléments, il est inimaginable que le préfet puisse augmenter les prix des carburants. D’autres décisions sont plus en accord avec la défense de l’intérêt général : l’arrêt des prélèvements sur les Réunionnais ; l’annonce des décisions du remboursement à la Région et aux communes des 2,5 millions d’euros prélevé au profit des grosses entreprises de transport ; prendre la décision d’une réforme structurelle ; et publier l’actionnariat de la SRPP et des marges réalisées. Compte tenu de ces éléments, le préfet ne peut pas augmenter les prix des carburants à La Réunion. Cela serait même contraire à l’esprit du discours tenu par le président de la République.

Hier, nous avons mis en avant un certain nombre d’éléments sur la formation des prix des carburants à La Réunion. À partir de ces données, il est inimaginable que le préfet puisse augmenter les prix des carburants. Rappelons que le préfet est le seul à prendre la décision sur la fixation des prix à La Réunion. Or, beaucoup se demandent pourquoi les décisions prises vont davantage dans le sens des intérêts des pétroliers plutôt dans celui du pouvoir d’achat de la population, un comble lorsque le chef de l’État que représente le préfet a annoncé qu’il est le président du pouvoir d’achat. Comment un fonctionnaire a-t-il pu prendre de telles décisions quant on constate les marges et les bénéfices réalisés par les compagnies pétrolières ? Car le rapport remis au Sénat souligne que c’est « le préfet qui fixe, dans chaque département et pour chaque catégorie de produit, le prix de vente maximum en gros et au détail. Il détermine l’ensemble des composantes du prix : la marge maximum de gros, la marge maximum de détail, le taux de passage dans les cuves, le coût de transport et les éventuels frais divers ».
Mais aujourd’hui, c’est le constat d’une véritable crise de confiance envers l’autorité administrative chargée de la fixation des prix des carburants. Cette situation découle de plusieurs facteurs.

Rembourser la population

Au mois de février, le préfet a demandé à la population de rembourser les pétroliers des "efforts" faits pour baisser en novembre (contribution des Réunionnais versé aux pétroliers : 1 centime par litre de gazole et 6 centimes par litre de sans plomb) alors que les différents rapports (Avis de l’autorité de la concurrence, de l’inspection des finances et rapports parlementaires) ont confirmé par la suite les énormes marges réalisés par les compagnies pétrolières.
Un peu plus d’un mois plus tard, les prix ont de nouveau baissé sous la pression des manifestations de la population, mais cette fois, plus personne n’a entendu parler du remboursement aux pétroliers.
Car aujourd’hui tout le monde sait que les pétroliers se gavent. L’Autorité de la concurrence souligne le bénéfice colossal réalisé par la SRPP à La Réunion. En effet, entre 2005 et 2008 un bénéfice net moyen après impôt de 12.5 millions d’euros a été réalisé par la SRPP. Si les grandes multinationales réalisent des profits faramineux, c’est sur le dos des consommateurs.

À partir de là, il faut supprimer l’idée de toute participation des Réunionnais au remboursement des pétroliers. Par contre, le contraire est plus qu’envisageable. On s’attend donc à ce que les pétroliers remboursent la population. En pleine crise de confiance va-t-on décider d’opérer dans l’opacité ?

Le moment de la décision

Aujourd’hui, s’il y a une décision à prendre c’est :
– L’annonce des décisions de remboursement à la Région et aux communes des 2.5 millions d’euros.
– Prendre la décision d’une réforme structurelle où l’importateur de carburant ne soit plus le distributeur. On doit séparer les deux branches.
Ainsi, on va renforcer le rôle des distributeurs et on sauvera l’emploi. On supprime les intérêts convergents des deux activités (importation et distribution). La population pourra signer un contrat avec les stations services de passer de 1.600 emplois à 2.000 emplois. De leur côté, les compagnies pétrolières doivent mettre sur la table les marges arrières. À ce sujet la plainte déposée par Air France qui a abouti à la condamnation des compagnies pétrolières à verser une amende de 44 millions d’euros (hors indemnisations) montre la capacité de manipulation des compagnies pétrolières afin d’obtenir des bénéfices occultes.
– Publier l’actionnariat de la SRPP et des marges réalisées.

Compte tenu de ces éléments, le préfet ne peut pas augmenter les prix des carburants à La Réunion. Cela serait même contraire à la politique impulsée par le président de la République dans son discours.

Sanjiv Dinama 


Les dérives d’un système

À plusieurs reprises, les Réunionnais et les élus Réunionnais ont été remis en cause. Gageons que ce genre d’attitude ne va pas se renouveler.
L’État et les collectivités ont en effet des convergences face au monopole des compagnies pétrolières.
Selon l’Autorité de la concurrence, dans les DOM, l’approvisionnement en carburants se fait au travers de mécanismes de monopole : monopole de l’achat, du fret, du raffinage et du stockage aux Antilles et en Guyane, ou seulement du fret et du stockage à La Réunion.
C’est pourquoi ces prix sont réglementés. Mais les pouvoirs publics fixent également des plafonds pour les prix de détail des carburants afin d’éviter que l’insuffisance de concurrence sur l’approvisionnement ne conduise à une dérive des prix à la pompe.
Or, l’Autorité a constaté que la réglementation des prix des carburants s’était éloignée de ces objectifs initiaux. La régulation des prix des monopoles d’approvisionnement est insuffisante : elle ne garantit plus l’absence de rente et le dispositif d’encadrement des marges de distribution et des prix de détail a été transformé en un système de prix unique aisément manipulable.

S.D.

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