Consolider 43.000 hectares de terres agricoles, porter cette superficie à 50.000 hectares dont 30.000 en cannes à sucre, c’est la proposition de fond que défendra la Chambre d’agriculture lors des États généraux de l’Outre-mer annoncés par Nicolas Sarkozy. Elle a été présentée dimanche au siège de la Chambre verte, lors d’une conférence de presse à laquelle ont participé plusieurs dizaines d’agriculteurs.
Jean-Yves Minatchy souligne l’importance de se placer dans une perspective à long terme. « Quand La Réunion aura un million d’habitants, il faudra nourrir 9 milliards de personnes sur la Terre », indique le président de la Chambre d’agriculture. Jean-Yves Minatchy explique d’ailleurs que pour les fruits et légumes, il est possible que La Réunion puisse atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Mieux partager les richesses de la canne

Concernant la LODEOM, « le gouvernement doit comprendre qu’il faut accélérer l’augmentation de la prime bagasse ». Dans ce but, la Chambre d’agriculture a écrit au président de la République, lui demandant son soutien « pour légiférer en faveur d’une revalorisation de l’électricité produite à partir de la bagasse ». Rappelons que si la bagasse est classée comme biomasse et non plus comme déchet, ce qui est logique car 500.000 tonnes de bagasse évitent l’émission de 300.000 tonnes de CO2 d’origine fossile, alors la Chambre d’agriculture revendique que tous les bénéfices tirés de la bagasse soient attribués aux planteurs, ce qui signifie dans un premier temps une prime bagasse de 15 euros par tonne de cannes livrées dès cette année.
Jean-Yves Minatchy veut aussi prendre au mot le président de la République et le gouvernement lorsqu’ils annoncent leur volonté de réduire le pouvoir de nuisance des monopoles dans l’économie de l’Outre-mer.

« Nous pouvons produire en grande quantité »

À La Réunion, le monopole sur l’importation de l’engrais contribue à l’inflation des coûts de production, indique Jean-Yves Minatchy, ce qui pénalise l’agriculteur réunionnais par rapport à ses concurrents. « À Maurice, en Afrique, le prix de l’engrais diminue, mais pas à La Réunion », constate le président de la Chambre d’agriculture. En quelques mois, le prix avait doublé à cause de la hausse du prix du baril de pétrole, mais depuis la baisse de ce dernier, les prix ne bougent pas. « Alors que les prix des trois matières premières utilisées ont baissé de 40%, le prix de l’engrais le plus utilisé par les agriculteurs réunionnais reste à 900 euros la tonne », précise Jean-Yves Minatchy. Le président de la Chambre d’agriculture dénonce aussi des bénéfices égaux à 100% pour la vente des herbicides.
Jean-Yves Minatchy appelle donc à la mobilisation contre ces monopoles. Une baisse des prix des intrants à un juste niveau permettra aux agriculteurs réunionnais d’être compétitifs à La Réunion par rapport aux produits importés, ajoute le président de la Chambre d’agriculture. Cela permettra aussi de baisser les prix, et d’augmenter le pouvoir d’achat des agriculteurs, et de la population qui « se rebelle », conclut Jean-Yves Minatchy.
Ceci a une importance décisive dans une nouvelle bataille qui commence, celle de l’autosuffisance alimentaire. « Nous pouvons produire en grande quantité, nous avons des jeunes formés pour le faire », précise le président de la Chambre d’agriculture.

Manuel Marchal

La relève assurée

Le point presse de dimanche dernier était l’occasion de revenir sur le bilan positif du dernier Salon international de l’Agriculture. Aux côtés d’une délégation de 40 personnes, ce sont 13 élèves du lycée agricole de Saint-Paul qui montrent que la relève est assurée, indique Jean-Yves Minatchy.
Dans un Salon qui a accueilli 670.000 visiteurs, le stand de La Réunion a été bien fréquenté. Le miel de letchi a d’ailleurs été primé, preuve de la qualité du travail des agriculteurs réunionnais.

Augmenter les bas revenus

Dans le cadre des États généraux, la Chambre d’agriculture va aussi demander l’application de mesures d’urgence. C’est le cas de l’extension du RSA à tous les agriculteurs en difficulté, afin que leurs revenus puissent atteindre le SMIC. C’est aussi la revendication d’une augmentation des retraites les plus basses, de 660 à 813 euros, afin que les anciens travailleurs puissent vivre au moins au niveau du seuil de pauvreté. La Chambre d’agriculture demande aussi une prime annuelle de 300 euros pour les retraités.