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Une tribune libre de Jean-Pierre Avril
16 août 2004
Agriculteur à Saint-Pierre, président de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’Équipement de La Réunion), Jean-Pierre Avril est aussi membre du Conseil économique et social de La Réunion (CESR). En tant que président de la commission “Affaires agricoles” du CESR, il a participé à l’élaboration du récent rapport de l’organisme consultatif régional sur l’agriculture, présenté le 13 juillet dernier par “Témoignages”.
Jean-Pierre Avril expose ici les propositions contenues dans ce rapport « pour un projet agricole réunionnais ambitieux, compris et partagé, porteur d’un projet de développement durable pour l’île ». Ce texte constitue notamment une contribution au débat autour de la menace mortelle qui pèse sur notre filière canne. Les inter-titres sont de “Témoignages”.
"Quelle agriculture pour La Réunion ?" Et... "faut-il une agriculture à La Réunion ?"
C’est par ce double questionnement que le CESR - par le biais de sa commission des affaires agricoles - a entrepris la réflexion qui a conduit en fin de l’année 2003 à un rapport adopté à l’unanimité en séance plénière.
Pourquoi ce questionnement et surtout, pourquoi cette deuxième question à l’allure un peu provocatrice ? Elle mérite, pour le moins, d’être posée et l’agriculteur qui ne se la poserait pas et ne la poserait pas risquerait fort de s’exposer à bien des déconvenues.
D’abord, parce qu’il n’est question aujourd’hui que de mondialisation, d’économies d’échelle, de productivité, de critères financiers, etc. Ensuite, parce que si l’on entend le discours ambiant, demain, c’est forcément la catastrophe, tant nous cumulerions les handicaps. Même la canne...
Si l’on ajoute à cela une pratique qui consiste, bien souvent, à faire le contraire de ce que l’on dit, par exemple parler à longueur de temps de la protection des terres agricoles et dans le concret les dilapider, la cause est entendue ; l’agriculteur ne serait plus un producteur de richesse mais une sorte de jardinier chargé de l’entretien des sols pour certains et du paysage pour les autres. Somme toute, un “emploi vert” et un “emploi aidé” de plus.
Au CESR, nous avons répondu non ! Ce n’est pas là la bonne voie. Le coût financier, social, humain et même sociétal serait sans commune mesure avec les éventuelles économies du moment, sans compter la durabilité qui en résulterait.
Il est difficile d’envisager une Réunion sans cette agriculture de laquelle elle tire toute sa substance même : La Réunion ne serait plus La Réunion, quel que soit l’angle de notre regard sur elle. Et il en va de même pour le Réunionnais, qui ne serait plus lui-même, coupé qu’il serait de ses racines !.... Ensuite, parce qu’il y a des potentialités incontestables :
- Un capital humain intact et renouvelé ; avec quelque 9.000 exploitants sur les 45.000 hectares de terres agricoles exploitées, La Réunion a su allier traditions et modernité. Plus jeunes et mieux formés, nos agriculteurs se sont approprié les techniques nouvelles sans écarter les “recettes” des anciens, de même que les outils de production. Beaucoup reste à faire, mais un grand pas a été accompli par rapport à une trentaine et même une dizaine d’années.
- Un capital de savoir-faire important : que cela soit dans le domaine agricole, dans le domaine industriel ou encore dans celui des services, cette réalité est démontrée chaque jour. Et dans certains domaines, de l’adaptation aux techniques, nous progressons à grands pas vers de véritables pôles d’excellence.
Il est à noter ici que, loin de rebuter, le métier de l’agriculture est attractif. Par exemple, les candidats au métier sont plus nombreux que les places vacantes possibles. Et il ne s’agit pas de candidatures par défaut puisque ces candidats ont fait un choix réfléchi de longue date et qu’ils disposent de qualifications et de compétences attestées. C’est là un atout indéniable.
- Enfin, le marché existe. Tant à l’exportation qu’à la consommation. À l’exportation, nous disposons depuis une trentaine d’années d’un quota A européen de sucre de l’ordre de 300.000 tonnes. Ce ne sont pas les imprécations en prédisant tous les malheurs du monde à la canne qui pourraient faire avancer les choses. Bien au contraire, il faut se donner tous les moyens possibles existant et en inventer de nouveaux pour nous permettre d’atteindre cet objectif.
Sur ce plan, il faut savoir par exemple que l’antenne 4 nouvellement ouverte produit davantage de cannes qu’il en était récoltée à l’époque dans toute l’aire de production de Vue Belle. Il en est de même avec la zone irriguée de la Pointe au Sel par rapport à la production de l’aire de Stella. Alors, plutôt que de polémiquer sur le basculement ou considérer les choses par le petit bout, il faut, à notre sens, accélérer les choses pour mettre au plus vite l’eau à la disposition des agriculteurs.
Mais l’exportation aujourd’hui ne doit pas se limiter à la canne.
En termes d’import pour la consommation, La Réunion dépasse chaque année les 450 millions d’euros de produits alimentaires. Certes, il ne saurait être question de vouloir produire la totalité de ce que nous importons, mais il y a là des créneaux qui sont bons à prendre. Et ce d’autant plus que cette consommation, que l’on veuille ou pas, va aller en augmentant.
Ce sont là autant d’atouts qu’il faut mettre en avant et qui ont conduit la commission agricole d’abord puis le CESR à aborder la deuxième partie du questionnement : "quelle agriculture pour La Réunion ?".
Un premier constat s’est imposé : l’agriculture de “papa” tire aujourd’hui sur sa fin. On le voit bien partout et dans tous les domaines. Pour prendre un exemple, vouloir - si ce choix est fait - développer la production de letchis et en faire une production d’exportation essentiellement sur la base des pieds de letchis la cour (représentant aujourd’hui plus de la moitié de la production), c’est aller à l’impasse. Vouloir, sous le prétexte de préserver la tradition, revenir aux charrettes-bœuf, c’est pareil.
À partir de là, deux principes, liés entre eux, sont apparus.
o En premier lieu, rompre avec ce que nous avons appelé “une logique de subvention” pour passer à “une logique de projet et de création de valeur ajoutée” ;
o en second lieu, partir de ce que l’on sait faire pour faire mieux encore et plus.
Soyons clair : il ne s’agit pas de supprimer les aides et subventions sans lesquelles les agricultures - celle de La Réunion comme celles de tous les pays, y compris les plus riches - ne sauraient exister, on le voit bien avec ce qui se passe au niveau européen avec le sucre par exemple. Il s’agit tout au contraire d’apporter toutes les aides qu’il faut mais en les liant à la production : les aides doivent aider à produire mieux et davantage afin de créer de la valeur ajoutée et cela au bénéfice des agriculteurs. Dans le cas contraire on tomberait dans un système d’assistance, ce que les agriculteurs ne veulent pas et qui d’ailleurs va profiter aux plus forts au détriment des plus petits.
C’est ce changement qu’il faut opérer. Et cela ne saurait être au détriment des personnes et du social. Et il doit valoriser le territoire.
Partant de cette idée, il ne s’agit pas d’aller faire n’importe quoi, de vouloir faire ce que l’on ne sait pas faire sous prétexte de modernité, mais bien de partir de ce que nous savons faire pour le faire mieux et faire davantage.
Très concrètement, deux exemples : la canne d’abord et l’ananas ensuite.
Pour ce qui concerne la canne, nous disposons encore et pour un certain temps d’un quota garanti que nous ne produisons pas et que nous sommes en mesure de produire depuis plus de trente ans. Nous considérons aujourd’hui qu’il faut cesser les chamailleries, les querelles de chapelles, les arrière-pensées pour passer à l’acte et tout mobiliser, concentrer toutes les aides existantes pour atteindre cet objectif de production.
Certes, la canne, qui a déjà presque deux siècles de vie à La Réunion, n’en a probablement plus autant devant elle. Il n’en reste pas moins que dans ce domaine, on a une certaine lisibilité. Alors il faut en profiter d’une part pour nous permettre de réfléchir, de trouver et de mettre en place non pas forcément des cultures de remplacement, mais tout simplement des innovations ; et d’autre part, cela ne pourra que contribuer à une certaine restructuration de notre société réunionnaise, à un ressaisissement, dont elle a tellement besoin aujourd’hui.
Deuxième exemple, l’ananas. Nous avons là un produit de première qualité - que les autres sont en train de s’approprier soit dit en passant -, les terres existent sans pour autant toucher à celles consacrées à la canne, les personnes sont là avec un savoir-faire reconnu, le marché existe au plan européen ; alors, nous avons le choix : ou nous continuons nos chamailleries en attentant de l’extérieur une solution qui ne viendra jamais, ou bien nous passons à l’acte, sachant que la recette de mille hectares d’ananas approche celle du sucre !
C’est là, très concrètement partir de ce qu’on sait faire, le faire mieux et en faire plus au bénéfice de l’ensemble. Mais cela ne se limite pas à ces deux productions ni à ce seul domaine de l’export.
C’est la raison pour laquelle nous pensons, au CESR, qu’il faut aujourd’hui pour La Réunion un vrai projet agricole réunionnais, global et ambitieux. Un projet qui mobilise certes les agriculteurs eux-mêmes mais également l’ensemble de la population, les élus, les institutions pour tirer tous dans le même sens. Que nous puissions retrouver cette fierté de produire, de bien produire, afin de gagner sa vie honorablement et d’apporter des bénéfices à l’ensemble de la profession et à la Réunion elle même.
Mais un plan ne saurait à lui seul suffire, il y en a eu tellement par le passé ; encore faudrait-il un pilote dans l’avion et des pilotes là où il faut pour impulser, pousser, veiller et informer de l’avancement des choses sans avoir à se réfugier derrière on ne sait quelle “autorité” mais responsable devant l’ensemble.
Voilà ce que propose le CESR.
Jean-Pierre Avril
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