Avec 15% de hausse du fret

Quel développement pour La Réunion ?

27 janvier 2005

Comment assurer le développement d’une île lorsque celle-ci, pour l’essentiel de ses besoins, est dépendante de l’extérieur et lorsqu’elle ne peut maîtriser tous les facteurs de son désenclavement ? C’est la question principale posée de manière incidente par le communiqué diffusé avant-hier par le PCR, après l’annonce d’une hausse de 15% du coût du fret maritime.

(Page 3)

Dans son communiqué, le parti d’Élie Hoarau estime que cette mesure que "l’on pouvait prévoir" "pèsera sur le développement de La Réunion". "Pour l’essentiel de ses besoins, La Réunion est dépendante de l’extérieur", rappelle le PCR.
Dans son édition datée de mardi, le “JIR” présente, à partir d’éléments fournis par les Douanes, un bilan de nos importations pour les 11 premiers mois de l’année. Nous reproduisons ici en encadré, les éléments cités par notre confrère.
Ces informations ne permettent d’établir l’état réel de dépendance de La Réunion. Il aurait fallu pour cela disposer d’un état de la production réunionnaise et faire des comparaisons, pour savoir dans quels secteurs se marque la dépendance et à quel niveau.
Mais, au vu de l’expérience, nous savons que s’il y a des secteurs où la production locale est auto-suffisante, s’il y en a d’autres où elle est déficiente, pour certains, elle est largement dépendante. C’est le cas pour ses besoins en voitures et autres moyens de transports et, d’une manière plus générale pour la quasi-totalité des biens de consommation.
La Réunion est dépendante pour ses besoins en produits énergétiques pour la consommation automobile ou pour la consommation domestique. Elle est dépendante pour les intrants, c’est-à-dire les matières premières nécessaires pour son industrie, voire même pour son agriculture.
Les importations de biens de consommation ont augmenté de 6,7% en moyenne au cours de ces 10 dernières années. Compte-tenu de la progression démographique, d’une part, de l’évolution de la consommation de plus en plus grande des ménages, d’autre part, il est logique de penser que la progression constatée va continuer. Les besoins crées par la progression démographique - notamment en termes de construction de logements et d’équipements - vont encore peser sur les besoins en intrants.

Contrecoups sur les exportations

La hausse annoncée pour le 1er février va donc jouer sur des importations qui devront progresser.
Et, aussi faibles soient-elles, nos exportations subiront les contrecoups de la hausse. Dans son communiqué, le PCR met plus particulièrement l’accent sur le coût du transport du sucre raffiné en Europe qui sera nécessairement réévalué. En 2003, sur un total de 287.313 tonnes, le sucre a représenté près de 72% de nos exportations.
Or, le projet de réforme de l’OCM-Sucre pose le problème du financement du transport de ce sucre vers les raffineries européennes. Une première lecture du texte de Bruxelles laissait entendre que l’aide au raffinage était maintenue. Une seconde interprétation débouche au contraire sur l’idée que cette subvention sera supprimée. Mais, dans un cas comme dans l’autre, il faudra intégrer la hausse du coût du fret et, dans l’éventualité où l’aide serait supprimée, la question du transport du sucre deviendrait plus que problématique.
Ce sont aussi certaines perspectives qui pourront être remises en cause. Dans les projets de co-développement que La Réunion a notamment avec la Chine, il est beaucoup question de fabriquer dans l’île des productions qui devront ensuite être acheminées en Europe pour y être vendues. Le renchérissement du fret peut remettre en cause toute cette stratégie.

J. M.


L’état de nos importations

Voitures :
335 millions d’euros
Produits pétroliers  :
239 millions d’euros
Produits alimentaires :
193 millions d’euros
Médicaments :
193 millions d’euros
Vêtements :
120 millions d’euros
Viandes :
92 millions d’euros
Métaux et matières premières :
77 millions d’euros
Matériel informatique :
76 millions d’euros
Matériaux de construction :
71 millions d’euros
Meubles :
70 millions d’euros
Produits plastiques :
68 millions d’euros
Produits de la culture et de l’élevage :
63 millions d’euros
Boissons :
62 millions d’euros
Produits laitiers et glaces :
62 millions d’euros
Savons et parfums :
61 millions d’euros
Livres, imprimés... :
54 millions d’euros
Cycles, motos, scooters :
18 millions d’euros
Verres et articles en verre :
14 millions d’euros
Machines agricoles :
11 millions d’euros
Composants électroniques  :
7 millions d’euros
Tabac :
6 millions d’euros
Armes et munitions :
467.000 euros

Bilan établi par le “JIR” pour les 11 premiers mois de l’année 2004 suivant des informations fournies par les Douanes.


Radio-Réunion se distingue

La revue de presse de Radio-Réunion d’hier matin a bien signalé l’article que notre journal a consacré au communiqué de presse du PCR. Ce rendu a été, de notre point de vue, peu satisfaisant. Mais, ce n’est là qu’un aspect secondaire. L’essentiel est en effet qu’à aucun moment la radio de service public, pourtant destinataire du communiqué du PCR, n’en a fait état. Pire, ce problème de la hausse du fret est un sujet d’actualité. En octobre dernier, le PCR l’évoquait lors d’une conférence de presse. Il y a une semaine, le “Quotidien” apportait de nouvelles précisions en informant notamment sur la hausse décidée. Sur un sujet qui aura une certaine importance - et l’avenir nous le dira -, Radio-Réunion est resté totalement muet. Si l’esprit de censure anti-PCR explique le refus de faire état du communiqué de mardi, comment comprendre l’absence d’information sur le sujet en question ?


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus