Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement

Rassemblement autour d’un mot d’ordre : ’Mondialisation solidaire’

28 avril 2008

La douzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement consacre le principe d’une “mondialisation solidaire” au moment où le monde assiste à l’émergence d’un “nouveau Sud”, moteur de l’économie mondiale.

La douzième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XII) a achevé samedi ses travaux par l’adoption de la Déclaration et de l’Accord d’Accra qui consacrent le principe d’une “mondialisation solidaire” en particulier à l’égard de l’Afrique subsaharienne où l’écart par rapport aux prévisions relatives à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) est le plus marqué.
Elle s’est ouverte, le 20 avril dernier, au cours d’une cérémonie à laquelle ont participé le Président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, en sa qualité d’hôte de la CNUCED XI, et son homologue ghanéen, John Kufuor, ainsi que le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Après cette cérémonie, les chefs d’État et de gouvernement, les ministres, les représentants des organisations internationales, du monde universitaire, du secteur privé et des ONG ont participé à neuf tables rondes ministérielles s’articulant autour des quatre thèmes qu’étaient le renforcement de la cohérence ; la nouvelle géographique de l’économie mondiale ; le renforcement des capacités productives, et l’efficacité institutionnelle de la CNUCED. D’autres lieux de discussions ont été mis en place comme le Forum mondial de l’investissement, celui de la société civile, le débat général, et la Réunion de haut niveau sur la prospérité de l’Afrique.

"New Deal pour l’Afrique"

Regroupé sous le thème général des “Perspectives et enjeux de la mondialisation pour le développement”, ces travaux ont abouti au lancement d’un “New Deal pour l’Afrique”, qualifié de “continent de l’espoir” par le Secrétaire général de la CNUCED. Pour étayer ses propos, Supachai Panitchpakdi a invoqué les progrès remarquables que la région a enregistrés, ces cinq dernières années, en matière de croissance et de démocratisation.
La “mondialisation solidaire” sera d’autant plus réalisable que le monde assiste aujourd’hui à l’émergence d’un “nouveau Sud” marquant la naissance d’une nouvelle phase de la mondialisation dans laquelle les pays en développement deviennent, à leur tour, un moteur de l’économie mondiale.
Cette “deuxième génération” de la mondialisation, comme l’a désigné le Secrétaire général de la CNUCED, devrait être mise à profit pour corriger les erreurs du passé et renforcer les effets positifs. Un degré élevé de cohérence doit être injecté entre les politiques commerciales, financières et de développement humain.

Intégration régionale essentielle

Supachai Panitchpakdi a en effet relevé qu’outre la “solidarité”, la CNUCED XII a, après la longue domination de la loi du marché, rétabli l’État dans ses droits de “stratégiste du développement”.
Le Secrétaire général de la CNUCED s’est aussi attardé sur le rôle, reconnu par tous, des investissements étrangers directs (IED), dans le financement du développement. Les États membres de la CNUCED, le secteur privé et les spécialistes de l’économie, a-t-il insisté, ont convenu de la nécessité d’une plate-forme concertée « pour ceux qui croient en l’Afrique ». Le Secrétaire général a aussi noté le lien établi entre expansion commerciale et intégration régionale.
Compte tenu de la situation actuellement difficile que traversent les marchés de produits de base, les États membres ont demandé au Secrétaire général de la CNUCED de transformer l’actuel Service des produits de base en une unité autonome lui faisant directement rapport.


Déclaration d’Accra

Dans la Déclaration d’Accra, les États membres constatent que des problèmes tels que le renchérissement des denrées alimentaires et de l’énergie, les aléas de l’économie au niveau international, aggravés par les changements climatiques, pourraient freiner la croissance mondiale et particulièrement celle des pays en développement, compromettre les gains procurés par les efforts de réduction de la pauvreté, et constituer une menace directe tant pour les groupes défavorisés que pour le tissu social et politique de nombreux pays.
« Nous sommes résolus à trouver des solutions intégrées à ces problèmes », déclarent-ils, et conformément aux appels à « une révolution verte en Afrique », ils s’engagent à accompagner les efforts nationaux de mesures collectives pour parvenir à une véritable réforme et à une libéralisation du commerce des produits agricoles ainsi qu’à une amélioration des apports d’aide publique au développement (APD) à ce secteur. Ils se félicitent d’ailleurs de la décision du Secrétaire général de l’ONU de créer une équipe spéciale pour examiner la question de la sécurité alimentaire.
Constatant que la hausse des prix des produits alimentaires et des coûts des facteurs de production agricole correspond à l’émergence d’une nouvelle économie mondiale des produits de base, les États membres estiment qu’une telle évolution offre une possibilité inédite de promouvoir la croissance économique et le développement durable, en améliorant la productivité des secteurs des produits de base des pays en développement. Ils s’engagent à renforcer ces secteurs par un accroissement substantiel de l’investissement tant public que privé, une plus grande valeur ajoutée, et une diversification.
Les résultats de cette Conférence, disent-ils, contribueront grandement à un accès équitable et non exclusif aux avantages offerts par la mondialisation, qu’il s’agisse du commerce, du financement, de l’investissement, de la technologie ou de l’innovation, ainsi qu’à un plein-emploi productif. Ils étaieront les grandes réunions à venir sur le développement, notamment le Forum pour la coopération en matière de développement du Conseil économique et social, le Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, le débat de haut niveau sur les OMD, et la Conférence de suivi sur le financement du développement.
Ces résultats sont étayés dans l’Accord d’Accra, qui est un texte exhaustif de 66 pages décliné en quatre chapitres comprenant une analyse de la situation, les mesures à prendre, et la contribution que peut apporter la CNUCED.


Accord d’Accra

« Il n’existe pas un modèle unique pour une meilleure gouvernance »

Ce texte souligne la nécessité pour les pays en développement d’ancrer leurs efforts dans un partenariat mondial pour le développement et dans un vigoureux système des Nations Unies qui réponde aux besoins et aux priorités de tous les pays. Il souligne qu’il n’existe pas un modèle unique pour une meilleure gouvernance et de meilleures institutions pour le soutien de la croissance. Les politiques et pratiques en la matière, dit le texte, doivent reposer sur une analyse détaillée et rigoureuse des contraintes à la croissance et au développement induits par le secteur privé.
Au niveau national, le texte souligne la nécessité d’une cohérence entre les politiques macroéconomiques et microéconomiques. Au niveau international, il édicte des mesures pour la réforme de l’architecture financière internationale et le renforcement de la coopération régionale entre pays en développement, dans les secteurs monétaire, financier et commercial. Tous les pays, dit le texte, peuvent contribuer à la stabilité financière internationale, en adoptant des régimes réglementaires transparents, prévisibles et efficaces.
Le texte souligne aussi que la viabilité de l’endettement est déterminante pour la croissance et, combinée à une gestion efficace de la dette, elle participe aux efforts pour atteindre les objectifs de développement. Il énumère des mesures pour une meilleure mise en œuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale.

MondialisationEmeutes de la faim

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