Retour sur la “Journée Chine”

Raymond Lauret fait le point sur le partenariat sino-réunionnais

22 décembre 2005

Vendredi dernier, lors de la “Journée Chine” organisée à la Région Réunion en partenariat avec la SR 21 et la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion, Raymond Lauret est intervenu en tant que président de la commission Développement économique du Conseil régional. Il a présenté les conventions et initiatives déjà conduites par la collectivité avec la Chine depuis 2003. On lira ci-après de larges extraits de ce premier bilan des avancées dans les relations sino-réunionnaises, qui ont fait l’objet d’échanges très riches tout au long de cette journée. Les intertitres sont de “Témoignages”.

S’agissant de l’ouverture des horizons à la Chine que la Région Réunion a inscrite dans les priorités de la mandature, la Collectivité a tout d’abord souhaité fixer un cap : celui de développer des relations durables et privilégiées avec la Chine, en particulier dans les domaines d’intervention prioritaires que sont le développement économique, l’éducation/formation, la culture/sport, la recherche et l’innovation.
La Région a également défini des objectifs stratégiques :

- Renforcer les liens culturels qui unissent La Réunion et la Chine ;

- Créer les conditions favorables à un renforcement des relations économiques entre la Région et la Chine en misant notamment sur le statut de Région ultrapériphérique européenne de La Réunion ;

- Développer les relations scientifiques et techniques ;

- Encourager la mobilité des jeunes Réunionnais ;

- Favoriser l’enseignement de la langue chinoise à La Réunion.

Un cadre de coopération sino-réunionnaise

Pour atteindre ce cap et objectifs stratégiques, la Collectivité a défini un cadre de coopération sino-réunionnaise via la signature de conventions avec la Municipalité de Tianjin.
En effet, cette coopération a été officialisée par 3 protocoles d’accord signés en janvier 2003 à l’occasion de la visite d’une délégation de Tianjin et en présence de M. Wu Jianmin, alors ambassadeur de Chine en France, puis de M. Li Lanquing, Vice-Premier ministre chinois. En réponse, le président de la Région s’est déplacé à Tianjin en novembre 2003 et a signé à cette occasion avec M. Dai Xianglong, maire de Tianjin, une convention-cadre relative à l’établissement de relations d’échanges et de co-développement entre la Municipalité de Tianjin et la Région Réunion dans divers domaines (recherche et développement, aménagement et développement urbain, culture et sport, éducation et formation) et en particulier dans le domaine économique et commercial.

Des résultats encourageants

Plusieurs projets ont été identifiés dans le cadre de cette coopération, et ont obtenu des résultats encourageants.

- Au niveau représentatif, le président de la Région a inauguré, à Saint-Denis en mars, le bureau de représentation du Centre d’échanges international de la Municipalité de Tianjin.

- En mars de la même année, auront été signées 2 conventions : la première dans le domaine de la formation professionnelle, la seconde dans le domaine industriel.
M. Renaud Azema, directeur du CENTHOR, nous parlera de la convention signée entre la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR) et le Centre d’échanges international de Tianjin, en présence du président de la Région, et qui aura permis à 11 jeunes Réunionnais formés au CENTHOR, d’effectuer un stage pratique à l’École Goubuli de Tianjin, l’une des écoles de cuisine les plus réputées en Chine.

- En juillet, était accueillie à La Réunion une délégation d’opérateurs pharmaceutiques de Tianjin. La visite de l’ambassadeur de Chine à Paris, M. Zhao Jinjun, au cours du même mois, soit 18 mois après celle de son prédécesseur, aura conforté le rôle que souhaite jouer La Réunion dans son environnement régional et le pari qu’elle a lancé avec la Chine.

- Toujours en juillet, la SR 21, chargée de l’assistance technique en matière de coopération avec la Chine, organisait une mission de prospection d’entreprises réunionnaises du BTP en Chine.

- Sur le plan culturel, l’année 2004 aura permis d’accueillir le Ballet National de Pékin (juillet) et de célébrer les Fêtes de Guandi (août).

- Il convient de souligner la mise à l’honneur de la Chine à travers ses atouts économiques et culturels lors de la 5ème édition de la Foire Internationale des Mascareignes (novembre). À cette occasion, La Réunion aura accueilli une délégation de plus de 90 personnes comprenant artistes, artisans, industriels et responsables administratifs de la Municipalité de Tianjin.

Le bilan de cette année

En 2005, notre Collectivité a saisi les diverses opportunités offertes pour promouvoir les nombreux atouts de La Réunion, dans le cadre d’un renforcement de la coopération déjà engagée avec cette grande puissance.

- En mars 2005, l’organisation du 13ème Prix Mobius des Multimédias, manifestation dédiée à la valorisation des multimédias de qualité a été marquée par la présence dans l’île de 31 chefs d’entreprises chinois.

- Un mois plus tard, la visite d’une délégation de représentants institutionnels et d’opérateurs économiques de la Municipalité de Tianjin aura permis la signature de plusieurs accords dans le domaine de la coopération économique et culturelle, dans le domaine touristique, dans le domaine de l’énergie photovoltaïque et dans le domaine de la formation professionnelle.

- Dans le domaine de l’éducation, les voyages organisés en Chine dans le cadre d’appariements entre lycée réunionnais et établissement chinois auront permis à des lycéens tels que ceux du Lycée Leconte de Lisle en début d’année de vivre une expérience unique en termes d’enrichissement culturel et linguistique.

- Les Premières Rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise qui se sont tenues à Wuhan les 27 et 28 octobre derniers, et auxquelles a participé une délégation de la Région Réunion conduite par M. Pierre Vergès, ont montré la plus-value que la coopération entre les pouvoirs locaux français et chinois peut apporter pour relever les défis économiques, écologiques et sociaux identifiés dans les 2 pays.

Transports et environnement

Conformément aux objectifs, les membres de la délégation ont participé à 2 groupes de travail spécialisés dans les domaines des transports et de l’environnement. S’agissant des transports, la délégation a ainsi exposé les enjeux des déplacements à La Réunion, a présenté le projet tram-train en soulignant les défis techniques, technologiques et économiques qu’appelle ce projet et a invité les participants à partager la réflexion sur ces défis.
S’agissant de l’environnement, la délégation réunionnaise a mis l’accent sur la politique du Conseil régional en matière énergétique et son objectif d’autosuffisance à l’horizon 2020, en soulignant les défis posés par cette ambition.
À l’issue de ses exposés, la délégation a proposé à l’assistance française et chinoise de prolonger les Rencontres de Wuhan par la tenue à La Réunion d’une Conférence dédiée à ces 2 thèmes, en particulier.

Visites à Jing de Zhen, Tianjin et Pékin

Afin de permettre l’avancement des différents projets de coopération en cours, la délégation s’est également rendue à Jing de Zhen, Tianjin et Pékin.
À Jing de Zhen, le déplacement de la délégation aura notamment été marquée par la visite inaugurale de l’École “Espoir - Ile de La Réunion”, dont parlera M. François Fock Yee, président de l’Association Solidarité Chine Réunion qui a, avec le soutien financier de la Collectivité (200.000 francs) permis la construction de cette école.
Il est à noter que le passage de la délégation a été marqué solennellement par la plantation d’un arbre symbolique, “l’Arbre de l’Amitié”, ce geste marquant le passage d’un acte de solidarité à la concrétisation d’un projet d’amitié.
Le séjour de la délégation lui aura également permis de visiter les infrastructures dédiées à l’apprentissage des techniques de céramique. M. Karim Sellah, qui a bénéficié de l’encadrement des grands maîtres de la porcelaine de JingdeZhen, parlera de son expérience réussie en Chine.
La visite de la délégation en Chine aura été l’occasion de prendre des attaches solides pour la poursuite d’une coopération sino-réunionnaise active. Elle aura aussi permis de mesurer les fortes attentes des autorités chinoises - au-delà de celles existant avec Tianjin - qui souhaitent développer avec La Réunion des relations privilégiées et durables prenant appui sur la valorisation des liens historiques et culturels tissés depuis le début du peuplement de notre île, d’une part, et sur le nouveau dynamisme occasionné par la politique d’ouverture menée par chaque partie, d’autre part.

Faciliter la circulation des personnes

La volonté exprimée à plusieurs reprises, aussi bien par la partie française que par la partie chinoise, de renforcer la coopération décentralisée franco-chinoise, est de nature à favoriser en particulier la coopération sino-réunionnaise initiée par la Collectivité. L’un des éléments essentiels à l’instauration de relations durables étant la circulation des personnes, le partenariat sino-réunionnais sera naturellement renforcé par l’obtention du statut de destination autorisée.
Il convient à ce titre de souligner les démarches entreprises depuis septembre 2004 par le président de la Région : les négociations ont été depuis engagées auprès des autorités chinoises pour inscrire La Réunion sur la liste DTA.

Réussites et attentes

En conclusion, et au vu de ce bilan, il apparaît que la politique de coopération menée par la Région avec la Chine, et en particulier avec la Municipalité de Tianjin, a été une réussite dans les domaines de la culture, de la formation professionnelle, de l’éducation et dans le domaine institutionnel.
Dans le domaine industriel, malgré la forte volonté de nos opérateurs économiques et l’appui qui a pu leur être apporté par la Région et la SR21, les projets identifiés (tels que l’implantation d’une usine de fabrication de téléviseurs à La Réunion) sont toujours en cours de concrétisation.
Les raisons en sont notamment les suivantes :

- contrairement au mouvement traditionnel, l’objectif prioritaire n’est pas d’accompagner et de favoriser l’action d’opérateurs réunionnais en Chine, mais plus d’accueillir la venue d’opérateurs chinois à La Réunion. Cet objectif clairement orienté en faveur du développement économique est original en ce sens.

- l’orientation prioritaire en faveur du développement économique dépend du rythme et des contraintes des opérateurs économiques. Elle peut susciter les projets, créer les conditions pour les favoriser et les accompagner mais elle ne peut pas “faire” elle-même.

- la réalisation de ces projets se heurte à des contraintes réglementaires fortes et complexes qui nécessite un examen attentif (délais d’analyse).

- enfin, il est à noter que la Région n’a officialisé ses relations avec la Chine que depuis 3 ans, délai relativement court pour voir se réaliser des projets industriels d’une telle importance.

Des projets économiques variés

La nature des projets de nature économique entre La Réunion et la Chine est variée. En effet, les potentialités du marché chinois, l’évolution actuelle des besoins de l’économie chinoise aussi bien en interne qu’en externe permettent aux opérateurs réunionnais d’envisager, en fonction de leur activité, de leur capacité, et de leur stratégie, des relations allant du simple "sourcing" (importation de produits finis ou semi-finis), à l’export, ou de s’inscrire dans une démarche de joint-venture ou d’implantation locale sur un marché en expansion constante et devenu fortement consommateur.
Plusieurs projets ont été soutenus, notamment dans le cadre de participation à des Salons et Foires en Chine, au cours du Forum PMEPMI de Canton en octobre dernier, ou bien par l’intermédiaire de missions sectorielles.
C’est le cas dans le domaine des plantes pharmaceutiques, de la peinture, des placo-plâtres, du textile, de spiritueux. La nature inaboutie de plusieurs projets actuels ne permettent pas à ce jour d’apporter des informations complémentaires.

Élargir le cadre

La mise en œuvre du comité de pilotage, et notamment le partenariat avec la CCIR, permettra d’accroître, d’amont en aval, la portée de ces initiatives, dont le succès dépend à la fois d’une préparation accrue des entreprises réunionnaises, en termes d’information, de mise en réseau, qu’à l’identification de relais viables sur place, et le suivi de projet en aval, la relation économique avec des opérateurs chinois devant s’inscrire dans le long-terme.
Enfin, il apparaît nécessaire d’intégrer les opérateurs économiques réunionnais et chinois dans un cadre plus large, permis aujourd’hui par l’Union européenne : en effet, l’ouverture de plusieurs programmes communautaires (programmes cadres ou programmes extérieurs) permettent aujourd’hui, dans le cadre de projets d’ampleur importante en montants et durée, de mettre en œuvre des partenariats économiques entre opérateurs européens et chinois (recherche, développement, investissement, ...).
D’autre part, la Chine devient également un pays dont les besoins en expertise et services deviennent cruciaux, ouvrant le champ à de nouveaux secteurs d’intervention économique.


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