Face à la crise économique

Ré-industrialisation : relance des États-Unis, retard de l’Europe

7 août 2012, par Céline Tabou

Vendredi 3 août, le Département américain du Travail a publié ses chiffres du chômage. Ceux-ci font état de la création de 163.000 emplois en juillet, notamment dans l’industrie. En dépit de chiffres moroses, l’industrie redevient le moteur de la croissance américaine, alors que l’Europe subit la désindustrialisation et la récession industrielle.

Pour de nombreux spécialistes, l’industrialisation est l’une des clés de la sortie de la crise, car « enrayer le déclin industriel n’a rien d’impossible », a expliqué Jean-Marc Vittori, éditorialiste dans “Les Echos”.
L’industrie représente aujourd’hui seulement 15% de la valeur ajoutée produite en France, contre 2% en Allemagne, ce déclin industriel cause à terme une perte de la compétitivité des économies européennes.

Création d’emplois dans l’industrie américaine

Fin juillet 2012, les analystes d’ING (banque et assurance) ont publié une note intitulée « La révolution ré-industrielle » qui explique que la croissance américaine a été portée par les biens de production permettant au marché du travail de progresser dans les emplois industriels. Ce constat a été rendu possible grâce aux plans de relance de Barack Obama de 2009 et 2011. En effet, le gouvernement américain a lancé un gigantesque plan de 787 milliards de dollars en février 2009 afin de dynamiser la croissance et pérenniser l’emploi. Deux ans plus tard, septembre 2011, le président américain lance un plan de 447 milliards uniquement destiné à l’emploi. Celui-ci s’est traduit par des allègements d’impôts et de charges sociales pour les PME, des mesures en faveur des chômeurs ainsi que des investissements dans les infrastructures afin de relancer l’activité. Ces mesures gouvernementales ont permis de relancer la croissance, perpétuer et créer des emplois.

L’industrie américaine s’est aujourd’hui accrue, car Barack Obama est parvenu à doper les exportations, entrainant une augmentation des ventes à l’étranger, qui représentent dès à présent 13,5% du PIB contre 9% en 1995, époque florissante de l’industrie américaine.

De plus, les prix de l’électricité ont diminué et ont permis une meilleure compétitivité des entreprises américaines qui, à l’inverse des allemandes, paient un prix exorbitant pour cause de « sortie de l’atome ».

Enfin, explique “Les Echos”, la relocalisation vers les États-Unis des emplois auparavant transférés dans les pays à moindre coût comme l’Afrique ou l’Asie est en grande partie due à la lenteur des transports maritimes, la hausse du prix de l’acheminement et les défauts des produits dérivés.

Dans un tel contexte, seuls les États-Unis sont parvenus à relancer leur industrie et à créer des emplois manufacturiers, à l’inverse des pays européens qui, faute d’investissements ou de plans de relance, voient chaque jour leurs grandes entreprises déposer le bilan.

Déclin de l’industrie européenne

La crise de la dette souveraine en Europe aura conduit les États à mettre en place des plans de rigueur destinés à réduire les déficits et éviter la faillite. En dépit de tous ces plans de rigueur, les Européens se rendent compte que la relance n’est pas une perspective certaine. Dernier évènement en date, la tentative de sauvetage de PSA Peugeot par le gouvernement français a mis en évidence la désindustrialisation des grandes économies européennes. Face à la montée en puissance de la Chine et de l’Inde, la France, l’Espagne, l’Italie et la Grèce tentent de lutter contre la désindustrialisation et la récession industrielle suite à la perte de compétitivité des entreprises manufacturières.

Pour Jean-Marc Vittori, « Enrayer le déclin industriel, régénérer un tissu d’entreprises performantes n’a rien d’impossible. Nombre de pays l’ont fait, en Europe, comme en Amérique latine ou en Asie, dans les années 1950 comme en ce début de 21ème siècle ». « Seulement, il faut s’en donner les moyens », a-t-il ajouté.

De nombreux économistes et présidents d’entreprise expliquent que pour réindustrialiser, il faut faire des efforts sur la qualité et l’innovation, mais aussi sur les prix et les coûts. Gilles Benhamou, PDG d’Asteelflash, a expliqué dans “Les Echos” qu’il fallait « cibler nos efforts sur les filières industrielles soumises à la concurrence internationale », innover et continuer à produire en France. Avec un Ministère du Redressement productif, la France va tenter de sauver son tissu industriel. Pour cela, le gouvernement devra investir et inciter les entreprises à ne pas délocaliser et surtout lancer un programme de recherche et développement.


Céline Tabou

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