Un nouveau contexte économique

Renforcement de la coopération entre la Chine et l’Afrique

18 février 2008

Dans son édition du 18 janvier, “Témoignages” avait évoqué un prêt préférentiel de 49 millions d’euros d’investisseurs chinois pour le développement de l’industrie sucrière au Mali. Deux événements parmi d’autres soutiennent l’idée d’une redistribution des cartes en Afrique, notamment sous l’impulsion de la Chine, alors que l’Europe est en train de négocier avec les pays du continent les accords de partenariat économique.

En écho au discours de l’ambassadeur de Chine à Dakar en janvier dernier, deux annonces viennent confirmer l’émergence de nouveaux rapports entre l’Afrique et le monde, à l’heure où l’Union européenne négocie avec les pays africains les Accords de partenariat économique pour mettre en conformité avec les règles de l’OMC ses relations commerciales avec les pays ACP.

Il s’agit tout d’abord de la prise de participation de 20% de la première banque commerciale africaine par la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC). Une telle action vise à « un renforcement de la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Afrique », selon la direction de la banque chinoise.

C’est également la confirmation d’un changement profond des rapports de force économique dans le monde. Avec la mondialisation de l’économie s’opère une division du travail à l’échelle mondiale. Parallèlement à ce phénomène émerge également une nouvelle division du capital à l’échelle du monde.

Nouvelle division mondiale du capital

Aujourd’hui, la Chine a la capacité financière suffisante pour investir massivement dans la première banque commerciale africaine. C’est un phénomène totalement nouveau, car voici quelques années, seul l’Occident avait une puissance capitalistique suffisante pour mettre en oeuvre une telle stratégie.

Cela bouleverse totalement la situation en Afrique et place les institutions financières internationales face à leurs contradictions. Car pour les dirigeants de ces pays, la Chine est vue comme une réussite qui ne doit rien au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. Or, ces deux dernières institutions sont souvent les prescripteurs de mesures drastiques d’ajustement qui se sont traduites notamment en Afrique par des catastrophes sociales et économiques.

La Chine est là pour démontrer qu’il est possible de faire autrement. Et la donnée nouvelle, c’est la capacité pour la Chine d’investir dans le capital financier des pays du Sud. Cette stratégie vise à créer des liens commerciaux durables entre le pays le plus peuplé du monde et le continent africain.

« Nouveau type de partenariat stratégique »

A l’appui de cette stratégie figurent les investissements dans des secteurs stratégiques pour le développement des pays africains. C’est le cas de la production sucrière au Mali, car le sucre produit dans ce pays pourra être exporté sans quota ni droit de douane sur le marché européen en 2009. Ce sont également les actions du Fonds sino-africain pour le développement décrites ci-après (voir encadré). D’un montant d’un milliard de dollars, ce fonds cible son soutien sur les gisements d’emplois possibles en Afrique. C’est l’illustration d’un « nouveau type de partenariat stratégique » entre un pays et un continent qui ont comme point commun d’avoir été la cible du colonialisme.

Ce nouveau type de partenariat s’approfondit chaque jour au moment où l’Union européenne tente de créer avec les pays africains une zone de libre-échange conforme aux orientations de l’Organisation mondiale du Commerce. Ce qui veut dire que ces négociations ont lieu dans un contexte totalement différent des Accords dits de Cotonou et de leurs prédécesseurs. C’est une situation nouvelle.

Pour La Réunion, cela signifie que des changements importants se préparent dans sa zone géographique, impliquant des acteurs se situant de part et d’autres de l’océan Indien : la Chine et les pays du continent africain.

Manuel Marchal


Une banque chinoise autorisée à acquérir 20% des parts de la première banque commerciale africaine

La Commission de régulation bancaire de Chine a approuvé un projet de la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC) de prise de participation dans une banque sud-africaine, ont confirmé récemment des officiels de l’ICBC.
L’ICBC, la plus grande banque de crédit de Chine, a annoncé le 25 octobre 2007 qu’elle avait l’accord pour acquérir 20% des parts de la Standard Bank d’Afrique du Sud, la plus grande banque commerciale en Afrique, pour un montant de 5,46 milliards de dollars.
L’opération a déjà été approuvée par les actionnaires des deux banques ainsi que par les régulateurs d’Afrique du Sud, dont le South African Registrar of Banks et le Johannesburg Securities Exchange.
Les officiels de l’ICBC ont indiqué que les procédures d’examen et d’approbation par les régulateurs locaux pour les succursales étrangères de la Standard Bank étaient en cours.
La collaboration stratégique, qui a autorisé l’ICBC à devenir le premier actionnaire de la Standard Bank cotée à Johannesburg, " favorise un renforcement de la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Afrique", a indiqué Jiang Jiangqing, président de l’ICBC, lors de l’annonce initiale de la transaction.
"Dans une perspective stratégique, l’ICBC recherchait des occasions d’étendre ses activités internationales, notamment en Afrique, étant donné les solides relations commerciales et l’amitié étroite et de longue durée entre la Chine et l’Afrique du Sud."


Nouveau fonds sino-africain : 90 millions de dollars pour quatre projets

Le fonds sino-africain, lancé en juin pour encourager les sociétés chinoises à investir en Afrique, a choisi fin janvier les quatre premiers projets qu’il entend financer, à hauteur de plus de 90 millions de dollars.
Ces projets représentent au total un investissement de 400 millions de dollars.
Il s’agit de deux projets dans le secteur de la construction et de la métallurgie, un dans le domaine énergétique (une centrale à gaz au Ghana) ainsi que la construction de la première usine de verre de lEthiopie, qui aura une capacité annuelle de 40.000 tonnes.<br> Pour une source officielle chinoise, le fonds sino-africain vise à soutenir un {«nouveau type de partenariat stratégique»} avec le continent, sans chercher à faire le plus de profits possibles, mais en se concentrant sur des secteurs nécessaires au développement de lAfrique, selon Pékin.
Ce fonds sino-africain est doté d’un milliard de dollars de la part de la Banque chinoise de développement à sa création, mais ce capital pourrait être porté jusqu’à cinq milliards de dollars.

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