Assemblée de la C.G.P.E.R. pour la défense de la profession

« Restons mobilisés et solidaires pour sauver l’agriculture réunionnaise »

27 avril 2004

Dimanche dernier, la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (C.G.P.E.R.) tenait son assemblée générale à la salle polyvalente de Duparc à Sainte-Marie. À cette occasion, elle a regroupé plus de 500 agriculteurs réunionnais, ainsi que des représentants des collectivités et autres institutions. Objectif : dresser le bilan pour l’année 2003-2004 sur l’engagement de la CGPER pour la défense des intérêts de la profession agricole réunionnaise, autour de deux problématiques centrales : le transfert de tout le secteur agricole de la Région au Département (avec des incertitudes financières) et l’élargissement de l’Europe...

L’assemblée générale de la CGPER a réuni dimanche, outre les adhérents du syndicat agricole et ses sympathisans, un représentant de la Mairie de Sainte-Marie, le directeur de la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAF), Vincent Ledolley, un représentant du Conseil régional, Yvon Virapin, et le président de la Commission paritaire de la canne et du sucre, André Minatchy.
Par ailleurs, les présidents des Commissions mixtes de Bois-Rouge, de Grands-Bois, du Gol, de Beaufonds et de Savannah étaient également venus assister à cette assemblée.
À l’ordre du jour : le bilan pour l’année 2003-2004 sur l’engagement de la CGPER pour la défense des intérêts de la profession agricole réunionnaise. Le président abordait toutefois deux thèmes centraux, à savoir la politique agricole à mener face aux défis nouveaux qu’engendrent l’élargissement de l’Union européenne et le problème du transfert de compétences de la Région au Département.

Alerter les plus hautes instances

Jean-Yves Minatchy, président de la CGPER, est revenu sur le problème préoccupant du basculement des eaux d’Est en Ouest, et sur la question des jeunes agriculteurs "diplômés" qui ne disposent pas toujours - voire presque jamais - de terrains agricoles, ce qui rend difficile l’activité dans le secteur agricole réunionnais.
C’est pourquoi il propose que ces problèmes soient exposés aux plus hautes instances, d’autant que les terres laissées en friche sur l’Ouest de l’île peuvent être valorisées, selon lui, par des agriculteurs jeunes et dynamiques.
Jean-Yves Minatchy rappelle les batailles menées par la CGPER avec les agriculteurs, notamment sur la nouvelle et "vertigineuse" tarification des services de la Chambre d’agriculture. "C’est un véritable coup de massue pour les agriculteurs, et plus particulièrement pour les jeunes agriculteurs qui doivent avoir obligatoirement recours aux services de l’institution (services de gestion, déclarations administratives) pour le fonctionnement de leur exploitation. Ces augmentations vertigineuses (allant de 46% à 150%) pénalisent ces jeunes qui sont en phase d’installation", déclarait notamment Jean-Yves Minatchy devant la Chambre d’agriculture en février dernier.
Il profite de l’opportunité d’une assemblée aussi nombreuse pour réitérer son appel à la vigilance. "Nous devons penser à nos jeunes agriculteurs, qui servent à pérenniser la filière agricole à La Réunion. Il faut les encourager", disait-il par ailleurs.

La canne et l’élargissement de l’U.E.

Région ultra-périphérique de l’Union européenne, La Réunion est au cœur de la problématique de l’élargissement de l’Europe dès le mois prochain. "La filière canne est touchée par l’élargissement de l’Union européenne", déclare le porte-parole de la CGPER.
Confrontés aux méandres de la mondialisation du sucre, les producteurs de canne réunionnais s’inquiètent de la nouvelle fixation du prix du sucre. Jean-Yves Minatchy demande de "prendre en compte la spécificité de La Réunion", notamment sur la question de la petitesse des exploitations.
L’élargissement de l’UE soulève le dossier de l’enveloppe budgétaire. Elle serait la même pour 10 pays de plus, selon la CGPER, ce qui engendrerait la baisse des subventions pour les planteurs et éleveurs réunionnais.
Vincent Ledolley, directeur de la DAF, dit comprendre toute l’inquiétude des acteurs de l’agriculture réunionnaise, tout en notant que rien ne justifie une appréhension démesurée. Pour lui, il revient aux agriculteurs réunionnais de relever le défi, comme l’ont fait les agriculteurs de l’Hexagone lors de l’entrée de l’Espagne dans l’UE.
Selon lui, la question de l’agriculture réunionnaise est prise compte aussi bien à Paris qu’à Bruxelles, dans la logique d’une politique de construction d’une Europe agricole forte. À la hauteur des enjeux pour la production réunionnaise, il faut "démontrer la multifonctionnalité de la canne", dans ce qu’elle apporte à l’environnement, à la création d’activités, voire touristiques...
Du point de vue de La Réunion, il importe que la surface agricole utile reste agricole, et donc protégée des constructions, même familiales.

Transfert des compétences

Jean-Yves Minatchy se questionne quant au transfert de compétences de la Région. Le Conseil général doit endosser, depuis le projet de décentralisation, de nouvelles fonctions, et le président de la CGPER s’interroge sur la capacité financière du Département pour assumer toutes ces nouvelles missions. Si l’agriculture rentre dans les compétences du Conseil général, aura-t-elle les moyens d’assurer son soutien aux agriculteurs et éleveurs réunionnais, et de défendre leurs intérêts ?
Selon le président de la CGPER, il importe de réorganiser l’ensemble des filières agricoles en termes d’exportation, de création de structures de transformation, d’installation des jeunes agriculteurs. Il serait aussi important de mener un véritable travail avec la restauration collective, pour que la production réunionnaise soit consommée dans nos écoles et hôpitaux. Il interpelle les acteurs institutionnels et politiques pour réfléchir à ces questions.
Pour le projet de transfert, Jean-Yves Minatchy demande à ce que les agriculteurs et éleveurs soient réunis avec les partenaires, acteurs institutionnels et politiques, pour définir ce que cela implique. Pour l’heure, "il est impératif de rester mobilisés et solidaires pour sauver l’agriculture réunionnaise", conclut-il.

Consommez péi !

Yvon Virapin, représentant du Conseil régional et conseiller général de Saint-André, insiste sur le fait que la Région reste impliquée dans l’agriculture réunionnaise, et assure de l’engagement de la Pyramide inversée en faveur des producteurs réunionnais. Par ailleurs, il précise que Sylvestre Lamoly, président de la Commission mixte de Savannah et conseiller régional siégeant notamment dans la Commission agricole du Conseil régional, saura également défendre les intérêts des agriculteurs et éleveurs réunionnais.
Pour relever le défi du million d’habitants en 2025, avec ce que cela représente en termes d’emplois et de logements à créer, il incombe à la Région de prendre en considération les terres agricoles et de favoriser leur développement. La conquête du marché réunionnais pour une consommation par les Réunionnais pourrait constituer une piste de marche de manœuvre pour assurer la bonne vie de la production agricole locale. La Région étudie, selon Yvon Virapin, un projet d’étroit partenariat avec la restauration collective, qui ouvrirait un marché non négligeable auprès des écoles primaires, des collèges, des lycées, de l’université, des hôpitaux, etc.
Les agriculteurs devraient aussi favoriser les contrats de distributions avec des chaînes implantées sur l’île.
Piste de travail, appel à la vigilance... "L’année 2004 sera l’année du grand débat sur l’agriculture réunionnaise", a encore annoncé Yvon Virapin. Il avise les agriculteurs et éleveurs réunionnais de la programmation d’États généraux de l’agriculture, espace de concertation sur la question agricole réunionnaise.

Bbj


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