Rififi à la Chambre de métiers

16 juin 2007

À Saint-Hippolyte du Fort, dans le Gard, toute la population est sous le choc : le patron (et ce mot a le sens du 19ème siècle) qui a créé Jallatte en 1947, âgé de 89 ans, s’est donné la mort.

La petite entreprise (photo sur le “Midi libre”, 2 pages sur cet évènement) était logée dans un fort construit au XVIIIème siècle par Vauban pour repousser les Huguenots. Elle fabriquait alors des galoches en bois. Pierre Jallatte, le fondateur, découvrit la chaussure de sécurité aux Etats-Unis, au cours d’un voyage.
 A son retour, il se lance dans la fabrication et ça marche ! Au début, l’entreprise comptait 25 salariés, elle est passée à 900 en 1990, avec des usines en Allemagne et en Espagne. 
En 1998, le fonds d’investissement CVC Capital Partners prend des participations importantes dans Jallatte. En 2005, le groupe JAL est cédé à la société Gatesworthy. Malgré un carnet de commandes plein et une santé florissante, sous la pression des actionnaires, la production devrait être délocalisée en Tunisie.
« Voyous ! Vous méritez d’être pendus haut et court ! », a crié Georges Argelès, ex-Directeur des usines Jallatte et ami de Pierre Jallatte, aux actionnaires financiers (un fonds de pension américain).

Cette année, on a appris le suicide de plusieurs ouvriers sur leur lieu de travail, victimes de la pression de leur Direction. Cette fois, c’est le "patron" qui n’a pas supporté la pression des actionnaires et la disparition de son usine.

Le nouveau Directeur, Joël Aunos, avec sa (c’est une femme) Direction des ressources humaines (DRH), n’a pas d’état d’âme : « Nous avons la nécessité de retrouver la crédibilité auprès des actionnaires, les structures issues de l’histoire ne sont plus adaptées ».
Ce directeur représente bien, avec sa DRH, le "management" nouveau qui mène une politique au service du Capital Mondial, et non des hommes.

(...) Ce suicide a frappé la population. (...) François Liberti, Député communiste, se représente dans la 7ème circonscription (Sète et Thau). Devant 500 personnes, le député a évoqué « une région saignée à blanc par le départ de Well et la délocalisation prévue de Jallatte. Il a aussi évoqué les rapports très étroits que Sarkozy entretient avec les "grands de la finance", ceux qui programment les délocalisations. Sarkozy a écrit au député-maire du Gard où il promet » d’étudier avec la plus grande attention la situation de Jallatte et envisage une stratégie de revitalisation industrielle de la région !
Revitalisation ? Alors que son gouvernement, proche du MEDEF, applique la politique... du MEDEF ?
François Liberti, petit-fils d’immigrés italiens, pêcheur sétois, représente bien cette classe populaire, et son élection est menacée. 
« Le PC est mort ! "C’est fou ce qu’ils se réjouissent, à droite comme à gauche, de cette mort annoncée ! Une chambre bleue toute, très représentative de ces patrons flingueurs du capitalisme mondial et meurtrier et une gauche" bobo et plus rien ».
La minorité la plus importante sera la moins visible : celle des ouvriers, des employés, du peuple donc, que d’aucuns, à droite mais aussi à gauche, méprisent, cette grande minorité ne sera plus représentée à l’assemblée ! L’histoire a montré que le peuple se venge toujours quand on le méprise !

Mireille Popelin

(Sources : Respublica)


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