RIZ : PRODUCTION ET PRIX RECORD

12 juin 2008, par Risham Badroudine

Selon les Nations Unies la production de riz va atteindre des records en 2008, mais les prix devraient rester élevés. Ce phénomène de hausse du prix n’épargne pas notre île.

La FAO (organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture) a estimé que la production mondiale de riz atteindra un nouveau record en 2008 mais que les prix vont rester élevés.
« La production mondiale de riz pour 2008 pourrait s’accroître d’environ 2.3%, atteignant un nouveau record de 666 millions de tonnes, d’après nos prévisions préliminaires » indique la FAO.

Le prix du riz a bondi de 76% entre décembre 2007 et avril 2008

Pour la première fois, la production de riz "paddy" en Asie pourrait dépasser en 2008 le point de référence de 600 millions de tonnes. En Afrique, la production de riz va s’accroître de 3.6% pour atteindre 23.2 millions de tonne en 2008 et en Amérique latine, la production de riz paddy devrait augmenter de 7.4% pour atteindre 26.2 millions de tonne selon la FOA.
Cependant au niveau des prix, la FAO indique avoir « enregistré une augmentation d’environ 76% entre décembre 2007 et avril 2008 et que les cours internationaux devrait se maintenir à des niveaux relativement élevés. » La FAO souligne qu’ « il est peu probable que les cours retrouvent leurs niveaux de 2007, les producteurs devant payer plus cher les engrais, les pesticides et le pétrole. »

Le riz est la denrée de base pour plus de la moitié de la population

Le riz est la denrée de base de plus de la moitié de la population de notre planète. L’offre ne parvenant plus à répondre à la demande, les pays importateurs vont voir leur facture s’alourdir de 40% cette année. « La hausse soutenue des dépenses liées à l’importation de nourriture (des pays pauvres) est très inquiétante. Le panier annuel d’importations alimentaires de ces pays pourrait coûter quatre fois plus cher qu’en 2000 » selon la FAO.
Si les prix ont bondi dans les supermarchés des nations les plus riches, l’effet est encore plus douloureux dans les pays en développement où la part des revenus destinés à l’alimentation représente entre 50% et 80% du budget de la population. Toujours selon la FAO, « les quantités de blé utilisées pour produire des carburants vont augmenter de 40% cette année. Sur un total de 98 millions de tonnes utilisées pour les biocarburants, le maïs représente 92 millions de tonnes, dont 79 millions de tonnes seront transformées en éthanol aux Etats-Unis ». Autrefois présentés comme alternative, les biocarburants sont aujourd’hui de plus en plus controversés.
Face à cette envolée des prix, l’Inde interdit la spéculation sur 4 matières premières. En effet, les grandes firmes encouragent la hausse des cours des matières premières par la spéculation.

L’héritage coloniale explique de dépendance vis-à-vis de l’importation

Le Président Sénégalais, Abdoulaye Wade, explique la dépendance de son pays à l’égard du riz par l’héritage colonial. « L’administration française a massivement exporté son riz cultivé en Indochine, au Sénégal. Et progressivement, nous l’avons adopté. Pour payer ces importations, le Sénégal s’est spécialisé dans la monoculture d’arachide qui a très longtemps alimenté les huileries de Marseille et de Bordeaux. Avec l’indépendance de Sénégal, ce système s’est arrêté, mais notre dépendance vis-à-vis du riz est restée. Aujourd’hui on doit en importer 600.000 tonnes chaque année ». L’Inde est aujourd’hui devenue le premier partenaire du Sénégal. Elle a envoyé des équipements et techniciens pour former les Sénégalais à la production de riz et permettre à ce pays d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Le professeur Swaminathan, un des artisans de la révolution verte en Inde et ancien conseiller du Premier Ministre Indira Gandhi, est convaincu que l’on peut aujourd’hui accroître les rendements et la productivité sans pour autant porter atteinte à l’environnement et la biodiversité. Ce professeur fut en 1987 lauréat du Prix Mondial de l’Alimentation. Il est aujourd’hui membre du Parlement indien et préside la "Swaminathan Research Foundation".

Hausse des prix à La Réunion

Ce phénomène de hausse des prix du riz n’épargne pas notre île. En effet, on constate que sur le 1er trimestre 2008, le volume des importations du riz a diminué de 14.6% (par rapport au 1er trimestre 2007), alors qu’en valeur, la hausse a été de 5.6% sur la même période. Ce qui s’explique par une hausse des prix.

On constate que la quantité de riz importé à La Réunion a diminué au 1er trimestre 2008 (-14.6%) alors que la facture a bondi de 5.6%(par rapport au 1er trimestre 2007).

Il est aujourd’hui peu probable que les cours retrouvent leurs niveaux de 2007 à court terme, du fait que les producteurs doivent d’une part payer plus cher les engrais, les pesticides et le pétrole mais d’autre part surtout du fait de la spéculation que pratiquent des grandes firmes.

Risham Badroudine

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