Rôle des spéculateurs sur le prix du baril

3 juillet 2008, par Risham Badroudine

Dirigeants des pays producteurs, traders, raffineurs et distributeurs s’enrichissent avec un baril record. En 2007, les revenus provenant de l’or noir ont atteint les 1.000 milliards de dollars. Les deux premières compagnies mondiales pétrolières américaines Exxon Mobil et Chevron ont réalisé l’année dernière un bénéfice de 59,3 milliards de dollars. Quant au groupe français Total, son profit a attient près de 37 milliards d’euros sur les 3 dernières années.

Le prix du baril de pétrole a littéralement explosé ces derniers mois. L’épuisement des ressources pétrolières explique certes en partie cette envolée. La production hydro-carburant étant amenée à diminuer à terme, le prix du baril de pétrole va donc constamment augmenter, avec des conséquences sur notre pouvoir d’achat si des solutions ne sont pas rapidement trouvées. Les gouvernements doivent revoir leur politique afin d’encourager les énergies renouvelables.

Entre 2007 et 2008, les produits financiers pétroliers ont grimpé de 260%

Si le résonnement de la rareté du pétrole explique en partie l’augmentation du prix du baril, mais alors, pourquoi dans un laps de temps très court ? En effet, entre 2007 et 2008, la demande en barils de pétrole n’a pas explosé outre mesure et la production a même augmenté de 13%, alors que le prix du baril est passé de 70 à plus de 140 dollars.
Durant cette même période, les produits financiers sur le pétrole ont grimpé de 260%. On échange actuellement sur les marchés financiers des titres équivalents entre 35 à 40 fois le volume du commerce réel de pétrole. Les spéculateurs font grimper les titres indexés sur la production du pétrole. Les marchés ont transformé des produits essentiels (pétrole, riz, blé...) en actifs financiers qui s’échangent à des niveaux 40 fois supérieures au volume réel des échanges.

L’épuisement des ressources pétrolières conduit certes à une hausse continue du baril de pétrole, mais les spéculateurs accélèrent cette hausse pour pouvoir réaliser de grosses plus-values financières. Le marché pétrolier est complètement déconnecté de la réalité de l’offre et de la demande de pétrole. Les sociétés de trading réalisent des chiffres d’affaires qui dépassent les 300 milliards d’euros, selon les économistes.

A côté de cela, les groupes pétroliers comme Total annoncent des résultats record. En 2007, Total réalise un bénéfice de 12,2 milliards d’euros, de loin le plus important des entreprises du CAC 40. Les profits de Total explosent depuis les 3 dernières années, c’est-à-dire depuis que le cours du pétrole a commencé à battre record sur record. Avec un baril à plus de 140 dollars, cette année, les bénéfices des compagnies pétrolières devraient exploser et la facture risque d’être salée pour les consommateurs.

Le groupe Total a réalisé près de 37 millirads d’euros de profits sur les 3 dernières années.

L’Afrique doit s’acquitter d’une facture énergétique de plus ne plus lourde, alors que les bénéfices des compagnies pétrolières comme Total Gabon atteint des sommets (326,4 millions de dollars).

Le prix du baril a atteint les 143 dollars lundi.

Profits colossaux et argent facile vont de pair avec l’opacité totale d’un secteur. De plus, avec les nouvelles technologies, le trading pétrolier s’est mondialisé. Les sociétés se nichent souvent dans des paradis fiscaux.

Risham Badroudine


Nouveau record pour le baril et nouveau Sommet à Madrid

Le baril de brut a franchi un nouveau record à plus de 143 dollars lundi. Dans le même temps, le 19ème Congrès mondial du pétrole a été inauguré et il durera jusqu’au 3 juillet. Quelque 4.000 congressistes sont réunis dont une bonne trentaine de ministres. Les organisateurs de cette rencontre ont, dans une note de présentation, déclaré que « dans ce monde en transition, le défi majeur pour le secteur est de garantir la fourniture continue, fiable et abordable, tout en respectant la volonté de la société qui réclame durabilité, transparence, éthique et respect de l’environnement ».
Ce congrès se tient cette année après que les prix internationaux du pétrole eurent dépassé le seuil des 140 dollars le baril et qu’aucun signe présageant une éventuelle baisse ne se dessine.
Ce congrès intervient exactement une semaine après l’échec du Sommet de Djeddah (Arabie Saoudite) sur les prix du pétrole, qui n’a pas réussi à déboucher sur des mesures concrètes.

Risham Badroudine


Les compagnies aériennes en difficulté

Avec un baril de pétrole qui dépasse les 143 dollars, les perspectives ne sont pas réjouissantes pour les compagnies aériennes. Les analystes prévoient la suppression de plusieurs lignes ainsi que de grosses pertes.

Air Mauritius a décidé de réduire de 3% le nombre de ses vols, soit 80 vols, en raison de la flambée des prix du pétrole, a annoncé jeudi devant le Parlement le vice-Premier ministre et ministre mauricien du Tourisme, Xavier Luc Duval.
La compagnie d’aviation nationale veut éviter de subir des pertes énormes en raison de la flambée des prix du carburant. Le secteur de l’aviation bat de l’aile. Air Mauritius n’échappe pas à cette crise mondiale, qui commence à ronger ses profits. A tel point qu’elle a commencé à appliquer des mesures urgentes et sans précédent.
Nombreuses sont les compagnies aériennes qui subissent des pertes énormes. La compagnie indienne Indian Airlines prévoit des pertes de 56 milliards de roupies pour cette année. Les compagnies américaines pourraient perdre cette année de 7 à 13 milliards de dollars (de 4,5 à 8,35 milliards d’euros). A ce jour, déjà 100 dessertes intérieures ont été supprimées aux Etats-Unis. Air Berlin, la deuxième compagnie aérienne allemande, fait comme ses consœurs américaines. Elle annonce ce mercredi qu’elle va réduire sa capacité de vols de 10% (et même de 30% sur les liaisons long-courrier), en réaction aux prix élevés du kérosène, et ramener sa flotte de 134 à 120 avions. Le "Financial Times" a calculé que si le baril coûtait 135 dollars jusqu’à la fin de l’année, les pertes pour l’ensemble des 230 compagnies aériennes mondiales se chiffreraient à 6,1 milliards de dollars. « A chaque augmentation de 1 dollar pour le baril de pétrole, les transporteurs afficheront une perte globale d’1,6 milliard de dollars supplémentaires », note le quotidien britannique. De son côté, le journal "Les Echos" note que « le prix des carburants est devenu le premier poste de dépenses des compagnies aériennes, devant les salaires. Il représente jusqu’à 40% du prix d’un billet d’avion long-courrier ».

Risham Badroudine

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