En Europe, une guerre implique depuis plus d’un mois deux importants pays exportateurs agricoles : la Russie et l’Ukraine. Outre les céréales, ces deux pays produisent habituellement d’importantes quantités de tournesol, la matière première de l’huile de cuisine vendue la moins chère à La Réunion.
Le mois dernier, l’île Maurice avait connu une ruée vers l’huile amenant à des mesures de rationnement. Pourtant, l’approvisionnement n’était pas menacé.

Problème pour l’activité de nombreuses petites entreprises

La Réunion a été touchée à son tour par ce phénomène cette semaine. Des achats en vue de stocker ont rapidement vidé les rayons de bouteilles d’huiles de tournesol dans de nombreuses grandes surfaces. D’autres distributeurs avait choisi de limiter la quantité vendue par consommateur : deux à trois bouteilles par passage en caisse. Ceci n’empêche pas la même personne de passer plusieurs fois dans la journée, ou de répartir les bouteilles entre plusieurs membres d’une même famille qui paient chacun leur tour au passage en caisse.
Comme à Maurice, cette situation peut avoir des répercussions négatives sur la restauration. Les petites structures se fournissent en effet principalement dans les grandes surfaces. Cela pose un problème pour ces entreprises. Elles ont souvent été créées par un travailleur pour se libérer du chômage. Ce sont de petites structures qui ne peuvent se permettre de remplacer l’huile de tournesol par un produit deux fois plus cher.

Où planter du tournesol à La Réunion, et comment produire moins cher que l’importation ?

Ce phénomène souligne en premier lieu la grande pauvreté des Réunionnais. En effet, dans la cuisine traditionnelle, l’huile est un composant important. La ruée vers l’huile la moins chère rappelle bien que c’est le prix, et non pas la qualité diététique de l’aliment, qui constitue le premier critère d’achat.
Ce rush concerne un produit importé. Se pose immanquablement la question de l’autosuffisance pour la consommation d’huile de cuisine. Sachant que la surface des terres en friches est limitée à quelques milliers d’hectares, faudrait-il en consacrer une grande partie à la plantation de tournesols ? La production locale pourrait être moins chère que les importations ? Ceci illustre une nouvelle fois l’impasse dans laquelle se trouve notre île, dépendante d’importations qui proviennent majoritairement de France, qui se situe en Europe, un continent où sévit la guerre.

Compagnie maritime régionale pour sécuriser nos approvisionnements

Cela rappelle une fois de plus la nécessité de sécuriser définitivement nos approvisionnements en produits de première nécessité importés. Pour cela, il est important d’aller chercher dans notre région plutôt que faire venir d’Europe. Notre région est en effet une zone épargnée par les conflits, où les dirigeants ne cherchent pas à dresser les peuples les uns contre les autres pour créer des guerres qui profitent au capitalisme.
Ceci permettra d’éviter toute crainte de pénurie en cas de conflit sur un continent éloigné de plusieurs milliers de kilomètres de La Réunion. La création d’une compagnie maritime régionale est un moyen pour sécuriser ces approvisionnements en les raccourcissant. Car l’intérêt de cette société sera de garantir la sécurité alimentaire de La Réunion, et pas les profits des actionnaires des majors du transport maritime qui desservent La Réunion.

M.M.