La chronique économique

Singapour : interface entre la Chine et l’Inde

28 décembre 2006, par Risham Badroudine

Avec près de 4.4 millions d’habitants, Singapour a un PIB (Produit intérieur brut) par habitant (plus de 24.000 dollars) presque équivalent à la France. Le taux de croissance reste relativement élevé (plus de 5% en 2005). Le taux de chômage est de l’ordre de 3% correspondant au chômage structurel (un taux qui fait envier notre île !). L’île dispose de 4 langues officielles : anglais, malais, chinois et tamoul.

Son économie repose principalement sur 2 secteurs, à savoir l’industrie et les services. Le pays a su profiter de la montée en puissance de la demande des produits électroniques haut de gamme et de médicaments divers. La production industrielle, qui compte pour le quart du PIB, a augmenté de 8.7% en 2005. Le pays attire aussi un nombre important de touristes (près de 8 millions de touristes en 2005).

Les industries portuaires et maritimes ont prospéré, et Singapour est devenu le premier port mondial en trafic de conteneurs devant Hong-Kong (l’équivalent de 22,3 millions de conteneurs de 20 tonnes y ont été transbordés en 2005). Chaque jour, une centaine de navires quittent la baie, dont en moyenne 2 vers les Etats-Unis, 4 vers l’Europe, 9 vers la Chine et 70 vers le reste de l’Asie (Inde, Japon, Asie de Sud-Est...).

Le gouvernement cherche aujourd’hui a mettre l’accent sur 4 activités prometteuses, à savoir l’économie de la connaissance, les bio et nanotechnologies, les énergies renouvelables et les services haut de gamme (santé, éducation,...). Un premier complexe en biotechnologie recevra bientôt 2.000 chercheurs. A terme, le premier pôle biotech d’Asie accueillera plus de 130.000 actifs.

Actuellement, l’école de politique publique, qui forme des hauts responsables de l’Administration des pays de la région, reçoit 70.000 étudiants étrangers de 50 nationalités. Beaucoup de jeunes d’Europe, d’Afrique et d’Asie veulent commencer leur carrière à Singapour. L’île compte 1 million de personnes de nationalités étrangères. Le pays a longtemps cherché sa place face à la concurrence des pays voisins d’une part (Malaisie, Indonésie...) et d’autre part, les 2 géants chinois et indien. Singapour se posait la question, à un moment donné, si son économie n’allait pas être balayée d’un revers de la main par la montée en puissance de la Chine et de l’Inde. Elle était en effet concurrencée sur tous les points forts de son économie, à savoir les services, les activités portuaires, les transports maritime et aérien, l’industrie pharmaceutique et électronique.

Aujourd’hui, le pays joue le rôle d’entremetteur entre les 2 géants asiatiques facilité par sa population à 76% d’origine chinoise et 10% d’origine indienne. La présence de ces 2 communautés a permis de faire de l’île le lieu de rapprochement privilégié entre les entreprises des 2 pays. Un bon nombre d’entreprises des 2 pays sont présentes sur l’île. Tata, Lenovo, TCL, Alibaba... et d’autres grands groupes asiatiques possèdent aujourd’hui une succursale à Singapour. En effet, Singapour compte près de 2.000 sociétés chinoises et autant d’indiennes. Les 20 plus grosses sociétés indiennes de services informatiques ont choisi d’attaquer le marché chinois via Singapour.

L’île est une plate-forme de rencontre entre la Chine et l’Inde. Les sociétés des 2 pays apprécient de finaliser leurs contrats dans un environnement juridique neutre et sûr. La Chine et l’Inde, qui seront bientôt respectivement la deuxième et troisième puissance économique de la planète après les Etats-Unis, et devant l’Europe, sont largement entrées dans les esprits. Le “Chindia”, comme d’aucuns l’appellent, représente une force de frappe considérable car elle regroupe un habitant et un consommateur sur 2 de la planète.

A l’image du rôle que joue Singapour entre la Chine et l’Inde, notre île, Département français d’outre mer, région européenne ultra-périphérique, située dans l’océan Indien et multiethnique, pourra-t-elle un jour jouer le rôle de plate-forme entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique ?

Risham Badroudine

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