Pour mieux comprendre la crise actuelle

Situation économique fragile à La Réunion

8 octobre 2008, par Risham Badroudine

Avant-hier, les bourses mondiales se sont littéralement effondrées. Les banques sont dans des situations extrêmement difficiles. La bourse parisienne a perdu -9,04%, Londres -7,85%, Moscou - 19,1%, Shanghai -5,23%, New York -4,94%, Bombai -4,05%... Cette crise aura des conséquences pour notre île dont l’économie se trouve déjà en situation fragile.

Les différents indicateurs montrent la situation d’inquiétude qui règne sur notre île. Selon l’IEDOM, « les dépenses publiques ont une nouvelle fois constitué un élément de soutien important du département, le ralentissement continu des dépenses d’investissement aussi bien des ménages que des entreprises traduit un essoufflement de la croissance économique de l’île ».

Hausse des taux d’intérêts et des taux de crédits

Avec la crise actuelle, les taux d’intérêts et les taux de crédits vont continuer à grimper. D’où le ralentissement de l’investissement qui va se poursuivre. L’enquête sur le coût du crédit aux entreprises à La Réunion réalisée par l’IEDOM, sur la base des octrois du mois de juillet 2008, fait déjà apparaître une forte remontée du taux moyen pondéré global (+117 point de base). Le taux moyen des crédits consentis aux entreprises à La Réunion s’établit ainsi à 7,48% en juillet 2008 contre 6,31% en janvier 2008.

L’évolution du taux moyen des crédits va ralentir l’investissement. Cette situation va s’aggraver avec la crise actuelle.

On constate aussi que les dépôts à vue détenus par l’ensemble des agents économiques réunionnais ont diminué sur les 6 premiers mois de l’année de -267 millions d’euros.

Les créances douteuses augmentent

Quant aux créances douteuses des banques, elles sont en nette progression. Au 30 juin 2008, les créances douteuses brutes déclarées par les établissements de crédits locaux s’établissaient à 607 millions d’euros, en hausse de 11,4% sur les douze derniers mois.

Ce graphique montre l’évolution des créances brutes douteuses déclarées par les établissements de crédits locaux de décembre 2006 à Juin 2008.

Au vu de la situation, les banques prêteront moins et les taux de crédits seront de plus en plus élevés. Cela va avoir des répercussions directes sur le taux d’investissement, un des moteurs de l’activité économique, donc des conséquences sur le taux de chômage. Dans sa dernière note de conjoncture, l’IEDOM fait état d’une inquiétude des dirigeants des établissements de crédits : « L’environnement économique est appréhendé de manière de plus en plus négative par les dirigeants d’établissements de crédits, qui anticipent une dégradation de la conjoncture économique en liaison avec la crise financière et le ralentissement économique mondial qui se profile... ».

Risham Badroudine


Quelques définitions

• Taux d’investissement : Le taux d’investissement est la part de l’investissement dans le P.I.B. Il se définit par le rapport (FBCF/PIB)x100. Il faut rappeler que ce taux comprend évidemment l’investissement des ménages, celui des entreprises et des administrations publiques. L’investissement des ménages est mesuré par l’évolution de l’encours des crédits à l’habitat. L’investissement des entreprises est l’acquisition par l’entreprise de moyens de production qui viennent remplacer et/ou accroître le capital productif (il s’agit donc de capitale fixe, de machine...). L’investissement des administrations publiques représente les commandes publiques. Le montant des constructions publiques a progressé à La Réunion de 27% et les travaux routiers de 17%.

• Créances douteuses
 : La créance douteuse ou créance irrécouvrable est une créance qui présente un risque probable ou certain de non recouvrement total ou partiel.

• Dépôt à vue
 : Dépôt sur un compte à vue, par exemple le compte de dépôt. Compte dont le solde peut être retiré par le client à tout moment, sans qu’il ait à avertir sa banque au préalable.

Risham Badroudine

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