Construisons une alternative à un modèle qui atteint ses limites

Sortons de la crise avec le développement durable

11 juillet 2009, par Risham Badroudine

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le modèle actuel a atteint ses limites. La grave crise sociale que l’Outre-mer vient de traverser confirme cette analyse. Il faut donc un nouveau modèle de développement pour La Réunion. Plusieurs agrégats montrent le déséquilibre actuel tel que le chômage de masse, l’illettrisme, de fortes inégalités ou encore la faiblesse des exportations. Hier, le Premier ministre François Fillon a d’ailleurs rappelé la possibilité d’utiliser au maximum le droit à l’expérimentation ouvert par la Constitution, ainsi que l’article 299.2 du Traité d’Amsterdam pour rechercher des moyens capables d’aider à sortir de la crise structurelle.

Le modèle actuel a atteint aujourd’hui ses limites. La grave crise sociale que l’Outre-mer vient de traverser a débouché sur une conclusion : tout le monde convient que l’on est arrivé au bout d’un processus. Il faut donc un nouveau modèle de développement pour La Réunion. Les États-généraux sont une initiative qui peut aider à le construire, puisque cette initiative vise à recueillir des propositions.
Un bref rappel historique nous permettra de mieux comprendre la situation. La loi du 19 mars 1946 a conféré à la Guyane, à la Guadeloupe, à la Martinique et à La Réunion le statut de département. L’égalité sociale prévue au 1er janvier 1947 n’a eu lieu que 55 ans plus tard, c’est-à-dire en 2002.

Des questions en suspend

La loi de décentralisation de mars 1982 a érigé chaque DOM en région et a transféré au Conseil général et au Conseil régional un certain nombre de compétences relevant auparavant de l’État. Ce transfert de compétences a été renforcé par la loi du 13 août 2004. Cette loi stipule que toutes les collectivités locales peuvent intervenir dans les domaines de compétence. L’État continue tout de même à jouer un rôle prépondérant dans le domaine économique, notamment au travers des lois d’orientation ou des lois-programmes.
Beaucoup de questions restent aujourd’hui en suspend. Comment assumer l’intégration à la France et à l’Europe ? Comment développer les relations avec les pays voisins dans ce nouveau contexte avec des écarts de niveau de vie importants ? Comment régler, entre autres, les problèmes posés par les APE (Accords de Partenariat Economique) ? Comment régler le problème de la concurrence ?

De nouvelles bases

Le modèle actuel a atteint ses limites et plusieurs agrégats économiques et sociaux le montrent :

- un chômage de masse : près de 115.000 demandeurs d’emploi

- des exportations très faibles

- de forte inégalité : 1 Réunionnais sur deux vit avec moins de 790 euros par mois.

- un fort taux d’illettrisme : plus de 110.000 personnes

- un coût de la vie élevé…

L’objectif des États-Généraux est d’analyser toutes les pistes, réflexions, études et réalisations menées par La Réunion depuis des années. Il faut donc une remise en cause fondamentale des bases économiques sur lesquelles La Réunion a jusque-là construit son développement.
À Saint-Pierre jeudi et au Tampon hier, le Premier ministre François Fillon a lancé plusieurs pistes. Parmi elles, il a évoqué une possibilité de prendre mieux en compte les spécificités en utilisant deux leviers. Tout d’abord utiliser pleinement l’article 299-2 du Traité d’Amsterdam qui permet une adaptation de la politique européenne en fonction de nos réalités, ensuite en ayant recours à l’expérimentation inscrite dans la Constitution pour tester des dérogations au droit commun.

L’autonomie énergétique et l’autosuffisance alimentaire

Les deux axes forts de la nouvelle voie à suivre sont l’autonomie énergétique et l’autosuffisance alimentaire, c’est-à-dire celle d’un développement durable.
Comme l’a souligné Philippe Berne, rapporteur aux États-Généraux, en fixant en 1998 l’objectif d’autonomie de production d’énergie électrique, la Région a fait un pas considérable dans le domaine du développement durable en valorisant les atouts de l’île. Ces atouts naturels sont l’eau, la mer, le vent ou encore le volcan.
La Région s’est donnée les moyens d’atteindre cet objectif en 2025 par la création de l’ARER (Agence Régionale de l’Energie Réunion) et du PRERURE (Plan Régional des Energies Renouvelables et d’Utilisation Rationnelle de l’Energie). Rappelons que la barre des 100.000 chauffe-eau solaires installés sera atteinte cette année. Cette voie a également été créatrice d’emplois et permettra à notre île d’économiser plus de 500 millions d’euros correspondant au montant actuel de l’importation des énergies fossiles.

La sortie par le développement durable

Le développement durable, c’est également répondre aux préoccupations sociales. Il est urgent de se diriger vers les secteurs créateurs d’emplois comme par exemple les deux grands services, l’un dans l’environnement et l’autre dans l’aide à la personne.
Le modèle a abouti à un système très inégalitaire, les revendications sont donc légitimes. En même temps, avec l’application des APE et l’ouverture des marchés, les économies des DOM vont se retrouver en concurrence avec les pays voisins où les coûts de production sont largement inférieurs.
L’OMC oblige également une ouverture des frontières et la suppression de toute forme de subsides. Le prix du sucre va ainsi être réduit de 36%. Quelle catégorie sociale accepterait une baisse de 36% de ses revenus ?
La sortie ne peut aujourd’hui se faire que par le biais du développement durable.

Risham Badroudine

Outre-merFrançois FillonSpécial 50 ans du PCR

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