Vers l’autosuffisance alimentaire de l’Afrique : conséquence de la guerre en Ukraine
Soudan du Sud : 8,1 milliards de dollars de la Banque africaine de développement pour parer à une crise alimentaire d’ampleur
18 juillet 2022
Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement a approuvé, vendredi 15 juillet 2022 à Abidjan, l’octroi d’un don de 8,1 millions de dollars au Soudan du Sud pour financer son Programme de production alimentaire d’urgence.
Accordé via la Facilité d’appui à la transition, ce don est un financement additionnel, car « il s’inscrit dans le prolongement du Projet de développement des marchés, de création de valeur ajoutée et de commerce dans le secteur agricole (AMVAT), que la Banque finance à hauteur de plus de 10 millions de dollars, explique Nnena Nwabufo, directrice générale du Groupe de la Banque pour l’Afrique de l’Est. L’AMVAT se déroule très bien mais là, Il s’agit de répondre à une situation d’urgence. »
Aggravée par les aléas climatiques, la menace de crise alimentaire plane de longue date sur le Soudan du Sud, qui n’a pas atteint l’autosuffisance alimentaire depuis 2009. Quelque 8,9 millions de personnes (plus de 70 % de la population sud-soudanaise, dont 4,6 millions d’enfants) ont bénéficié d’une aide humanitaire en 2022, soit 600 000 de plus qu’en 2021, d’après le Programme alimentaire mondial. Mais cette menace de crise alimentaire n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui, sous l’effet de la guerre en Ukraine.
Le premier projet du Programme de production alimentaire d’urgence cible 600 000 personnes supplémentaires parmi les plus vulnérables, dans cinq États du pays qui ont récemment subi de graves inondations, causant des centaines de milliers de foyers sinistrés et de lourdes pertes en récoltes et bétail : Bahr el Ghazal septentrional, Haut-Nil, Bahr el Ghazal occidental, Équatoria oriental et Équatoria occidental. Priorité est donnée à celles et ceux qui ont bénéficié d’une aide alimentaire ces dernières années – la moitié sont des femmes.
Objectifs du projet : doper la production et la productivité́ agricoles dans les cinq États, en misant sur l’utilisation de semences améliorées, d’engrais et de services de vulgarisation dédiés aux agriculteurs, outre le renforcement des capacités institutionnelles du secteur agricole.
Concrètement, ce sont 498 millions de tonnes de semences de sorgho, autant de niébé et 10 millions de tonnes de semences de riz qui vont être distribuées aux paysans. Ceux-ci vont également recevoir 30 millions de tonnes d’engrais. « Pour s’assurer de l’efficacité de ces mesures, le projet inclut la formation de milliers d’agriculteurs dont près de la moitié sont des femmes sur les bonnes pratiques agricoles et le bon usage et dosage des engrais », précise Themba Bhebe, directeur-pays du Groupe de la Banque africaine de développement pour le Soudan du Sud.
La conduite à terme du projet devrait entraîner une hausse durable de la production et la productivité agricoles du pays, conjuguée à une hausse des revenus et, partant, à une meilleure qualité de vie des agriculteurs. Il va aussi aider à diffuser les bonnes pratiques agricoles climato-intelligentes et renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Dans le souci d’assurer une continuité́ avec les opérations en cours tout en répondant à l’urgence de la situation, l’exécution du premier projet du Programme de production alimentaire d’urgence est confiée à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), déjà chargée du Projet de développement des marchés, de création de valeur ajoutée et de commerce dans le secteur agricole.
Dans la lutte qu’il mène contre l’insécurité alimentaire en Afrique, exacerbée par la guerre en Ukraine à l’origine d’une flambée mondiale des prix des denrées alimentaires, le Groupe de la Banque africaine de développement a lancé, le 20 mai 2022, la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence, dotée de 1,5 milliard de dollars. Il s’agit de doter quelque 20 millions de producteurs à travers l’Afrique de semences (blé, riz, maïs et soja) et d’engrais de qualité, outre leur fournir de nombreux services d’appui technique. L’objectif est de produire 38 millions de tonnes supplémentaires de denrées alimentaires en Afrique sur les deux ans à venir, d’une valeur de 12 milliards de dollars.