Journées “Esprit d’entreprises“

Sous le signe de la pérennité

6 novembre 2007, par Edith Poulbassia

Dès demain et jusqu’à jeudi, la CCIR accueille les journées de la Création, de la Transmission et de la Reprise d’entreprises. Cette troisième édition insiste surtout sur l’accompagnement des porteurs de projet, pour favoriser la pérennité des entreprises. Car, finalement, à La Réunion le problème n’est pas de créer des entreprises mais de faire en sorte qu’elles prospèrent.

Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée pour créer une entreprise. Faut-il encore savoir construire un projet qui tienne la route. C’est pourquoi la Chambre de Commerce et de l’Industrie, avec la direction du travail, la Caisse des dépôts et l’Agefiph organise à partir de demain les journées de la Création, de la transmission et de la reprise d’entreprises au siège de la CCIR à Saint-Denis et à la Maison de l’Entreprise et de la Formation de Saint-Pierre.
Une troisième édition qui s’articule autour du thème de la “Pérennité des Entreprises”. Car c’est bien à ce niveau que le bât blesse. Personne ne conteste le dynamisme de La Réunion en matière de création d’entreprises. Pour ne citer que les chiffres de l’année dernière, ce sont plus de 5600 entreprises qui ont vu le jour, dont 3927 enregistrées uniquement au registre des commerces et des sociétés. La Chambre de Commerce et de l’Industrie explique ce dynamisme par les mesures politiques : « Le législateur, depuis ces dernières années, s’appuie sur une politique dynamique en matière de soutien à la création d’entreprise et encourage l’initiative par le biais de nombreux dispositifs financiers. Le soutien à l’initiative économique et la diffusion de l’esprit d’entreprise ont constitué un des piliers de l’action du gouvernement depuis 2002. La loi pour l’initiative de 2003, complétée en 2005 par la loi en faveur des PME, a permis de bouleverser l’environnement de la création d’entreprises. Ces mesures ont porté leurs fruits et la Réunion connaît depuis 2002 un réel dynamisme en matière de création : +32% ».
Le problème, c’est que des entreprises se créent mais elles ne durent pas. Seuls 58% des entreprises existent encore trois ans après leur naissance. Pour être plus précis, le taux de pérennité pour les commerces atteint 50,9% après trois ans, 63% pour l’industrie, 77% pour le transport, et 56% pour les services. « A ce jour, et uniquement pour la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, ajoute Bernard Picardo, plus de 2000 entreprises nouvelles ont été créées depuis le 1er janvier et dans le même temps moins de 1000 d’entre elles ont disparues ». Malgré un solde positif de 1000 créations d’entreprises qui se maintiennent, l’échec est important. En ce qui concerne la transmission et la reprise d’entreprises, la CCIR constate que les TPE n’y sont pas bien préparées.

Professionnaliser l’accompagnement des porteurs de projet

Éric Magamootoo insiste donc sur la nécessité d’améliorer, de “professionnaliser” l’accompagnement des créateurs d’entreprises, pour mieux structurer les projets présentés et déceler les projets qui entrent dans « le champ de compétitivité », bref qui sont viables. Ce qui éviterait que des entreprises mettent la clé sous la porte à cause de difficultés financière ou par manque de débouchés. « On ne peut pas faire du social en matière d’entreprise, insiste le président de la CCIR. Il faut se conformer au droit pénal. Quand une entreprise est en cessation de paiement, il est de notre responsabilité de l’accompagner pour le dépôt de bilan ». Mais il serait encore mieux d’évaluer les chances de survie des nouvelles entreprises au moment de l’examen du projet, car ces créations ont un coût pour la société.
Restauration, TIC, reprises d’entreprises des parents, bâtiments, conducteurs d’engins (Route des Tamarins) sont les exemples les plus fréquents de projets de création d’activités. Les journées Esprit d’entreprises réunissent dans un même lieu l’ensemble des acteurs économiques, institutionnels et privés qui interviennent que le porteur de projet est amené à rencontrer dans son parcours : les chambres consulaires, les partenaires du réseau Points Chances, les organismes d’accueil et d’orientation des demandeurs d’emploi, les banques et organismes financiers, etc. Des ateliers et des conférences ont lieu pendant ces deux jours autour de 6 thèmes. “Comment créer son entreprise ?”, “Comment transmettre et reprendre ?”, “les services à la personne”, “le financement de la création à la reprise”, “comment pérenniser les entreprises ?”, et enfin “le demandeur d’emploi et la création d’entreprise”.
Ces journées viennent renforcer les actions d’accompagnement qui ont lieu tout au long de l’année. La CCIR organisent des sessions de formation, comme “5 jours pour entreprendre”, ou “la matinée du créateur”. Des séances en partie gratuites, ouvert aux porteurs de projet. La Chambre de Métiers accompagne une centaine d’artisans après leur installation. La Caisse des dépôts a soutenu la création de deux fonds de prêts d’honneur, l’ADIE et Réunion Entreprendre, soit 530.000 euros. Depuis 1999, ce sont 500 prêts d’honneur qui ont été octroyés. Cette année, la caisse des dépôts s’est proposée de cofinancer les Services d’Amorçage de Projets (SAP) (dans les quartiers qui sont sous convention ANRU), qui détecte les futurs créateurs d’entreprises et les oriente vers les organismes d’accompagnement. La Direction du travail et de l’emploi, qui favorise l’emploi salarié, se consacre aussi à l’insertion professionnelle grâce au PIJ (Projet Initiative Jeune). Une mesure issue de la LOOM et qui devrait être maintenu. « Nous voulons atteindre l’objectif de 750 PIJ cette année, nous en sommes à 525 en octobre », précise Denise Honh Hoc Cheong de la Direction du travail. Les journées “Esprit d’entreprises” y contribueront peut-être.

Edith Poulbassia


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