Les agents d’E.D.F. dans la rue

Soutien de la Région contre la privatisation d’E.D.F. et pour le maintien du service public

9 avril 2004

Hier, les agents EDF de l’île étaient dans la rue, tout comme leurs collègues métropolitains. Tous se mobilisent contre le projet visant à privatiser le service public et souhaitent faire la lumière sur ce dossier. Pour eux, le projet de loi relatif à la transformation du service public de l’électricité et du gaz en sociétés anonymes reste une provocation, au rang de toutes les provocations faites par le gouvernement. Ils choisissaient de manifester leur refus, le jour même où le Conseil d’État examinait ledit projet de loi, examen qui précède la soumission du dossier au Conseil des ministres.

Le personnel d’EDF s’était rassemblé hier matin au siège d’EDF rue Sainte-Anne, pour descendre ensuite dans les rues de Saint-Denis jusqu’à la préfecture, en passant par le Conseil régional. L’Intersyndicale (CGTR-FO-CFDT-CFTC) marquait clairement son refus de la privatisation de la société, précisant qu’elle n’est pas une alternative favorable à la démocratisation de l’énergie à La Réunion. La conséquence inévitable de cette décision parisienne : privatisation rime avec augmentation substantielle de la facture, vérifiée déjà dans les pays européens, comme l’Allemagne (16,5%), la Finlande (33%).
À côté de cela, il demeure la question de l’insécurité et des coupures accrues. Les exigences en matière de sécurité, parce qu’elles coûtent chères, seront revues à la baisse. Les coupures d’électricité en Espagne comme en Italie (près de 6 millions de clients concernés) mettent en évidence, selon un document de l’Intersyndicale, "les graves dysfonctionnements que peut entraîner, pour les usagers, la gestion par le secteur privé du service public de l’électricité". La rémunération des actionnaires primerait sur les investissements en moyens de production et de développement du réseau. Et ce sera aux usagers de débourser...
Ainsi, l’Intersyndicale compte défendre le choix du service public et de la solidarité, pour garantir la qualité, un prix stable et juste, et ainsi défendre un service équitable accompagné d’un professionnalisme reconnu.

Motion remise au président de la Région

Pour faire entendre leurs doléances, les agents EDF ont organisé une opération “escargot”, paralysant la rue de Paris vers la rue Monthyon. Puis ils se sont rendus à l’hôtel de Région afin d’y déposer une motion. Pierre Vergès et Raymond Mollard accueillent la délégation de syndicats, le président s’excusant de ne pouvoir le faire, en raison de la mise en place de la Commission permanente et d’une réunion préparatoire sur le projet de décentralisation. Peu après, il entendra les doléances des agents EDF dans l’hémicycle.
Les syndicats interpellent le président de la Région sur les enjeux de cette casse du service public. "Nous comptons vivement sur la nouvelle composante du Conseil régional pour maintenir le service public", lui dira un membre de la délégation syndicale, en lui demandant de communiquer au Premier ministre la ferme volonté des agents EDF de maintenir un service public équitable et fiable, ainsi que - et cela coule de source - leur refus de la privatisation.
Dans l’hémicycle, une motion sera lue et remise à Paul Vergès, attirant notamment l’attention sur une décision libérale, qui va à l’encontre du bien collectif des usagers et des agents des Industries électriques et gazières.
Les agents demandent le retrait pur et simple du projet de privatisation d’EDF, qu’ils considèrent néfaste pour la cohésion nationale et l’aménagement du territoire.
Ce projet de loi, qui n’est pas imposé par la Communauté européenne mais par le gouvernement, compromettrait les objectifs d’égalité de traitement, de solidarité, de facturation des énergies au coût de revient, de défense de l’environnement. À côté de cela, il est question de dégradation des conditions de travail et du statut de tout un corps de métier. C’est leur inquiétude que les grévistes sont venus exprimer au président de la Région Réunion.

"Faire de la bataille de l’énergie, la bataille des Réunionnais"

Après les doléances de l’Intersyndicale, Paul Vergès intervient à son tour en rappelant l’importance de faire participer l’opinion publique aux revendications. "Mais comment amener l’opinion publique à adhérer à nos thèmes ?", demande-t-il à l’assemblée. Trois points sont au moins nécessaires. Et il importe que les Réunionnais soient informés, afin qu’ils comprennent les tenants et aboutissants de la question de l’énergie.
Le premier point concerne le problème de la production, mettant en exergue les inconvénients dus au délestage et aux coupures de courant. Deuxièmement, il faut que le problème de la facturation soit compris par l’ensemble des usagers. En effet, si l’État se désengage de sa mission, c’est dans la claire perspective de dépenser moins, au détriment des petits portes-feuilles. "C’est l’application maximum de l’ultra-libéralisme", déplore Paul Vergès.
Et puis - et c’est sûrement la question qui préoccupe le plus le président de la Région - l’avenir énergétique de La Réunion. Il propose entre autres la tenue d’États Généraux de l’Énergie de La Réunion, tout en se questionnant sur l’introduction de l’énergie dans le raisonnement des Réunionnais, au même titre que le logement et le transport. "Il faut faire de la bataille de l’énergie, la bataille des Réunionnais", exhorte-t-il.
Quant au projet de démantèlement de la centrale électrique du Port, Paul Vergès rassure les agents. Son démantèlement ne sera programmé que dans la perspective du remplacement de la plate-forme de production. Pour l’heure, il n’est pas encore question de sa disparition.
Après la rencontre avec le président de la Région et l’adoption d’une déclaration, c’est à la préfecture que se rendaient les manifestants, afin d’y déposer la même motion auprès du préfet de La Réunion.

Bbj


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus