Quel partenariat possible avec Maurice en pleine stratégie de reconquête ?

Tourisme : Les promesses de Didier Robert à l’épreuve de la réalité

1er juin 2010

Lettre d’information des professionnels du tourisme, ’Tourmag’ donne un coup de projecteur sur la situation de ce secteur à Maurice. Alors qu’à La Réunion la fréquentation touristique a augmenté et Air Austral a continué à se développer, c’est l’inverse chez nos voisins où le nombre de touristes a baissé tandis que Air Mauritius a dû réduire son activité. Lors de la campagne électorale, Didier Robert n’a eu de cesse de critiquer l’Ile de La Réunion Tourisme et a dit qu’il allait mettre en place un partenariat avec Maurice sur le plan du tourisme. Les faits montrent que si c’est cette voie qui est suivie, la catastrophe s’amplifiera. Car comme le montre cet article de ’Tourmag’ dont nous reproduisons ci-après de larges extraits, les professionnels mauriciens sont loin de rechercher la complémentarité avec notre île. Ils continuent à accélérer le rythme de construction de nouveaux hôtels en visant à répondre à la demande de l’Inde et de la Chine.

On a vu pour la première fois, l’année dernière, des licenciements dans l’hôtellerie à Maurice", confie discrètement l’employée d’un réceptif du crû.
Et oui, l’hôtellerie mauricienne n’est plus l’Eldorado que l’on a connu.
Certes, globalement, la destination préférée des touristes français dans l’Océan indien, poursuit sa progression en termes de fréquentation.

Moins 6,4% de touristes en mois

Les Français, premier marché émetteur en nombre d’arrivées, enregistrent encore une augmentation de +10,9% pour la France Métropolitaine et de +9,9% pour La Réunion.
Et force est de reconnaître que, par rapport aux autres destinations, "Maurice n’a pas connu la baisse catastrophique que l’on nous prédisait, souligne Karl Mootoosamy, directeur du MTPA, chargé de la promotion de la destination. "Notre chute de fréquentation s’est limitée à 6,4%..."
Pourtant, structurellement, la donne a changé. Tout d’abord, la crise est passée par là avec son cortège de ventes de dernière minute et de perte du pouvoir d’achat.
La demande a "glissé" et c’est l’hôtellerie de luxe qui, la première, a trébuché.
Les résultats des grands groupes se sont fortement dégradés, à l’image de Naïade Resort qui affiche des pertes de près de 50 millions de roupies au dernier trimestre, alors qu’en 2009 il affichait un bénéfice de près de 11 millions pour la même période !

Crise dans l’hôtellerie de luxe

Même revers pour Rogers & Co (Heritage Le Telfair Golf & Spa), et ses deux établissements dont les profits ont, eux-aussi plongé de 51% malgré des revenus en hausse de 36%. Et pour clore ce chapitre, New Mauritius Hotels (NMH), lui aussi, affiche un recul de 25,3% au dernier trimestre.
Un effet qui a fait boule de neige avec l’appréciation de la roupie vis-à-vis des devises européennes et notamment de l’euro. Le nuage de cendres n’a, évidemment, rien arrangé...
Et l’amélioration de la situation pourrait attendre encore, car il n’y a pas de pause prévue dans l’offre d’hébergement toujours en hausse.
"En une année, explique le gérant d’un 5 étoiles, le parc de chambres de luxe a augmenté de... 115% ! Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? Nous sommes aujourd’hui en baisse de 40% en taux d’occupation par rapport à l’année dernière."
Une situation que confirme le directeur marketing d’un autre établissement. "Le RevPar de l’hôtellerie de luxe n’est plus du tout le même. Avant, une chambre luxe était amortie en 8 ans. Aujourd’hui, avec les coûts et la crise, ce ratio n’est plus du tout d’actualité...’’

Les grands resorts n’ont plus la cote...

La solution ? Pratiquer des tarifs moins chers, bien sûr et allonger la saison. Le nouveau ministre du tourisme, Nando Bodha y travaille. Pour autant, les coûts de l’aérien qui, lui aussi souffre, ne permettent pas d’appuyer cette nouvelle stratégie marketing.
"Avec un billet à 1200 euros au départ de la France, nous avons beau consentir des réductions sur la chambre, cela ne fera pas venir les touristes", déplore un autre hôtelier.
Autre effet dévastateur : la clientèle, en particulier française, ne prise plus les resorts gigantesques où il faut marcher 10 minutes pour aller de la chambre au restaurant.
Elle lui préfère les petits "boutique hôtel", plus intimes et conviviaux. Ou bien ceux dont la qualité du service et l’originalité des prestations les rendent incontournables. (…)

Contacts avec l’Inde et la Chine

Cette année encore, de nouveaux établissements devraient sortir de terre. Alors les professionnels recherchent des parades pour éviter le trop plein. C’est par exemple le cas de l’Anahita Resort dont la formule repose sur un concept original qui fait penser à celui de Pierre & Vacances en France.
Tous ces éléments tirent globalement vers le bas tarifs et revenus. L’arrivée de Marmara n’a pas apaisé les esprits. Le TO propose sur son site un séjour d’une semaine au Club Marmara Mauritius 4**** en all inclusive à... 899 euros !
Pour une destination qui revendique volontiers une image de luxe et d’"expérience unique", comme rappelait dernièrement dans une interview le nouveau ministre du tourisme, voilà qui fait désordre.
Alors, l’ensemble de l’hôtellerie mauricienne courbe le dos en attendant que l’orage passe. Mais d’ores et déjà, les pouvoirs publics louchent vers de nouveaux horizons et rêvent de marchés exotiques.
Si la clientèle européenne reste l’"épine dorsale" de l’industrie touristique, le formidable essor de la Chine et de l’Inde, pays dont la culture n’est pas étrangère, loin s’en faut, à l’Ile Maurice, suscite des vocations et des projets.
L’Ile a déjà reçu des propositions très concrètes de la part de voyagistes chinois pour des établissements de 2 ou 3.000 chambres (!) spécifiques et adaptés à la clientèle asiatique.
"Nous ne pouvons envisager un tel tourisme de masse, compte tenu de l’image de Maurice..."
, réfute Karl Mootoosamy.
Mais force est de constater que l’Ile est de plus en plus partagée entre la nécessité de continuer à faire vivre ses hôteliers et celle du paradis réservé (pour combien de temps encore ?) à quelques happy fews...

Didier Robert

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