Quinzaine du Commerce Équitable au Tampon

Tout commence par une tasse de café équitable

9 mai 2007

Le Tampon s’engage à promouvoir la consommation citoyenne, et devient la première commune des DOM à signer la charte du Commerce équitable. En France, 500 villes s’engagent pour le commerce équitable. La Mairie du Tampon prouve que les collectivités locales peuvent entreprendre une démarche équitable. Mais aussi solidaire, et écologique ...

Jour d’élection. Un membre du service communication de la Mairie du Tampon m’invite à prendre un café, juste à l’entrée du premier bureau électoral. Un distributeur de café équitable, de la société ECODISTRI, est à la portée du personnel de la Mairie. Cafés, thés et chocolats, estampillés Max Havelaar, sont offerts pendant une semaine encore à la Mairie du Tampon et dans les Mairies annexes, pour que tout un chacun se fasse une idée de ces produits, déguste un produit de qualité, et comprenne l’importance de leur achat, un achat citoyen à la destination des petits producteurs de pays pauvres. Le Tampon n’est certes pas la collectivité locale initiatrice de la démarche en France, puisque les pionniers dans la consommation de produits équitables furent l’Élysée, le Sénat, l’Assemblée Nationale, quelques ministères, des Conseils Régionaux et Généraux et quelques villes. Mais Le Tampon ouvre une voie à La Réunion, et même à travers les autres Départements d’Outre-Mer. La commune du Sud devient la première commune des DOM à s’engager ouvertement pour le commerce équitable, en adhérant à la charte du Commerce équitable.

Partenariat avec Equicom.OI

En novembre 2006, lors de la semaine de la solidarité internationale, la Mairie avait été interpellé sur cette alternative et s’engageait aux côtés de Max Havelaar pour le commerce équitable. Donner, toujours donner au pays pauvre. Et si on respectait tout simplement leur travail, en rémunérant les producteurs au prix juste. La démarche a fortement intéressé la commune du Tampon, qui a traduit concrètement son implication par son adhésion à la charte du Commerce équitable. Sur le terrain, c’est avec l’association Equicom.OI que le travail de promotion du commerce équitable se traduit. Cette association présidée par l’artiste André Béton a pour objet de « promouvoir et de développer toutes les initiatives et entreprises relatives au Commerce Equitable et/ou Ethique, notamment l’ouverture d’un petit magasin spécialisé dans la vente de produits labellisés équitable ou en cours de labellisation, et des produits de petits producteurs réunionnais (artisanat, épicerie fine, essence ou huile essentielle...) ». La municipalité, outre une subvention annuelle de fonctionnement de 52.000 euros, concède à titre gracieux un local, juste à côté des grands kiosques du Bourg Murat. Cela permettra par la même de contribuer au développement économique de Bourg Murat, la commune ne délaissant pas les potentialités du commerce solidaire, avec les producteurs de La Réunion.

De l’économie solidaire

Depuis longtemps, les producteurs locaux demandaient aux élus que leurs produits soient aussi achetés par les collectivités locales. Cette logique de commerce solidaire avec les petits producteurs réunionnais se concrétise par l’octroi de marchés communaux. L’assiette des écoliers tamponnais est ainsi garnie par des produits du terroir. On rappelle alors volontiers que Le Tampon est un grenier agricole, et notamment la Plaine des Cafres. Assurant 60% de la production laitière, 35% de la production en viande bovine, 12% de la viande de la volaille, les producteurs appelaient légitimement à la prise en compte de leur possibilité d’alimenter les cuisines centrales. La Mairie du Tampon ne pouvait se dessaisir de cette réalité. Cela a néanmoins un coût, supporté par la commune, en respect de la législation. Peut-être est-ce maintenant en vigueur dans toutes les communes ? Nous le souhaitons naturellement. On connaît la situation de nombreux petits producteurs, et la contribution des collectivités locales est d’une importance capitale. Achetons équitable, on est en accord avec le principe. Achetons péi. Si « nos achats ici changent leur vie là-bas », slogan du label Max Havelaar, le principe vaut aussi pour les nôtres. Nos achats ici changent leur vie, « ici ». Ce commerce « de proximité » est aujourd’hui la norme !

Du geste équitable au geste écologique

« Commerce équitable, c’est tendance », disent certains. « Il ne s’agit pas de céder à un effet de mode, mais de nous intégrer dans un mouvement qui correspond à des valeurs et à des idées que nous souhaitons développer dans notre collectivité » répond la mairie, qui entend mener à bien sa politique de développement durable, en harmonie avec la protection de l’environnement, tout en faisant la promotion des Tamponnais. Le Tampon veut faire de ses administrés, des citoyens formés, informés, acteurs du développement de la commune. Cela se traduit déjà par son implication pour le commerce équitable, et l’économie solidaire. Mais les Tamponnais, comme tous les Réunionnais, doivent regarder l’avenir de la planète, et l’impérieuse nécessité de la préserver. C’est d’ailleurs une exigence d’une politique de développement durable. L’harmonie avec l’environnement consiste en premier ressort à savoir traiter nos déchets. Le tri sélectif est recommandé bien sûr. Mais le constat pour 2007 reste consternant : « plus de 40% des déchets collectés dans les bacs jaunes du Tampon finissent à la décharge de la rivière Saint-Étienne, alors même qu’il s’agit de déchets recyclables » reconnaît le magazine “Tampon Magazine” d’avril 2007. L’information auprès des Tamponnais pour mieux trier les déchets, s’intensifie. Depuis le mois dernier, la CCSud a recruté des ambassadeurs du tri, qui parcouront écoles et habitations pour informer la population. Autre point notable : la création d’une station de broyage au 30ème kilomètre à La Plaine des Cafres. Branchages et tronc de bois sont séparés des déchets verts. Commence alors le broyage des déchets verts pour devenir du compost, récupéré gratuitement par les Tamponnais pour leur jardin. Le bois et branchages serviront pour cuisiner ou se chauffer. C’est aussi du développement durable...

Willy Técher


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