Le gouvernement veut rassurer

Trois banques reconnaissent un risque de plus d’un milliard d’euros

17 septembre 2008

Toutes les mesures sont prises pour « minimiser les répercussions » de la faillite retentissante de Lehman Brothers, affirme le gouvernement. Pendant ce temps, trois banques françaises annoncent que plus d’un milliard d’euros sont en jeu du fait de la faillite de la quatrième banque des Etats-Unis.

L’impact de la faillite de Lehman Brothers sur les banques françaises devrait être contenu en raison de leur exposition limitée à la quatrième banque d’investissement américaine, a déclaré lundi la ministre des Finances, Christine Lagarde.
Dans un communiqué, elle a indiqué qu’elle s’était assurée, de concert avec le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et le président de l’Autorité des marchés financiers, Michel Prada, « que toutes les mesures étaient prises pour minimiser les répercussions » de cette crise en France.
« Les autorités françaises suivent la situation du groupe Lehman Brothers en étroite concertation avec les autres autorités concernées, tant au plan international qu’européen, qui agissent en vue de préserver le bon fonctionnement des marchés et des systèmes financiers. Elles restent en relation étroite avec l’ensemble des acteurs du marché qui entretiennent des liens d’affaires avec le groupe Lehman Brothers », souligne le communiqué.
Pour leur part, plusieurs banques françaises ont annoncé officiellement ce que pourrait leur coûter la faillite de Lehman Brothers.
« Première à réagir hier, dès le milieu de la matinée, Axa a fait savoir que son exposition nette à la dette de la banque d’affaires américaine, après participation bénéficiaire et après impôts, s’élève à 300 millions d’euros », note Investir.fr.
Notre confrère constate que « chez Dexia, les expositions directes au risque de crédit sur des obligations à long terme et non garanties chez Lehman Brothers atteignent 500 millions d’euros. La banque franco-belge a par ailleurs fait part d’un risque de contrepartie, portant sur 1,5 milliard d’euros de dettes collatéralisées (avec des actifs en garantie), ainsi que d’une transaction de prêt de bilan pour 282 millions d’euros ».
Troisième à avoir réagi, Natixis annonce un risque net de 21 millions d’euros « auquel il faut notamment ajouter divers risques de contrepartie pour 14 millions d’euros, ainsi que des opérations de prêts-emprunts pour 267 millions d’euros, surcollatéralisées par des portefeuilles de titres liquides ou du cash protégeant à ce jour Natixis de tout risque de contrepartie sur ces opérations ».
Les trois autres grandes banques françaises, Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas, n’ont pas officiellement communiqué sur leur exposition à la banque d’affaires américaine.
Le Crédit agricole a fait état, par l’intermédiaire d’un porte-parole, d’une ligne de crédit garantie accordée à Lehman Brothers, dont le montant n’a pas été divulgué. Seul BNP Paribas figure dans les documents de dépôt de bilan transmis par la banque américaine à la SEC, le régulateur des marchés financiers à Wall Street, pour une ligne obligataire de 250 millions de dollars (170 millions d’euros). La banque a également signalé à des analystes des garanties d’appels de marge sur Lehman Brothers pour un montant de 200 millions de dollars (140 millions d’euros), bénéficiant de collatéraux de bonne qualité. BNP Paribas n’a pas souhaité confirmer ces différents chiffres, mais a précisé que son exposition « est tout à fait gérable pour une banque de notre envergure ».


Intervention des banques centrales pour gagner une journée

Plus de 120 milliards de dollars pour éviter le krach

Hier, tout le monde reconnaissait l’existence de la pire crise financière. Si, hier, le krach n’a pas eu lieu, c’est notamment parce que les banques centrales ont injecté plus de 120 milliards de dollars en une journée.

Sur les marchés asiatiques, qui étaient fermés lundi, l’indice Nikkei a reculé mardi de 4,95%, tandis que la place de Hong-Kong perdait 5,23 % et celle de Shanghai 4,47%. Après leur journée difficile de lundi, la baisse se poursuivait aussi en Europe, où Paris, Londres et Francfort reculaient de l’ordre de 1,5% après avoir cédé respectivement 3,78%, 3,92% et 2,74% la veille. Quelques heures après avoir vu l’indice Dow Jones à Wall Street terminer en baisse de 4,42%.
« Aux Etats-Unis comme en Europe, le secteur financier a été la principale victime de la correction boursière. Mais si la baisse a été sévère, le "krach" tant redouté, soit une baisse de plus de 10% en une seule séance, a toutefois été évité », écrit "Le Monde".
Le quotidien cite « l’intervention des banques centrales ».
« La Banque du Japon (BoJ) a promis, mardi, de veiller à la "stabilité des marchés", en annonçant l’injection de 2.500 milliards de yens (16,8 milliards d’euros) pour apaiser les tensions sur le marché monétaire », écrit notre confrère. L’Europe est également touchée puisque la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE) ont alloué respectivement 30 et 6,3 milliards d’euros dans la matinée de lundi.
Quant aux Etats-Unis, « la Fed a mis à la disposition des banques 70 milliards de dollars de liquidités ».


Première conséquence : Le crédit sera plus cher

Lors d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes d’information sociale, la ministre des Finances a évoqué des répercussions immédiates de la crise financière.
« Cela va forcément entraîner des tensions sur les spreads de taux qui vont entraîner un renchérissement du crédit dans les semaines qui viennent », a-t-elle dit. « C’est un effet indirect immédiat, mais il y en aura d’autres », a-t-elle dit sans préciser lesquels.

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