Trouver sa voie face au nouveau contexte mondial

30 mai 2008, par Risham Badroudine

La Réunion a connu des dates déterminantes qui ont marqué son histoire. Le 20 décembre 1848 marque l’abolition de l’esclavage. Selon les historiens, 62.000 esclaves qui avaient été arrachés principalement du continent africain sont libérés. Ces personnes désertent les grandes plantations et sont très vite remplacées par une nouvelle main-d’œuvre qui, à son tour, est arrachée au continent asiatique et africain : les engagés.

Entre 1848 et 1870, l’Inde et l’Afrique de l’Est deviennent les réservoirs de bras de la colonie. (De 1826 à 1883, plus de 66.000 Indiens, venus principalement du Sud de l’Inde, ont été recrutés comme engagés à l’île de La Réunion). Ces engagés sont traités de la même manière que les esclaves. C’est le 11 novembre 1882 que le gouvernement britannique décide d’interdire définitivement cette migration. Le 19 mars 1946, La Réunion devient département français. Le statut de colonie est enfin aboli grâce à deux députés, le docteur
Raymond Vergès et Léon De Lépervanche. Après ce vote historique de la loi du 19 mars 1946, il a fallu plus de 40 ans de luttes pour obtenir l’extension des lois sociales. Aujourd’hui, face au contexte mondial et national, La Réunion doit se prendre en main et aller de l’avant. La génération actuelle doit trouver la voie nouvelle afin de répondre aux problèmes d’aujourd’hui comme ont pu le faire les acteurs des périodes précédentes.

Dans quelle situation se trouve actuellement la France ?

L’économie française, et occidentale en général, fait face à une crise. Selon les premiers résultats de l’Insee, le PIB français a progressé de 0,6% au premier trimestre 2008. Les économistes tablent sur une croissance annuelle inférieure à 2% pour cette année. Plusieurs indicateurs de l’économie française sont actuellement dans le rouge :

• Comparée aux autres pays européens, la richesse par habitant est en dessous de la moyenne européenne :

La richesse par habitant de la France se situe en dessous de la moyenne européenne.

• Des parts de marché à l’export qui ne cesse de régresser :

La part des exportations de la France régresse dans la zone Euro.

• Un secteur secondaire en déclin :

Les industries se délocalisent vers d’autres pays.

• Des dépenses publiques au-dessous de la moyenne européenne :

Les dépenses publiques de la France restent largement supérieures à la moyenne européenne.

• Face à cela, les pays du Sud progressent et en particulier les deux géants de l’Asie, à savoir la Chine et l’Inde, dont les taux de croissance économique avoisinent respectivement les 10% et 9%.

La Chine et l’Inde deviennent les champions de l’exportation.


Face à cette crise en Occident, dont le poids dans l’économie mondiale ne cesse de régresser depuis quelques années, il faut ajouter la crise mondiale qui frappe actuellement les matières premières comme le riz, le blé ou encore l’acier (1). Rappelons que l’industrie alimentaire est le poste d’importation le plus important de l’économie de notre île avec 553 millions d’euros en 2006 (soit plus de 14% de notre déficit commercial).
La Réunion est par conséquent aussi touchée par cette envolée des prix des matières premières qui a un impact sur le pouvoir d’achat de la population du fait de notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Deux agrégats nous permettent d’analyser cette dépendance :

- le déficit de notre balance commerciale qui représente aujourd’hui près de 3,6 milliards d’euros. L’importation représente en valeur 3,9 milliards d’euros contre 238 millions d’euros d’exportations (2).

- à côté de cela, le poids des transferts publics. Il représente 40% du PIB local (chiffre de l’IEDOM). Par rapport aux autres DOM, les transferts représentent un poids plus important dans notre économie (Transferts/PIB = 30% dans les Antilles).
Les chiffres nous montrent que ces transferts évoluent de 6,5% par an en moyenne sur 10 ans. Sur la période 1997/2002, le solde des transferts a évolué de 8,4%/an contre 1,6%/an sur la période 2003/2005. On observe donc un ralentissement du rythme des transferts (en euros constants, ces transferts ont même régressé si l’on déduit le taux d’inflation). Ces derniers doivent être compensés par de la valeur ajoutée créée localement (production locale) si l’on veut maintenir notre rythme de croissance.

Actuellement, l’Europe propose à ses partenaires ACP de remplacer les Accords de Cotonou par des Accords de Partenariat Economique (APE). Quelle doit être l’attitude de La Réunion ?
Les APE auraient du rentrer en vigueur au 1er janvier 2008, mais un délai d’un an a été accordé. La Réunion doit se mobiliser pour préserver son intérêt dans l’accord définitif. Il est aujourd’hui essentiel pour notre île de mettre l’accent sur le co-développement entre les pays de la zone. Face à ce contexte national et mondial, la nouvelle génération doit trouver la voie pour répondre aux problèmes actuels.

Risham Badroudine

(1) “Témoignages” du 25 avril 2008. “Riz : la consommation mondiale supérieure à la production”.
(2) Témoignages du 21 mai 2008. “L’heure de la responsabilité"

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