Le bilan du Président Minatchy se veut exemplaire, « plus que positif », à en croire ses propres déclarations. « Remettre la Chambre sur les rails », c’est le mot d’ordre de la Chambre verte, qui se félicite d’avoir pu faire des économies. Le président aurait donné l’exemple, en supprimant son salaire de président et refusant une voiture de fonction, tandis que les élus de la Chambre ont accepté une diminution de 37% de leurs indemnités. Une première dans les institutions de la République ?
Le 1er mars 2007, l’équipe de Jean-Yves Minatchy héritait d’une situation financière difficile. « Pour rappel, la Chambre d’Agriculture de La Réunion était en déliquescence caractérisée par un budget primitif non voté au 22 mars 2007, une trésorerie négative de moins 2 millions 200.572 euros, une gestion partielle des ressources humaines, des équipes techniques démotivées et une gestion financière à vue avec des dépenses incontrôlées », faisait remarquer Jean-Yves Minatchy. Les missions dans l’hexagone sont par exemple cantonnées aux seules nécessités « absolues », notamment des entretiens avec le gouvernement après les élections présidentielles et législatives, et les sessions APCA. Les frais de transport et de missions ont été diminués de 73%. Et les salariés de la Chambre verte ont du changer leur habitude, pour participer à ce souci d’économie. Ils doivent optimiser leurs déplacements sur le terrain.
Jean-Yves Minatchy relève par ailleurs un premier succès de la réorganisation du fonctionnement de l’institution dont il a la charge. Bref, la Chambre verte a fait des économies, se félicite d’avoir un fonds de roulement positif de 109.000 euros, contre moins 120.000 euros en 2006. La Chambre consulaire veut aller plus loin. « La dotation ayant diminué de 10%, il faut faire les efforts qui s’imposent pour redresser totalement la situation financière de l’institution », déclarait Jean-Yves Minatchy. 460.000 euros d’économies en 2007, cela tient du record !

Maintenir l’emploi

Le président de la Chambre d’Agriculture en appelle au travail, pour faire avancer la cause de l’agriculture réunionnaise, et de la profession. C’est quasiment une confession intime qu’il confie à la presse. Son équipe et lui-même, en dépit de tous les efforts consentis pour revenir à une santé financière, éprouvent bien du mal avec quelques irréductibles opposants, une poignée de cadres et quelques salariés sur les 180 salariés de l’institution. « On ne peut pas accepter plus de 40% de salariés qui ne font pas 5 heures de travail par jour », déclare Jean-Yves Minatchy, notant par souci d’atténuation que la généralisation n’est pas de mise. Pour autant, c’est un appel au travail.
Jean-Yves Minatchy rappelle qu’il a toujours été au service de l’emploi, citant les mémorables batailles au Port et à Bois-Rouge pour sauver l’emploi. Il n’était donc pas question de se livrer à une chasse aux sorcières, même si de nombreux abus auraient été relevés.
Pas de réduction non plus de l’effectif de salariés. Le président de la Chambre d’Agriculture se prononce en faveur du maintien de l’emploi. Et pour cause ! La Chambre verte sera ouverte 5 jours par semaine, le président rappelant que la situation des salariés de son institution est bien meilleure que dans bon nombre d’organismes agricoles. « Nous allons poursuivre la réorganisation que nous avons commencée depuis 2007. C’est un recentrage. On va encore le faire. C’est une nécessité », déclarait Jean-Yves Minatchy. N’allez pas croire que cela se fait au détriment de la proximité de terrain, chez les agriculteurs.
Les techniciens rencontrent 32 agriculteurs par jour, ce qui était loin d’être le cas sous l’ancienne présidence, fait remarquer Jean-Yves Minatchy ! En parlant d’emploi, la Chambre verte a fait un effort considérable dans les contrats d’apprentissage. Pas moins de 197 contrats pour l’année 2007.

Willy Técher

FEADER

« Nous serons obligés d’être en face »

La rencontre avec la presse aura été l’occasion de revenir sur un dossier important, qui dérange, celui du FEADER. Le problème est du au fait que la profession agricole a tout bonnement été écartée du comité local de suivi. Et de constater une remise en cause de l’article 299-2 du Traité d’Amsterdam. « La question qui se pose aujourd’hui : à quoi sert l’article 299-2 du Traité d’Amsterdam, où les agriculteurs, les éleveurs et les filières végétales sont concernés », demande Jean-Yves Minatchy. Cet article qui reconnaissait les spécificités des Régions Ultrapériphériques (RUP) se voit spolier de la mention « mesures spécifiques », laissant présager des diminutions d’aides, voire des suppressions.
Jean-Yves Minatchy se dit saisi de ce dossier, déplorant par ailleurs l’attitude des autorités, qui préfèrent illustrer l’expression « zorèy koshon dann marmit poi ». Jean-Yves Minatchy, homme fort de la lutte agricole à La Réunion, promet de ne pas laisser tomber l’affaire. « Nous serons obligés d’être en face », déclarait-il. Est-ce que cela se fera de manière interprofessionnelle ? Le 16 avril prochain, les 3 présidents des Chambres consulaires de La Réunion (Commerce et de l’Industrie, de l’Artisanat et de l’Agriculture) seront reçus par le ministre de l’Outre-mer. Il y a 2 jours, Jean-Yves Minatchy, Eric Magamootoo et Franck Robert se sont rencontrés. Et d’ici une semaine, au cours d’un point presse donné communément, ils communiqueront leurs propositions. Hier, Jean-Yves Minatchy ne s’est pas davantage étendu sur le sujet.