La fin du système du colonat

Un combat vieux d’au moins 60 ans

20 octobre 2005

Le 21 février 1946, nouvellement élus députés à l’Assemblée constituante, Raymond Vergès et Léon de Lepervanche déposaient un projet de résolution visant à améliorer le sort des colons réunionnais ’un des plus misérables qui soit’, expliquaient-ils. Ils n’ont malheureusement pas pu faire aboutir leur proposition.

En première lecture, l’Assemblée nationale vient d’adopter un amendement présenté par Huguette Bello décidant la suppression du système de colonat. La suite du débat parlementaire confirmera sans aucun doute cette juste décision.
Hérité du Moyen Age, le colonat a été étendu et développé à La Réunion sous la colonisation. Il est resté jusqu’à ces jours-ci un mode de production agricole. Il a souvent et régulièrement été dénoncé comme un système archaïque et dégradant d’exploitation de petits planteurs par des “gros” propriétaires.

Projet de résolution

Dans deux jours, nous célébrerons le soixantième anniversaire de l’élection, le 21 octobre 1945, de Raymond Vergès et de Léon de Lepervanche comme députés à la première Assemblée constituante.
L’Histoire a retenu que ces deux élus ont été les auteurs de la proposition de loi demandant la transformation de La Réunion en un département. Une action couronnée de succès avec l’adoption de la loi du 19 mars 1946.
Dans leur combat contre les injustices sociales et pour sortir La Réunion de la misère, les deux parlementaires tentèrent, pendant la courte durée de leur mandat, de faire voter plusieurs mesures économiques ou sociales. Souvent en vain.
Ainsi, le 21 février 1946, ils déposèrent un projet de résolution tendant à "améliorer, dans le plus brefs délais, la condition des colons partiaires (métayers) de La Réunion". "Le sort du colon réunionnais est un des plus misérables qui soit ; il est le type parfait de l’esclavage (...) Or, si à un moment quelconque et pour telle raison qu’il ignore, le colon cesse de plaire à son maître, celui-ci peut le chasser, et, à la moindre velléité de résistance, faire enlever la porte de sa chaumière, disperser ou confisquer sa récolte, appeler à la rescousse le gendarme", expliquaient les deux députés communistes. Raymond Vergès et Léon de Lepervanche demandèrent donc que des dispositions soient prises pour protéger le colon et améliorer leur sort.

Un logique prolongement

Malheureusement leur proposition ne put être examinée par l’Assemblée constituante élue en 1945 et dont le mandat s’acheva en mai 1946.
Soixante plus tard, leur combat trouve un logique prolongement dans l’amendement déposé par Huguette Bello et dans la décision que vient de prendre l’Assemblée nationale.
Il est significatif de noter que parmi les propriétaires continuant à appliquer le système du colonat se retrouve un élu qui, à la fin des années 60 et pendant les années 70 fut un des principaux dirigeants du seul syndicat d’agriculteurs dont l’existence était acceptée par le pouvoir.
À la tête de ce syndicat, cet élu engagea une profonde mutation du régime de partage des produits de la canne. À un système plus favorable aux planteurs, il fit substituer un autre plus avantageux pour les industriels.
À un moment où la réforme de l’OCM-Sucre engage l’avenir de la filière, cet accord continue de peser et freine toutes évolutions qui ne léseraient pas les intérêts petits et moyens planteurs.


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