4ème Forum sur l’installation des agriculteurs

Un gage de réussite pour les futurs installés

27 avril 2007

La 4ème édition du Forum sur l’installation en agriculture a détaillé toutes les étapes d’une installation d’agriculteur : un véritable parcours du combattant... que les diverses aides ne viennent ni alléger, ni simplifier.

Dix groupes d’élèves en formation agricole dans les différentes sections de l’île, soit près de 300 jeunes des CCFPPA, CFAA ou lycées agricoles ont été les principaux destinataires - et parfois les animateurs - de la 4ème édition du Forum “Installation en agriculture” préparé par le Point Info Installation, au lycée agricole de Saint-Joseph. Ces jeunes sont en fin de formation agricole, et ceux et celles qui ne pensent pas poursuivre plus loin leurs études seront très bientôt des candidats à l’installation. En effet, les candidats nés après 1976 doivent justifier d’un diplôme de niveau 4 pour obtenir des aides à l’installation (BPA, BAC PRO, BPREA et BTSA).
Pour leur faire voir de près la difficulté de l’exercice, les organisateurs ont fait appel à une quinzaine d’organismes agricoles (une cinquantaine d’intervenants) qui ont présenté trois conférences et répondu aux questions des futurs jeunes agriculteurs sur l’installation aidée, le foncier agricole et la Convention canne.
Avant les conférences des professionnels, un groupe de la section 1er BTS DARC, du lycée agricole de Saint-Paul, a présenté les résultats d’une enquête qu’ils ont menée auprès de 21 exploitants - un panel certes trop limité pour être représentatif, mais suffisant pour le but poursuivi par ces jeunes en formation, qui était de recueillir des témoignages de parcours agricoles. Ils ont évoqué les formations, les occasions d’acquérir une expérience en stages mais aussi les limites de ces stages : « pas assez ouvert à des productions innovantes » ont constaté les jeunes, qui attendent de ces stages « qu’ils reflètent mieux la réalité » et « améliorent l’adéquation entre la formation et le diplôme ».
Ils ont examiné le Plan de développement de l’exploitation (PDE) dans toutes ses étapes. C’est le document qui, après un passage réussi devant la CDOE (commission départementale), décidera de l’attribution des aides ou non. On leur demandera d’en faire une description, d’évaluer les charges de structures, de donner un état de l’exploitation reprise (en cas de reprise) et les marges brutes prévisionnelles, le programme des investissements, les besoins en financement, etc.... « Une démarche longue et lourde », concluent les étudiants, qui font également état des « difficultés à apprécier les besoins d’investissements ».
Ensuite, ils doivent aborder la recherche du foncier, selon l’exploitation qu’ils ont en vue. Les surfaces de référence vont de 6 ou 8 hectares (pour la canne) à 30 ha (pour un élevage bovin). A ce stade, les jeunes agriculteurs peuvent soit compter sur un terrain familial à reprendre, soit se tourner vers des organismes comme la SAFER ou le CNASEA. Ce dernier tient un répertoire des Départs/Installations qui permet une approche plus précise du foncier disponible. L’activité de la SAFER a fait l’objet d’un exposé spécifique.
La question du financement est importante parce qu’un(e) jeune qui veut s’installer dans l’agriculture va avoir dès le départ besoin de fonds pour l’acquisition du foncier et du matériel. Deux aides européennes existent : la Dotation jeune agriculteur (DJA), d’un niveau moyen de 24.000 euros ou un prêt à taux réduit, le MTS-JA, dont le montant peut varier de 22.000 à 50.000 euros avec des taux de remboursement différent. Ces aides doivent toutefois presque toujours être complétées par un autofinancement, d’un niveau minimum de 20.000 euros. Pour les futurs agriculteurs, ce sont des dossiers lourds et complexes, assortis de contraintes fiscales et administratives très importantes : une vraie lourdeur technocratique. La réponse faite à cette critique est qu’il s’agit d’aides publiques (du gouvernement et de l’Europe) et que leur distribution est entourée de toutes sortes de précautions, ce que personne ne songe à contester. La question serait de rechercher un système d’attribution et de contrôle moins lourd, plus concentré - peut-être dans un guichet unique... La recherche de l’efficacité donnerait davantage le sentiment que les administrations opèrent au service des jeunes agriculteurs.

La principale difficulté, dans le contexte actuel, est la recherche de foncier, motivant l’intervention du responsable foncier de la SAFER, un organisme créé en 1964, sous le régime de la société anonyme à but non lucratif, dotée d’une mission de service public et contrôlée à double niveau par le TPG et par le Directeur de l’Agriculture et de la Forêt (DAF), en tant que commissaire agricole du gouvernement.
La mission de la SAFER est d’acquérir des terrains sous divers protocoles (achats ou baux emphytéotiques, mises à disposition, “terres incultes” ou préemptions), pour les rétrocéder aux agriculteurs. Elle a acquis depuis 1964, 41.120 ha - dont 363 ha en 2006 (en 40 actes) à un prix moyen de 9.000 euros l’hectare (prix 2006). Et les rétrocessions ont été de 39.485 ha, pour 5.193 attributions dont 3.762 à des agriculteurs différents. En 2006, les rétrocessions SAFER ont permis 12 nouvelles installations.
Mais il faut savoir que pour un jeune installé, il y en a au moins 5 qui n’ont pu obtenir satisfaction. Cette conférence a vivement intéressé le jeune public, qui est resté ensuite pour écouter parler des GFA : des sociétés d’agriculteurs qui peuvent être familiales, mutuelles ou exploitantes. Ces groupements d’agriculteurs sont au nombre de 39 dans l’île, dans 12 communes ; environ 235 fermiers associés occupent environ 3.000 ha.

Enfin, une présentation de la filière canne, et plus spécifiquement de la Convention canne signée le 4 juillet 2006, a mis un terme aux conférences de la matinée, avec un historique des dernières modifications de l’OCM sucre (2004-2006) et la création de 6 pôles canne dans l’île (le 6ème étant pour 2008).
Les étudiants étaient répartis par moitié dans les conférences et par moitié entre 5 stands thématiques - foncier, Information sur l’installation, projets d’installation, agri-tourisme et agri-environnement, filières - dans lesquels ils ont pu rencontrer les partenaires de leur installation future. La filière sucre était représentée par un cachalot équipé de panneaux informatifs. Une difficulté technique n’a pas permis aux jeunes de voir le court documentaire (5 minutes) sur l’installation : ils pourront le voir sur Antenne-Réunion la semaine prochaine.

P. David


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus