Un marché commun d’un milliard d’habitants aux portes La Réunion
Lancement de la zone de libre échange de l’Union africaine en mars
vendredi 2 février 2018, par
L’annonce du lancement au mois de mars de la Zone de libre échange de l’Union africaine signifie la création aux portes de notre île d’un marché commun d’un milliard d’habitants, qui pourra écouler sa marchandise à La Réunion sans quota ni taxe grâce aux accords qui se négocient avec l’Union européenne dans le dos des Réunionnais. La Région et les députés doivent sortir de leur silence à ce sujet, et faire part d’urgence de leurs propositions. Pour sa part, le PCR a mis la sienne sur la table : la responsabilité.
Pendant qu’à La Réunion, la plupart des responsables politiques pensent à leur carrière en cherchant à se positionner le mieux possible par rapport au pouvoir, nos voisins ne perdent pas leur temps. En témoigne cette dépêche diffusée hier par la Panapress :
Accord au sommet de l’Union africaine
« La tant attendue zone de libre-échange (ZLE), visant à accroître les échanges intra-régionaux sur le continent, sera lancée en mars prochain à Kigali, au Rwanda, a annoncé la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, dans un communiqué obtenu mardi par la PANA.
La ZLE proposée sera une composante-clé de la stratégie de l’Union africaine (UA) pour booster les échanges dans la région d’au moins 25 à 30 pour cent d’ici les dix prochaines années.
La concrétisation de ce nouvel accord a eu lieu cette semaine en marge du Sommet des chefs d’Etat de l’UA à Addis-Abeba, en Ethiopie, après que les gouvernements africains ont approuvé l’adoption du protocole sur la libre circulation des biens et des personnes et le lancement officiel du marché unique du transport aérien africain.
’Une ZLE continentale devrait être lancée lors d’un Sommet extraordinaire des chefs d’Etat au mois de mars’, a déclaré la ministre rwandaise.
Cette nouvelle initiative est prise cinq ans après que les chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à renforcer l’intégration régionale et à stimuler les échanges intra-africains.
La ZLE va réunir environ 53 pays africains avec une population de près d’un milliard d’habitants. »
Quel avenir pour la production réunionnaise ?
Rappelons que tous les voisins de La Réunion sont membres de l’Union africaine. Ils seront donc inclus dans cette zone de libre-échange d’un million d’habitants. Cela concerne aussi les pays qui signeront l’accord de partenariat économique avec l’Union européenne. En clair, la production réunionnaise à La Réunion ne sera plus seulement concurrencée par les marchandises issues des autres îles du Sud-Ouest de l’océan Indien, mais par celles d’un marché commun d’un milliard d’habitants. Il apparaît en effet difficile dans ce cas de faire jouer une clause de provenance. En effet, comment interdire à un produit estampillé « Made in Mauritius » ou « Made in Madagascar » d’entrer à La Réunion, quand bien même il serait composé de marchandises issues de la zone de libre échange de l’Union africaine ? Cette intégration va également dans le sens des intérêts des dirigeants de l’Union européenne, qui incitent leurs partenaires commerciaux à se structurer en grands marchés communs régionaux.
Région et députés silencieux
La zone de libre-échange de l’Union africaine n’est plus un projet, elle sera une réalité dans deux mois. Pendant ce temps, la Région et les députés regardent ailleurs. Or, la menace est bien réelle pour la production réunionnaise. En effet, comment la production de notre île pourrait-elle résister à la concurrence d’un ensemble d’un milliard d’habitants, avec des coûts de fabrication nettement inférieurs ?
Il est donc urgent que les Réunionnais aient leur mot à dire dans les discussions qui se font actuellement dans leur dos. Cela ne peut passer que par un changement de cadre, qui donnera aux Réunionnais la capacité de négocier l’intégration de La Réunion dans son environnement régional. C’est ce que revendique le PCR au travers de la responsabilité. Le temps est bien le seul luxe que l’on ne peut se permettre, chaque jour qui s’écoule rapproche La Réunion de la menace de la ruine de son économie. Combien d’emplois seront-ils supprimés ? Combien de familles vont-elles plonger dans la détresse et être contraintes de survivre avec l’assistance ?
M.M.