Remise de diplômes aux nouveaux ingénieurs des techniques agricoles

Un outil de promotion sociale et de co-développement menacé

21 novembre 2005

Samedi, le lycée agricole de Saint-Paul fêtait la 3ème promotion d’ingénieur des techniques agricoles. C’est l’aboutissement de près de 4 ans de formation pour 7 stagiaires. Mais si une prochaine promotion est prévue, la pérennité de la formation est menacée car l’État veut se désengager du financement.

Félicitations à Marie-Claire Macoral, Jean-Louis Macoral, Hugues Desprez, Lionel Massardier, Frédéric Giraud, Nicolas Payet, Yannick Martin : ils sont maintenant ingénieurs grâce à la formation continue.
C’est samedi qu’avait lieu au lycée agricole de Saint-Paul la remise des diplômes d’Ingénieurs des techniques agricoles (ITA) à 7 stagiaires issus de la formation continue en présence notamment de la vice-présidente de la Région déléguée à la Formation, Denise Delorme, du directeur de l’EPL de Saint-Paul, Dominique Bize, du directeur de l’agriculture et de la forêt, M. Sinoir. Un représentant de l’ENITA (École nationale des ingénieurs des techniques agricoles) de Clermont-Ferrand était également présent.

Déjà 3 promotions

Cette formation se déroule pour moitié à La Réunion, pour moitié en France à l’ENITA de Clermont ou au CNEARC (Centre national d’études en agriculture des régions chaudes) de Montpellier. Elle se conclut par un stage de 6 mois dans une entreprise.
Le programme de la formation est établi par l’ENITA, la formation à La Réunion se déroule essentiellement à distance, grâce aux outils du CNPR (Centre national de promotion rurale) de Marmilhat, près de Clermont-Ferrand. Le CNPR est dans l’enseignement agricole, l’équivalent du CNED dans l’Éducation nationale. Des séances de regroupement des stagiaires ont lieu 2 fois par mois au lycée agricole de Saint-Paul. La 2ème partie de la formation se passe à Clermont-Ferrand ou à Montpellier.
Jusqu’à présent, ce cursus a permis à des Réunionnais de réussir à devenir des ingénieurs en agriculture grâce à la formation continue. Il est un des moyens de donner à La Réunion les moyens de devenir un pôle d’excellence dans ce domaine, ce qui est un atout important pour le co-développement de tout le Sud-Ouest de l’océan Indien, et il répond aussi à une demande locale.

Rattraper notre retard

En matière d’encadrement en ingénieur agronome, La Réunion a un retard important : 1 ingénieur pour 1.000 exploitants dans notre île, 4,6 pour 1.000 en France. Avant l’existence de cette formation, les entreprises recrutaient des ingénieurs venus de France, qui posent souvent des problèmes d’adaptation. La Région Réunion a réussi à inverser la tendance en mettant à disposition des entreprises et centres de formation une formation locale, associant un haut niveau et des compétences locales.
Cette formation a déjà permis de former 2 promotions, soit 17 personnes. Samedi avait lieu la remise de diplômes aux 7 lauréats de la 3ème promotion. Quant à la 4ème promotion d’ITA réunionnais, elle est commencée. 10 stagiaires la suivent jusqu’en 2007. Si tous réussissent, cela ferait un total de 34 ingénieurs formés. Mais cela reste insuffisant pour combler le retard et pour répondre aux besoins d’encadrement des entreprises.

Désengagement de l’État

Or, les incertitudes planent sur le devenir de cette formation qui répond pourtant à un besoin évident. Les 4 premières promotions ont été financées à 50% par l’État dans le cadre du Programme objectifs cadres, et à 50% par la Région sur un budget propre avec le soutien du FSE. Pour 4 ans de formation, le coût total est de près de 400.000 euros, financé donc moitié par l’État, moitié par la Région.
Samedi, Denise Delorme a annoncé que l’État veut se désengager de ce partenariat. Cela veut dire qu’il met la Région en demeure de financer la totalité de la formation, c’est-à-dire de doubler sa contribution, pour les prochaines promotions. La vice-présidente de la collectivité déléguée à la formation a souligné que la Région ne pouvait pas se substituer à l’État. Si la formation engagée pourra aller à son terme, qu’en sera-t-il plus tard ?
Force est de constater qu’une fois de plus, l’État se désengage, sans donner à la collectivité les moyens nécessaires pour mener à bien une action. Et ce sont les Réunionnais qui sont pénalisés, car ce désengagement risque de les priver d’une formation de haut-niveau, répondant à une réelle demande et qui contribue à la construction d’un pôle d’excellence réunionnais dans le domaine des techniques agricoles et de l’industrie agro-alimentaire.


Les nouveaux ingénieurs

Marie-Claire Macoral est conseillère en insertion professionnelle au PLIE du Port.
Jean-Louis Macoral est chargé d’affaires dans le BTP.
Hugues Desprez était formateur, il cherche un emploi.
Lionel Massardier est conseiller en développement local.
Frédéric Giraud est chargé de mission à la SAFER.
Nicolas Payet est responsable du service formation de la Chambre d’agriculture.
Yannick Martin est cadre à la Chambre d’agriculture.


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