La Possession : 4e charte agricole

Un programme d’action à 15 ans

15 décembre 2007

Les représentants de l’Etat, du Conseil Général, de la Chambre d’Agriculture et de la Municipalité de La Possession ont signé hier la “Charte de développement agricole” de cette commune, - la 4e dans l’île -, définissant de façon concertée quelle agriculture maintenir et faire évoluer dans cette commune d’ici 2020. Reste, entre autres problèmes non résolus, l’épineuse question de l’irrigation...

Entamée il y a plus d’un an avec les agriculteurs, les techniciens agricoles et les associations de terrains, la concertation avec les différents pouvoirs publics a débouché hier à La Possession sur une “Charte du développement agricole” qui donne aux acteurs un projet de territoire prenant en compte le maintien de l’activité agricole - qui n’occupe que 4% de la surface communale - ses évolutions en compatibilité avec les autres documents d’orientation des filières agricoles, et une cohérence avec un projet urbain économe en foncier.
Ce projet de territoire est soumis, à La Possession, à de fortes pressions : entre objectifs agricoles (en particulier la canne et l’élevage) et pression démographique générant des projets urbains et de développement à tendances expansives.
La Charte engage les différents partenaires dans un projet d’agriculture maîtrisé à 15 ans, à partir d’un zonage agricole de long terme (ZALT) qui définit les orientations et les actions à mettre en place dans les cinq secteurs à vocation agricole de cette commune : celui des ravine à Marquet et ravine des Lataniers, le plateau de Sainte-Thérèse, la ravine à Malheur, dos d’Ane et Mafate. Sans omettre la vocation agrotouristique globale de l’ensemble.
L’ensemble comporte un volet important de reconquête des terres en friche. La surface agricole utile (SAU) de la commune est passée en moins de vingt ans de 483 ha à 266 ha, pour 338 ha potentiellement cultivables en 2007 (voir encadré), qui donnent une mesure des terres en friche à reconquérir.
Autour du Maire de la Possession et de l’adjoint aux questions agricoles, le Préfet, le Sous-Préfet de l’Ouest, le Président de la Chambre d’Agriculture et le représentant du Conseil Général ont tour à tour rappelé les enjeux de développement agricole de cette commune - à la fois marquée par une très forte croissance urbaine et l’étendue des espaces naturels à protéger, qui couvrent 80% de sa superficie.
Le Président de la Chambre d’Agriculture a souligné l’absence d’irrigation dans certains secteurs vitaux - comme le plateau de Sainte-Thérèse, qui constitue la seule sole cannière de la commune - et le besoin d’un réseau « payé au prix agricole ». « Il en va du développement des exploitations agricoles et d’élevage, mais aussi du tourisme à Mafate », a-t-il ajouté. Comme le Préfet, il a évoqué l’éventualité de forages pour satisfaire les besoins en eau, dans le cadre d’un travail que la Chambre d’Agriculture a engagé avec le Conseil Général.
Le Préfet quant à lui a été plus précis - et plus directif - en orientant les acteurs de la Chambre d’Agriculture vers des forages sur le littoral, ce qui n’a guère paru convaincre ses interlocuteurs, qui connaissent l’extrême fragilité de la nappe phréatique alimentant aussi la ville du Port. A La Chambre d’Agriculture, il existe depuis maintenant très longtemps des projets de retenues collinaires qui peinent à trouver leur financement, le Conseil général rechignant à payer pour un nombre d’agriculteurs jugé trop réduit.
A La Possession, la Charte de développement agricole concerne 179 exploitations dont la taille moyenne est de 1,5 ha - soit beaucoup moins que la moyenne de l’île (4,7 ha/exploitation) -, 182 exploitants et co-exploitants et environ 340 salariés, générant une activité de 2 millions d’euros de chiffre d’affaire.
Les partenaires du financement de ce projet de territoire sont l’Etat et l’Europe (45%), le Département (30%) et la commune (25%). Chaque signataire s’engage sur des objectifs correspondant à ses compétences et domaines spécifiques.
La Chambre d’Agriculture est intervenue aux côtés de la commune dans la mise en œuvre des différents objectifs et a été l’orchestrateur de la Charte.

P. David


Agriculture possessionnaise : cinq enjeux majeurs

Avec 3% à 4% de son territoire voué à l’agriculture, La Possession est l’une des communes les moins agricoles de l’île. Toutefois, ses exploitations sont performantes et un tiers d’entre elles contribuent, à leur échelle, au maintien de la sole cannière, avec les 65 ha du plateau de Sainte-Thérèse.
Mettant en avant la multifonctionnalité de l’agriculture, la commune porte un intérêt particulier à ce potentiel. Pour atteindre les objectifs des Cahiers de l’Agriculture du Conseil général (106 ha), il faudrait reconquérir une quarantaine d’hectares.
Outre Sainte-Thérèse et ses surfaces cannières, les activités agricoles sont surtout concentrées à Dos d’Ane ou cohabitent des élevages performants et des parcelles maraîchères. Dans les autres secteurs, l’agriculture concerne quelques parcelles de maraîchage et arbres fruitiers, dans le périmètre de la ravine à Marquet (zone urbaine), des élevages et exploitations horticoles à la ravine Malheur et une agriculture vivrière à Mafate, où a été recensé également un potentiel de 50 ha en prairie, pour l’élevage.
Les débats autour de la préparation de la Charte agricole ont permis de définir cinq enjeux majeurs : la préservation et la reconquête du foncier agricole - incluant 214 ha de friches -, l’amélioration de la viabilité des structures d’exploitation, la gestion de l’eau d’irrigation, la commercialisation des produits de l’agriculture et l’intégration de l’agriculture dans son environnement naturel.


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