Élections à la Chambre de Commerce :

Un scrutin disqualifié par avance ?

5 novembre 2004

Une mauvaise organisation électorale, des pratiques rappelant la période de la fraude des années 60/70 et une extrême politisation entachent sérieusement des résultats qui ne seront connus que lundi.

Les élections à la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion sont closes depuis mercredi minuit. Avant même que ne débute, ce lundi, les dépouillements et que les résultats sont connus, les présidents des deux principales organisations en lice ont exprimé craintes et inquiétudes. Le premier, Pascal Thiaw Khine de la CGPME dénonçait les dérives verbales de la campagne y compris de la part de son candidat dans le collège des entrepreneurs de plus de 10 personnes. Le second, Paul Martinel, président du MEDEF a fait publier dans la presse un placard où, au nom de son organisation, il prend ses distances avec le scrutin : "mieux vaut perdre cette élection qu’accepter toutes les compromissions" écrit-il.
En effet, il est très vite apparu des irrégularités dans l’organisation même du scrutin : des électeurs n’ont pas reçu leur enveloppe tandis que des personnes qui ne peuvent plus voter ont, par contre, reçu du matériel électoral. La plus grande pagaille semble avoir régné dans la confection des listes électorales.
Ce qui était prévu -compte tenu de l’expérience et des mœurs locales- y compris par les services préfectoraux (1) a eu lieu : la généralisation du vote par correspondance a entraîné toutes sortes de magouilles : pressions sur des électeurs, achats d’enveloppes, combinaisons entre listes de candidats (2). La rumeur dit qu’un maire du Sud de l’île a fait convoquer les commerçants et artisans de sa commune en présence d’un candidat et les a menacés de ne plus leur donner de marché s’ils votaient mal.
Il aura donc fallu attendre une élection professionnelle pour voir resurgir à La Réunion des méthodes dignes de la pire période de la fraude électorale des années 60/70 !

Extrême politisation

Le pire a été atteint avec l’extrême politisation du scrutin. La responsabilité première en revient à Éric Magamootoo, le dirigeant socialiste candidat au nom de la CGPME. Le député-maire du Tampon, André Thien Ah Koon, a appelé à voter en sa faveur. Il affirmait le faire en tant qu’ancien responsable syndical dans le secteur du Commerce. L’ancien directeur de cabinet du maire de Saint-Joseph a en fait un soutien politique tout en déclarant qu’il était aussi appuyé par un autre élu : le député-maire de Saint-André, dirigeant de la Relève. Éric Magamootoo n’a pas caché que son ambition est de servir de son éventuel mandat de président de la CCIR pour aider sa formation politique à partir à la conquête de plusieurs municipalités en 2008. Par ailleurs, depuis qu’il a déclaré être candidat à la CCIR, il ne s’est jamais désolidarisé des déclarations critiques pour ne pas dire agressives des dirigeants de la fédération à l’égard du Conseil régional et du Conseil général, deux collectivités avec laquelle la Chambre est appelée à travailler.
Avant même que ses résultats ne soient connus, l’élection à la CCIR apparaît d’ores et déjà disqualifiée. Ceux qui n’ont rien dit, rien dénoncé, tout en espérant tirer les marrons du feu porteront la responsabilité d’avoir mis l’institution dans une situation peu confortable pour elle et ses ressortissants.

J.M.

(1) Avant même que la campagne soit ouverte, le bureau électoral de la Préfecture disait toute son inquiétude quand à la manière avec laquelle le vote par correspondance allait être utilisée par certaines listes ou certains candidats.

(2) Le scrutin permettant le panachage des têtes de listes se sont entendues entre elles et on procéder à des échanges : on raye le nom d’un candidat sur telle liste et on porte des suffrages sur le candidat d’une liste adverse et vice-versa.


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