Nouveau projet agricole pour La Réunion

Une agriculture durable c’est possible

2 décembre 2005

Les membres du Conseil de l’agriculture de La Réunion se mobilisent pour faire face aux menaces qui pèsent sur notre agriculture. Après un an de concertation, ils proposent une plaquette qui sera transmise aux décideurs réunionnais, aux agriculteurs et aux citoyens, où sont exposées leurs propositions pour un nouveau projet agricole pour La Réunion.

Pour s’adapter aux nouvelles règles de la mondialisation, dans notre petite économie insulaire aux handicaps structurants reconnus, il est essentiel que l’agriculture locale s’organise pour maintenir son activité, ses emplois, protéger son marché intérieur et ses cultures d’exportation (27.000 hectares y sont consacrés). L’organisation rationnelle des productions et des marchés, la consolidation de la filière canne par une nouvelle réforme foncière et un financement plus équilibré et plus durable de l’activité agricole constituent les 3 axes d’intervention prioritaires retenus par le Conseil de l’agriculture de La Réunion.

Ascenseur social

"Notre objectif n’est pas de protéger des rentes de situation mais des emplois et d’en créer davantage", souligne Christian de la Giroday, président du Conseil agricole de La Réunion. Notre agriculture, avec ses industries agro-alimentaires associées et ses emplois induits, fournit du travail à plus de 20.000 Réunionnais (soit un cinquième des emplois marchands à La Réunion).
En dépit des menaces qui pèsent sur le secteur, Jean-Pierre Avril, président de la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles, soutient que les jeunes agriculteurs sont nombreux à vouloir s’installer. "J’ai 10 fois plus de candidatures que de possibilités de les satisfaire". La transmission de l’héritage agricole ne serait donc pas en cause, mais la dynamisation de la filière comme ascenseur social. L’originalité de notre modèle agricole est le fruit de savoir-faire et d’outils développés dans le passé. Et même s’il reste difficile de progresser dans le métier, l’agriculture peut encore créer des richesses. "Si on s’en est sorti dans les années 70, on peut encore le faire aujourd’hui. Le défi peut être relevé, avec les moyens pour y répondre", augure encore Jean-Pierre Avril.

Réforme du foncier

Mettre en œuvre un nouveau projet agricole exige la participation de tous. Agriculteurs, responsables locaux, acteurs du foncier, citoyens : les auteurs de la plaquette estiment que chacun à son niveau a un rôle à jouer. La profession doit s’adapter aux exigences actuelles de compétitivité, de performance, sans économie de moyens mais grâce à une gestion rationnelle de chaque mètre carré de terre, de ses aides publiques et de ses coûts, avec le souci constant d’offrir des produits de qualité.
S’agissant des responsables locaux, de "ceux qui ont les rênes pour agir sur le système", souligne Guy Derand, la répartition cohérente du foncier est un dossier majeur pour les filières agricole, mais aussi environnementale et énergétique, pour le développement durable de La Réunion.
Mais la gestion des terres, de plus en plus rares et prisées, ne dépend pas que des collectivités. Jean-Pierre Avril rappelle que les communes ont aussi leur rôle à jouer dans l’aménagement de l’espace, comme les aménageurs ne doivent pas se limiter à de la spéculation mais doivent aussi réfléchir à un autre modèle d’habitat pour demain. Jean-Pierre Avril précise encore que "c’est un débat que l’on ouvre en espérant être écoutés, être sollicités, être invités à nous asseoir autour d’une table, pour faire fonctionner un lieu de rencontre où le monde agricole et l’urbain pourront travailler ensemble".

Réflexion ouverte

Pour participer à la construction d’une filière agricole forte et durable, les Réunionnais doivent aussi privilégier la consommation de produits locaux, soutenant ainsi l’activité agricole locale et ses emplois. Si Jean-Pierre Avril accorde que de nombreuses familles doivent contrôler leur budget, il estime nécessaire d’expliquer au consommateur, en toute transparence, les coûts reportés sur le prix du produit. C’est une démarche de réciprocité que l’agriculture doit engager auprès du grand public qui doit aussi comprendre l’enjeu d’une nouvelle répartition de l’espace pour y adhérer pleinement.
Cette plaquette, conçue et réalisée par le Conseil de l’Agriculture de La Réunion qui réunit la Chambre verte, le Crédit Agricole, la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles et Groupama OI, sera envoyée à 800 responsables locaux et environ 4.500 agriculteurs et citoyens. "Ce n’est pas une réflexion fermée pour se faire mousser, mais une réflexion à l’échelle de La Réunion toute entière", dixit Guy Derand.

Estéfani


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