3% de récession en France

Une catastrophe qui aura des effets à La Réunion

16 mai 2009, par Risham Badroudine

L’Insee a publié hier son estimation du PIB pour la France au premier trimestre de cette année. L’activité a davantage reculé fin 2008 qu’initialement estimé. Le gouvernement révise une nouvelle fois en baisse sa prévision de croissance 2009, tablant désormais sur une récession autour de 3% cette année. Mais cette crise concerne toute l’Europe, et notre île, où la situation continue à se détériorer.

Selon l’INSEE, le PIB de la France a reculé de 1,2% au premier trimestre par rapport aux trois derniers mois de 2008. Les comptes 2008 publiés par l’Insee ont également montré que le repli du PIB au dernier trimestre de l’an dernier a été plus fort qu’initialement estimé, atteignant presque 1,5% par rapport au trimestre précédent. Pour l’INSEE, deux trimestres consécutifs de contraction du PIB signifient une entrée officielle de la France en récession. (Voir graphique évolution du PIB).
Face à ces nouveaux chiffres et aux révisions en baisse de la prévision de croissance pour la France en 2009 (autour de -3%) par le FMI, l’OCDE et la Commission européenne, le gouvernement s’est résolu à afficher une nouvelle prévision. Après avoir déjà abaissé ses pronostics en novembre et en mars, le gouvernement devrait ainsi inscrire une prévision de croissance autour de -3% pour cette année.

Autre information, la production manufacturière française a reculé de plus de 8% au premier trimestre. C’est un record. Mais un autre chiffre est encore plus stupéfiant : en 1 an, la production manufacturière a plongé de près de 18%. Le chômage technique, les plans sociaux, les fermetures d’usines trouvent ici leur explication. Pour la seule industrie manufacturière, l’enquête prévoit même une baisse des investissements de 21%, indique l’Institut national de la Statistique.
Le recul est d’ampleur inédite dans les secteurs des biens intermédiaires (-30%) et de l’automobile (-24%).
« La reprise n’est pas encore pour demain, ni même après-demain, tant la crise est profonde », souligne les économistes.

138.000 destructions nettes d’emplois au premier trimestre

Autre mauvaise nouvelle, mais sur le front de l’emploi cette fois, l’économie française a détruit plus d’emplois salariés au premier trimestre 2009 que sur toute l’année 2008, avec une perte nette de 138.000 emplois (-0,9% en un trimestre, -2% sur 1 an), selon des données provisoires diffusées vendredi par le ministère de l’Emploi.
Comme depuis le début de la crise, les destructions d’emploi sont en grande partie imputables à l’intérim (-77.800 au 1er trimestre à 438.900 postes) et à l’industrie (-44.900 à 3,562 millions).
En 1 an, le nombre de travailleurs temporaires a fondu de 33,8% (-224.200 postes), précise le département statistiques et recherche du ministère (Dares).
C’est l’Europe en général qui est durement touché par la crise. Le PIB de la zone euro s’est contracté de 2,5% au premier trimestre 2009. Le Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Allemagne s’est contracté de 3,8% au premier trimestre 2009, ce qui constitue un nouveau record à la baisse depuis la réunification de 1990, montrent les statistiques officielles.
La baisse du PIB sur la période de janvier à mars est plus marquée qu’attendu, puisque les économistes avaient en moyenne tablé sur une contraction de 3%. Ainsi, sur 1 an, le PIB allemand accuse une contraction de 6,7% au premier trimestre 2009. (Voir graphique “Les pays européens sont durement touchés…”).

« La France et l’Europe cassent la politique sociale », a souligné Elie Hoarau

Notre île est également touchée par la crise. La barre de 112.000 chômeurs a été atteinte. Cette situation va continuer à se détériorer. Egalement avec l’entrée en récession de tous les pays européens, les budgets risquent d’être affectés. Raison de plus pour se mobiliser le 7 juin pour les élections européennes. Les enjeux de ces élections sont nombreux. L’Octroi de mer est aujourd’hui menacé et il n’y aucune alternative s’il venait à disparaître. De même, la menace est forte sur les planteurs qui ont déjà vu les prix du sucre baisser de 36%. Concernant les fonds structurels qui permettent la construction des routes, ports, aéroports, collèges, lycées, ils sont d’une part menacés avec l’élargissement de l’Europe mais également par la crise qui touche durement l’Europe et la France. Au niveau social également, de nombreux combats sont à mener comme l’a souligné Elie Hoarau, tête de liste de l’Alliance des Outre-mer lors du meeting : « La France et l’Europe cassent la politique sociale mise en place à la fin de la guerre. Aujourd’hui, nou peut oblige l’Europe à arèt cette politique ultra-libérale pour une Europe sociale et solidaire ».

Risham Badroudine

MondialisationCrise financière Spécial 50 ans du PCR

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