Plusieurs milliards d’euros de capitalisation boursière envolés

Une chute annoncée

12 août 2011, par Manuel Marchal

La perte de plusieurs milliards de capitalisation boursière de Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale en une journée ne constitue qu’une partie de la dette grecque détenue par ces trois banques. Loin d’une spéculation motivée par des informations infondées comme tente de l’accréditer le début d’enquête de l’AMF, c’est plutôt la conséquence de leur politique en Grèce que subissent ces trois établissements financiers.

"L’Express" du 15 juillet dernier annonçait l’intention de l’agence Moody’s de baisser la note des trois banques en question, à cause de leur exposition sur la dette grecque. Selon "l’Express", l’agence de notation n’écartait pas le défaut de paiement de la Grèce.
Six jours plus tard, plus de 100 milliards d’euros de fonds publics, et 50 milliards du privé sont mis sur la table pour éviter le défaut de paiement. Ce transfert du risque du privé vers le public n’a pas réussi à épargner les trois banques. Mercredi, elles ont vu plusieurs milliards d’euros de capitalisation boursière s’évaporer.
Rappelons qu’en décembre dernier, les créances des banques françaises en Grèce s’élevaient à plus de 83 milliards d’euros. En juillet 2007, Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale cumulaient à elles trois près de 60 milliards d’euros de dettes grecques. Cela représentait à l’époque 52% de la capitalisation boursière des trois sociétés réunies.
Mercredi, en une journée, elles ont perdu entre 9,5 et 14,75% de capitalisation boursière.
La dégringolade du cours à la Bourse de ces trois banques ne constitue-t-elle pas un simple ajustement spéculant sur une perte de cette dette ?
Il faut en effet noter que depuis le 22 juillet, le cours de Société Générale a chuté de 36%, celui de BNP-Paribas de 23%, et Crédit Agricole de 27%. Cette donnée doit être mise en comparaison de la valeur de la dette grecque détenue par ses banques : 52% de leur capitalisation boursière au 22 juillet.
En brandissant la menace d’une enquête sur des rumeurs infondées ayant conduit à la chute des actions de ces trois banques, l’Autorité des marchés financiers vise à accréditer la thèse d’un phénomène irrationnel qui a poussé à l’accélération de la crise. Ce tir de barrage permettra-t-il de redresser la situation ?
En tout cas, la crise semble loin d’être terminée, et comme le rappelle l’article publié page suivante, la population commence à ressentir directement les conséquences de ces manœuvres de la finance mondiale.

Manuel Marchal

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