Avortement des vaches laitières

Une dizaine d’élevages touchée par l’IBR

27 avril 2006

4 jours après un bilan des préjudices subis depuis le début de l’année par les planteurs, les horticulteurs, les maraîchers etc... à Sainte-Suzanne, Jean-Yves Minatchy de la CGPER a rencontré hier matin un éleveur de bovins à la Plaine des Palmistes. Depuis que ses vaches ont été vaccinées contre la Rhinotrachéïte Infectieuse Bovine (IBR), elles avortent. Risque d’épidémie ou pas ?

Hier matin, Jean-Yves Minatchy, le président de la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), a visité l’élevage de bovins de Félix Payet qui se situe sur la route du Piton Bleu à la Plaine des Cafres. Dans son étable, 28 vaches sont alignées. "20 d’entre elles ont la face marquée d’une croix verte. Elles ont été inséminées, puis déclarées pleines 60 jours après. Au bout de 120 jours, suite à un examen, elles ont été déclarées vides", nous dit-il.
Pour Félix Payet, "la Rhinotrachéïte Infectieuse Bovine ou IBR (voir encadré ) est la cause de ces avortements. Ce phénomène d’avortement est apparu depuis l’introduction d’animaux contaminés ou vaccinés contre l’IBR". Malgré cet aléa, il continue à livrer entre 400 et 500 litres de lait quotidiennement à la Sicalait. Mais pour combien de temps, s’interroge-t-il. "Peut-être jusqu’à la fin de l’année". Aujourd’hui, Félix Payet possède non loin de sa vacherie de verts pâturages. Des vaches non-vaccinées contre l’IBR affichent une bonne santé. Elles sont pleines et mettront bas prochainement. Il n’ose pas les conduire à son étable de peur que cette maladie se propage parmi le troupeau sain.

De 1.000 à 100 litres de lait par jour

À côté de lui, Mickaël Rougemont, éleveur à la Plaine des Palmistes, voit ses vaches atteintes de "paratuberculose", et des membres de sa famille de tuberculose. "J’ai acheté des vaches auprès de la Sicalait en 1999. Aujourd’hui seulement, on reconnaît qu’elles sont atteintes de paratuberculose. Précédemment, je produisais 1.000 litres de lait tous les jours. Aujourd’hui à peine 100 litres. Depuis 2 ans, je perds chaque jour 2.700 francs", déplore-t-il. Denis Hoarau élève des vaches laitières à Bras Piton à la Plaine des Palmistes. "En 2004, j’ai acheté 7 génisses à la Sicalait. Elles étaient contaminées par l’IBR", affirme-t-il. Il a "porté plainte contre la Sicalait". Le procès est en cours.

Courrier adressé aux ministres

Actuellement, selon Jean-Yves Minatchy, "une dizaine d’éleveurs ont des vaches atteintes d’IBR. Depuis 2 mois aussi, les dossiers de ces éleveurs ont été transmis à l’Office départementale de l’élevage. Celui-ci devait les faire parvenir au Conseil général. Au moment où il nous décrit cette situation, son GSM sonne. Un employé du Conseil général lui dit ne pas avoir encore reçu de dossiers. Plusieurs fois, il alerte les autorités compétentes de cette épidémie au sein des bovins. En attendant, ces éleveurs voient leurs revenus baisser jusqu’à ne plus subvenir aux besoins de leur famille. Aujourd’hui, ils demandent à être indemnisés. Le montant des pertes est difficilement estimable. Une vache vaut selon ces éleveurs 16.000 francs. Certains en ont déjà perdu 120. Hier après-midi, ils ont adressé un courrier aux ministres de l’Agriculture et des DOM TOM. Une copie a été transmise à la Préfecture et au Conseil général. Une solution doit voir le jour au plus vite pour contrer cette hécatombe.


o La Rhinotrachéïte Infectieuse Bovine (IBR), qu’est-ce que c’est ?
Une explication claire et précise mais pas rassurante de l’IBR est donnée à l’adresse suivante www.gds38.asso.fr. L’IBR (Infectious Bovine Rhinotracheitis soit en français Rhinotrachéïte Infectieuse Bovine) est une maladie qui se manifeste par des épidémies d’infections pulmonaires. Elle est due à un herpès virus qui n’atteint que les bovins : le Bov-HV1. Chez les animaux infectés, ce virus est également responsable d’avortements et d’infécondité. C’est pourquoi on appelle l’IBR également IPV pour Vulvo-vaginite pustuleuse infectieuse. Les principaux symptômes sont une rhinite purulente puis nécrotique pouvant entraîner la mort des bovins lorsque la maladie se diffuse brutalement dans un lot de bovins. On observe également des vaginites pustuleuses à l’origine d’infécondité et des avortements principalement aux environs du 5ème mois de gestation.

o Les porteurs sains
Cependant, la plupart des animaux infectés n’auront pas de signes visibles de la maladie après avoir été infectés. Ils ne se débarrassent jamais complètement du virus et deviennent des porteurs sains. Habituellement, ils ne sont pas spécialement contagieux pour les autres bovins. Mais ils peuvent redevenir contagieux en cas de stress important ou si l’immunité devient insuffisante : vêlage, traitement aux corticoïdes, transport, stress, parasitisme pulmonaire etc... La contamination entre bovins se fait surtout par contact direct, car le virus ne survit pas plus d’une dizaine de minutes à l’air libre et sous l’action des UV : léchage, saillie et inhalation des aérosols produits par les animaux malades. Dans quelques rares cas, une transmission par le matériel a été mise en cause.

o Cas de contamination mère-veau
Un cas très particulier de contamination mère-veau est aussi possible : lorsqu’une mère porteuse du virus de l’IBR vêle, elle est susceptible de transmettre à son veau le virus. Lors de la prise colostrale, le veau absorbe des anticorps lui permettant de se protéger de la maladie. Grâce aux anticorps maternels, tout se passe comme si le veau avait éliminé le virus. Mais le virus reste tapis dans les ganglions nerveux. De ce fait, le veau ne développe pas d’anticorps propres contre le virus, tout en étant un "porteur sain" ou "latent" et sera séronégatif aux prises de sang à partir de 4 mois. C’est plus tard, à l’occasion d’un stress (transport, vêlage...) que le virus sera réactivé et pourra contaminer d’autres animaux, et que le bovin deviendra séropositif. Aussi, la seule manière de se protéger vis-à-vis de cette éventualité est de n’acheter que des bovins nés dans les élevages indemnes, c’est-à-dire dans lesquels il n’y a eu aucune circulation du virus IBR depuis au moins 2 prophylaxies.


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Messages

  • salut,je vous écris juste pour avoir quelques renseignements pour un bon élevage.j’aimerais avoir la stratégie et la méthode d’élevage de lapins et de vollailes.avoir un prix approximatf de ces animaux et des photos seraient un grand atout pour moi.
    merci et je suis dans l’attente de vous lire.


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