La Réunion compte deux nouveaux Meilleurs ouvriers de France

Une lauréate bientôt sans emploi

5 mai 2004

En janvier, “Témoignages” présentait les deux finalistes départementaux qui concouraient au titre de Meilleur ouvrier de France, sélectionnés parmi une douzaine de candidats à La Réunion. Le jury, réuni à Poitiers en mars, a décerné à Colette Turpin, pour son coussin brodé, et à Christian Maynadier, pour sa colonne en plâtre sculptée, le titre très convoité de Meilleur ouvrier de France, chacun dans sa catégorie.

Après avoir reçu le trophée du travail et de la perfection par le président de la Chambre de métiers, Jocelyn Delavergne, et la médaille du Département par le vice-président du Conseil général, Daniel Gonthier, les lauréats s’envoleront le 20 juin pour Paris, où ils seront accueillis avec tous les honneurs à la Sorbonne avec les 300 autres lauréats, qui recouvrent plus de 250 métiers. Une médaille d’or leur sera remise. Puis, ils se rendront à l’Élysée, où le président de la République les attendra. L’un d’eux (ou les deux) pourrai(en)t obtenir une seconde distinction, le(s) plaçant parmi les dix premiers lauréats du concours.
Pour Christian Maynadier, artisan de la décoration intérieure, ce titre est une reconnaissance nationale "énorme" à ajouter à sa carte de visite. De son côté, Colette Turpin est bien sur très heureuse d’être lauréate. Elle devient ainsi la cinquième brodeuse réunionnaise à obtenir cette distinction. Seule une dizaine de Réunionnais ont obtenu ce titre en une trentaine d’années.
Mais la joie de Colette Turpin n’est pas entière car le Contrat emploi consolidé qui la lie à la Maison de la Broderie à Cilaos depuis cinq ans prend fin en septembre prochain. Colette Turpin sera peut-être la seule Meilleure ouvrière de France au chômage. Dans son domaine, la broderie, il est très difficile de se mettre à son compte et elle est très inquiète pour l’avenir.
La présidente de l’association, Suzanne Maillot, présente elle aussi à la préfecture hier, est impuissante face à la détresse de son employée : "Sur neuf personnes qui travaillent à la Maison de la Broderie, trois viennent d’obtenir un Contrat à durée indéterminée. Nous voulons tenir debout, nous voudrions garder tout le monde à condition que nous obtenions plus d’aide". Un appel lancé à la Mairie mais aussi aux collectivités locales.
L’association tiendra son Assemblée générale le 12 de ce mois-ci. Les inquiétudes de Colette et de Suzanne seront au centre des discussions. Il est vrai que les démonstrations de la Maison perdraient beaucoup en perdant sa Meilleure ouvrière de France.

Francky Lauret


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