La crise pourrait coûter 4.000 milliards de dollars

Une récession plus grave que toutes les précédentes prévisions

24 avril 2009, par Risham Badroudine

Selon le FMI, « les quatre coins du monde sont affectés » par la crise économique. Les économistes estiment qu’au moins dix millions d’emplois pourraient être perdus cette année dans le monde.
La Réunion n’est pas épargnée.

L’économie mondiale devrait se contracter de 1,3% en 2009, signalant la première récession globale depuis plus de 60 ans a estimé mercredi le Fonds monétaire international (FMI). Ces mauvais chiffres auront des conséquences directes sur l’emploi.
« Cela constituerait de loin la récession la plus profonde de la période postérieure à la Seconde Guerre mondiale », affirme le FMI dans ses "Perspectives économiques mondiales".
« Les quatre coins du monde sont affectés ». « Jamais dans l’histoire moderne autant de pays du monde n’ont été touchés simultanément par la confluence d’une tourmente économique et financière telle que celle que nous traversons actuellement », a de son côté déclaré le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, expliquant que les Etats-Unis portaient une part de responsabilité substantielle dans cette crise qui, selon le FMI, pourrait coûter jusqu’à 4.000 milliards de dollars.

Ces nouvelles prévisions représentent une forte révision à la baisse par rapport à janvier, quand le FMI tablait sur une croissance mondiale de 0,5%.

Les États-Unis demeurent l’épicentre de la crise et il est nécessaire que les autorités américaines prennent à bras le corps la question des actifs toxiques et celle de la solvabilité des banques, estime le FMI.

Parmi les pays industrialisés, c’est le Japon qui devrait souffrir le plus en 2009, avec une contraction de son Produit Intérieur Brut (PIB) de 6,2%, suivi de la Russie (6%), l’Allemagne (5,6%) et la Grande-Bretagne (4,1%).

Dans la zone euro, le recul serait de 4,2% cette année. L’économie française se contractera, elle, de 3,0%, tandis que le PIB des Etats-Unis reculera, lui, de 2,8%, du jamais vu depuis 1946. Selon le FMI, la croissance chinoise se ralentira à 6,5%, et celle de l’Inde à 4,5%.

Conséquences graves pour la population

Ces mauvais chiffres auront des conséquences directes sur l’emploi. Selon les économistes, au moins dix millions d’emplois pourraient être perdus cette année dans le monde, la plupart aux Etats-Unis et en Europe. En France, le taux de chômage devrait atteindre 9,6% de la population active fin 2009 et continuer d’augmenter l’année prochaine pour parvenir à 10,1%. En Allemagne, il sera de 9% fin 2009 et 10,8% fin 2010, de 8,9% et 10,1% aux Etats-Unis, et de 7,4% et 9,2% en Grande-Bretagne. (Voir graphique Prévision d’évolution du PIB pour 2009).

Ralentissement de la croissance en Afrique

Les pays émergents et en développement sur le continent africain seront durement touchés, la crise financière ayant atteint l’économie réelle. Ces pays, en général, ne rentreront pas en récession, mais leurs croissances baisseront considérablement, ce qui aura des conséquences plus graves pour la population qu’en Occident. A 5,2% en 2008, la croissance du Produit Intérieur Brut africain devrait descendre cette année à 2%. Les dernières prévisions du FMI faisaient état d’une croissance de près de 3%.

La baisse de la production mondiale frappera de plein fouet de nombreux pays africains lié à la chute des cours des matières premières sur les marchés internationaux. Les pays émergents et en développement auront également, d’après le FMI, « beaucoup de mal à se procurer des financements extérieurs pendant les deux années à venir ». Les économistes du FMI pensent qu’en raison « des difficultés très aiguës des marchés matures, les flux des capitaux au profit des pays émergents vont considérablement diminuer ».

Déjà 110.000 chômeurs à La Réunion

En raison de notre lien quasi exclusif avec l’Europe et en particulier la France, cette crise aura des répercussions également pour notre île. Rappelons que depuis le début de l’année, les dépôts de bilan sont en augmentation de 56% et la barre des 110.000 chômeurs a été atteinte. A la crise structurelle liée aux limites du modèle de développement vient s’ajouter cette crise conjoncturelle. Face à cette situation, il est urgent d’accélérer la réalisation des grands projets et valoriser nos atouts pour un développement durable et solidaire.

Risham Badroudine

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