La plus grande caisse d’épargne des Etats-Unis sacrifiée par l’offensive monétaire : 900 milliards de dollars dans les caisses de JP Morgan

Washington Mutual : faillite sans précédent d’une banque de dépôts

29 septembre 2008, par Manuel Marchal

L’offensive monétaire a fait une nouvelle victime aux Etats-Unis. C’est au tour de la première caisse d’épargne de ce pays qui a fait faillite. En quelques jours, les épargnants ont retiré plusieurs milliards de dollars. Les activités financières de WaMu ont été cédées à JP Morgan, qui devient la plus grande banque de dépôts des Etats-Unis. Après le rachat de Merill Lynch par Bank of America faisant de cette dernière la plus grande banque du monde, la croissance des activités de JP Morgan permet aux Etats-Unis de disposer d’une banque qui à elle seule gèrera 900 milliards de dollars.

Jeudi soir, le gouvernement américain via l’agence fédérale d’assurance des dépôts bancaires a décidé de fermer la plus grande caisse d’épargne des Etats-Unis. Les actionnaires et les créanciers perdent tout alors qu’en quelques jours, les épargnants ont retirés plusieurs milliards de dollars. En tout cas, ces derniers ont massivement retiré leur épargne. En quelques jours, la banque a vu partir 13 milliards de dollars. Et en un an, l’action de Washington Mutual a perdu 90% de sa valeur. La dette de la banque s’élevait à plus de 14 milliards de dollars.
A l’origine une caisse d’épargne, Washington Mutual a investit dans l’immobilier en prêtant de l’argent à des familles qui n’ont pas eu les moyens de rembourser : c’est le début de la fin.
Toutes ses activités bancaires ont été transférées à JP Morgan pour 1,9 milliard de dollars, soit des dépôts s’élevant à 188 milliards de dollars. JP Morgan devient ainsi la plus importante banque de dépôts des Etats-Unis, elle gère désormais 900 milliards de dollars. Après le rachat de Merill Lynch par Bank oh America, c’est la naissance d’un nouveau géant bancaire d’envergure mondiale grâce à la crise. JP Morgan « a décidé de passer par pertes et profits 31 milliards de dollars de créances détenues par sa nouvelle filiale, ce qui devrait permettre, selon elle, de nettoyer complètement ses comptes », annonce le "Nouvel Observateur". Ces 31 milliards de dollars sont autant de créances douteuses sur lesquelles JP Morgan décide de ne rien réclamer.
Pour digérer le rachat, JP Morgan souhaite augmenter son capital de 8 milliards de dollars.
Rappelons qu’en mars dernier, JP Morgan avait racheté Bear Stearns grâce au soutien de la Banque centrale américaine (FED). Cela ne peut que conforter l’idée selon laquelle la croissance de JP Morgan est un outil au service d’une stratégie. Rappelons que Washington a dépensé 85 milliards de dollars pour nationaliser l’assureur AIG, propriétaire d’ILFC, plus gros client d’Airbus et de Boeing. Pourquoi donc décider de laisser filer 188 milliards de dollars de dépôts en échange d’un chèque de 1,9 milliard de dollars à JP Morgan, alors que cela représentait un effort 40 fois moins important que le rachat de AIG ?
La restructuration de la finance mondiale provoquée par la guerre monétaire se poursuit. Désormais, aux côtés de Bank of America, plus grande banque du monde, les Etats-Unis disposent d’un établissement financier qui a dans ses caisses 900 milliards de dollars. Quant aux 31 milliards de dollars de créances douteuses, elles passent comme pertes et profits.

Manuel Marchal

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