Conférence des amis des Comores

66 millions de dollars pour le développement des Comores

26 décembre 2005

Deux semaines après la conférence qui a réuni près de cent cinquante représentants des pays donateurs et d’organisations régionale et internationale à Maurice, c’est la satisfaction dans les états-majors politiques et places publiques. 66 millions de dollars ont été promis au titre de l’aide bilatérale et multilatérale pour financer les programmes de développement, pour les quatre prochaines années, définis dans le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) élaboré par le Commissariat général au plan.

La Conférence des bailleurs de fonds en faveur des Comores est une partie intégrante des accords conclus dans le cadre du processus de réconciliation nationale suite à la crise séparatiste qu’a connue le pays.
La crise séparatiste qui a secoué les Comores entre 1997 et 2001 a été diagnostiquée en effet comme la résultante d’une crise profonde sur le plan socio-économique. Durant cette période, l’aide publique au développement est passée de 64 à 16 millions de dollars avec une dette extérieure avoisinant les 260 millions de dollars.
La mise en place de toutes les institutions prévue par la nouvelle Constitution symbolise la fin de la crise et la communauté internationale se devait de tenir ses engagements notamment la mobilisation des ressources nécessaires pour résoudre les problèmes sociaux cruciaux et jeter les base d’un décollage rapide de l’économie comorienne.
Ces engagements ont officiellement scellé par la résolution 58/120 de l’Organisation des Nations Unies et celle du Conseil exécutif de l’Union africaine (doc. EX.CL/106 V) datant de juillet 2004. Ces assises cruciales pour les Comores ont été présidées par Thabo Mbeki et parrainées par l’Afrique du Sud, l’île Maurice, la Chine, la France, l’Union africaine, le PNUD, la Banque Mondiale, le FMI et l’Union européenne.
Les autorités comoriennes se sont décidées à saisir cette opportunité pour mettre en place les bases solides d’une véritable relance de la croissance, ainsi que les fondations d’une lutte efficace contre la pauvreté.
Les experts qui officient au Commissariat général au Plan, ont extrait du Document de stratégie de réduction de la Pauvreté, un plan d’action d’un montant de 400 millions de dollars en vue d’atteindre une croissance accélérée de 5% annuel.

Des axes stratégiques

Les secteurs prioritaires de ce plan d’action sont le tourisme, l’agroalimentaire et la pêche. Toutefois le développement de ces secteurs d’activité nécessite la prise en compte de facteurs transversaux notamment la disponibilité en infrastructures de base comme les routes, les ports, aéroports, énergies et télécommunication.
Le dernier des sept axes stratégiques proposé dans ce plan d’action 2006-2009 est la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Un programme qui bénéficie déjà du concours technique et financier du gouvernement des États-Unis d’Amérique.
M. Younoussa Ben Iman, Commissaire général au plan et véritable maître d’œuvre de cet immense chantier, affiche volontiers sa satisfaction. "Nous avons atteint 66% de nos objectifs, sur le plan des engagements financiers. Mais l’objet de notre satisfaction va au-delà ; l’intérêt accordé à notre pays par les principaux bailleurs de fonds témoigne de la confiance retrouvée entre les Comores et leurs partenaires."

Évoquant la préparation de cette table ronde, M. Ben Iman ne cache pas les nombreux problèmes qui se sont posés. La priorité des programmes a suscité des débats houleux entre les experts des différents secteurs, qui ont retardé les travaux. Par ailleurs, l’absence de documents de référence a constitué un handicap important, qu’il fallut surmonter en réactualisant d’anciennes études ou en faisant appel à l’expertise extérieure comme ce fut le cas du bureau d’étude français qui a réalisé le document sur le développement du tourisme aux Comores. L’inexistence de statistique régulière n’a pas permis d’ajuster avec précision les besoins avenir dans beaucoup de domaines. Par exemple, on parle de relancer le secteur privé afin de créer des emplois, mais on a aucune idée du nombre d’emplois qui seront à pourvoir, ni des spécialités qui seront requises. Il n’est pas possible à l’heure actuelle d’avoir des chiffres sur le chômage, que ce soit le nombre total et encore moins la répartition socioprofessionnelle.

Développement durable : préoccupation illusoire

Par ailleurs, si le sixième axe stratégique parle bien de ‘’Promouvoir un environnement sain et garantir la durabilité du développement’’. L’idée de développement durable dans son action volontariste sur les énergies renouvelables, les moyens de transport individuels alternatifs à la voiture, une urbanisation qui prend en compte les besoins des prochaines générations paraissent loin des préoccupations. Ces questions qui suscitent tant de débats dans de nombreux pays, sont perçus ici comme un luxe réservé à ceux qui ont résolu les problèmes basiques de distribution d’eau potable, et d’accès aux soins et à l’éducation pour tous.

L’option retenue est d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), dans les quatre prochaines années. Toutefois, selon le Commissaire général au plan, les Comores vont solliciter l’expérience de La Réunion dans le domaine du développement durable car il est évident que les ressources naturelles d’un petit pays insulaire sont un bien très précieux, dont il faudra apprendre à maîtriser l’utilisation et la préservation. Il existe pour cela des canaux d’échanges dans le cadre de la coopération décentralisée que la partie comorienne entend relancer maintenant que le pays a retrouvé sa stabilité politique et institutionnelle. La Réunion est appelée également à jouer un rôle dans le développement des Comores dans le cadre de la nouvelle politique de co-développement. Ce programme porté par le Ministère de la Coopération va entre autres, encourager et faciliter des projets portés par des membres de la diaspora en territoire des Comores.

M. Aliloifa


SIDA : des médicaments gratuits

Au total, 32 personnes sont mortes du SIDA aux Comores entre mars 1988, date de dépistage du premier cas, et aujourd’hui, a déclaré jeudi dernier à Moroni le vice-président et ministre comorien de la Santé, Caabi Elyachroutu. Après avoir signalé que le dernier cas de décès a été enregistré il y a un mois à l’hôpital El-Maarouf de Moroni, M. Elyachroutou a indiqué que même si l’archipel des Comores est parmi les pays à faible prévalence du VIH/SIDA, cela ne le dispense pas de l’épidémie, mais la rend moins visible.
Parmi ces annonces, faites au cours d’une rencontre publique au palais présidentiel de Beit-Salam, celle de Jean Youssouf, coordonnateur du Programme national de lutte contre le SIDA, qui a souligné que les cas connus et enregistrés en dix-sept ans sont de 79, y compris les décès.
Entre 1991 et 1995, a indiqué M. Youssouf, qui a dépisté le premier cas en mars 1988 au laboratoire d’El-Maarouf où travaillait à l’époque ce biologiste de formation, le taux de prévalence chez les femmes enceintes est passé de 0,01% à 0,07% entre 1996 et 2000. "Dix-sept ans après, l’épidémie est peu active, mais en progression", a-t-il dit, ajoutant que chez les donneurs de sang, prostitués, patients avec des Infections sexuellement transmissibles et tuberculeux, la prévalence reste proche de zéro entre 1990 à 2004.
En janvier prochain, les Personnes vivant avec le VIH obtiendront gratuitement les Antirétroviraux (ARV) grâce au soutien du Fonds mondial (Global Fund), a-t-on également appris au cours de la rencontre. Une étude de 2003 révèle que le taux de séroprévalence actuel de 0,02% passerait, dans un scénario catastrophe, à 15% en 2018 si cessait tout effort de prévention.
Dans le meilleur scénario, qui suppose des efforts conséquents de prévention, a ajouté le vice-président Elyachroutu, le taux serait de 3% à la même année. "La lutte contre le VIH/SIDA a une base, c’est le dépistage", a souligné pour sa part Ahmed Abdou Halidi, technicien supérieur en Santé publique, qui s’interrogeait sur l’efficacité d’une lutte "quand le laboratoire d’analyses médicales d’El-Maarouf, le seul digne de ce nom dans le pays, peut cesser toute activité des mois durant faute de réactifs". "On fera des discours, on prendra des engagements et on fera toutes les promesses que l’on veut, mais le seul et vrai engagement c’est la volonté politique. Aujourd’hui, les fonds alloués à la Santé sont inférieurs à 10% du budget national, mais aucun centime n’est déboursé, là où les autres pays accordent 15% de leur budget à la Santé. La différence est là", a dénoncé M. Halidi.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus