Anjouan

Améliorer la qualité de l’éducation à Nyumakele

28 septembre 2006

Depuis 8 ans, Initiative Développement, une ONG française œuvre au désenclavement éducatif dans l’une des régions les plus pauvres de l’île d’Anjouan. Ce programme s’appuie sur l’engagement de la communauté en faveur de l’amélioration des conditions d’enseignement.

Enclavé dans une région au relief escarpé, le Nyumakele s’est toujours senti oublié. Ses enfants étaient d’emblée enfermés dans le cercle vicieux de la misère et de l’analphabétisme. Cette zone rurale très peuplée (793 hab./km2), est considérée comme la région la plus pauvre de l’île d’Anjouan et des Comores.
Placer une partie de leur progéniture dans les familles urbaines a longtemps été une manière pour les parents de leur donner une chance dans la vie.
À la fin des années quatre-vingt-dix, la crise séparatiste a précarisé davantage le Nyumakele déjà sinistré.
C’est dans ce contexte qu’intervient Initiative Développement (ID) spécialisé dans l’éducation. Selon Nasser Assoumani, responsable du projet, ce ‘’Programme d’amélioration de la qualité de l’éducation dans les écoles primaires du Nyumakele’’ en 1998, le Nyumakele obtenait les plus mauvais scores du pays en termes de scolarisation des enfants et particulièrement des filles. Le taux brut de scolarisation des garçons était de 73% et de 45% pour les filles.
L’action de médiation du programme entre les enseignants et les parents d’élèves a permis aux écoles du Nyumakele de réouvrir leurs portes à partir du 1999. Les parents se sont engagés à payer une partie des salaires des maîtres, et ID a apporté une partie des fournitures scolaires.
Cette expérience de co-gestion des écoles s’est formalisée par la mise en place des Conseils d’Ecoles qui ont rapidement acquis une vraie légitimité dans la communauté et auprès de l’Inspection scolaire.

Une augmentation de 74% des effectifs des écoles en 7 ans

Grâce aux efforts de ID et de ses nombreux partenaires, le nombre d’enfants scolarisés est passé de 5.789 enfants en 1997-98 à 10.070 à la rentrée 2004-2005 (sources CIPR 16/10/04), soit une augmentation de 74% des effectifs des écoles en 7 ans. 350 enfants sont scolarisés dans 9 classes maternelles, les premières du Nyumakélé, ouvertes en 2003.
Selon une étude réalisée par l’ONG, actuellement, 70% des 1000 enfants en CP1 n’atteindront pas le CM2 et seuls 10% d’entre eux atteindront le CM2 sans redoublement. Sur les 300 enfants qui atteignent le CM2, seuls 45% seront reçus en 6ème.
Les causes de ces mauvais résultats sont multiples et certaines sont communes à tout le pays comme la démotivation des instituteurs en raison de l’accumulation des arriérés de solde. Cependant la situation particulière de cette “cinquième île” accentue ces phénomènes et en crée d’autres notamment l’absence de pré-scolarisation, l’environnement socioculturel de l’enfant peu favorable, le faible niveau de formation des maîtres, la faiblesse de l’encadrement des maîtres à tous les niveaux.

Renforcer l’implication des communautés dans le programme

Lorsqu’un atelier bilan a fixé la priorité du projet, dans l’amélioration de la qualité du système éducatif, ID a choisi de tester sa démarche dans 6 écoles pilotes avant de l’étendre aux autres écoles du Nyumakele.
Ce programme est axé sur le renforcement des capacités et des structures dans les écoles maternelles ainsi que l’amélioration de l’accès au centre de documentation pédagogique en vue d’accompagner la formation continue des maîtres dans le primaire.
Au niveau de la société, ID améliore la communication pour renforcer l’implication des communautés dans le programme et envisage la constitution d’une équipe d’agents de santé communautaires en vue de réaliser des actions curatives et préventives auprès des enfants.
L’évaluation en cours montre d’emblée des résultats encourageants, mais les chiffres ne sont pas encore disponibles selon l’animateur.

Association Partage avec les enfants du monde, cofinancement MAE (Ministère des Affaires Etrangères), l’Unicef.
Pour mener à bien son programme ID s’appuie au niveau local sur la participation active de l’Association Pédagogique des Enseignants du Primaire créée en janvier 2003, l’Alliance Franco-Comorienne au niveau local. Il reçoit le soutien du Vice-rectorat de Mayotte et de plusieurs organismes français.

De notre correspondant,
M. Aliloifa


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