La gestion post-crise aux Comores

Après la Réunification, place au Développement

15 avril 2008

L’Etat a dépêché des hauts fonctionnaires à Anjouan pour aider à rétablir les relations de travail entre l’administration centrale et les services régionaux, ainsi que dans les succursales des entreprises publiques. Pendant ce temps, les travaux de réfection des routes de la capitale rentrent dans leur dernière phase.

Deux semaines après le départ forcé de la junte au pouvoir à Anjouan, et de la réunification du pays, les autorités mettent le cap sur la reconstruction.

L’installation du gouvernement intérimaire d’Anjouan a permis de remettre en marche la machine administrative de l’île conformément aux textes en vigueur. Pour ce faire, les autorités de l’Union ont dépêché à Anjouan des grands commis de l’Etat afin de restructurer les services et recréer le lien hiérarchique avec l’administration centrale. Pour beaucoup de fonctionnaires en poste à Anjouan, tout cela est nouveau : « Je n’ai jamais été séparatiste, mais depuis que j’ai pris ce poste, on travaille ainsi. Je n’ai pas de problème à suivre le nouvel organigramme, et je vais transmettre régulièrement les données collectées à Moroni », explique un jeune cadre de la Direction du Budget.
De son côté, un cadre de la Direction Nationale des Impôts a tenu à rassurer ces collègues d’Anjouan quant à leur autonomie. Pour lui, les vignettes, la patente et autres taxes continueront à être perçues par les services de la Direction régionale. Par contre, il sera installé prochainement le Service de la Fiscalité des Entreprises (SFE) dont les agents dépendront directement de Moroni, « mais je suis d’ores et déjà rassuré de la bonne collaboration du fait que c’est le nouveau responsable qui nous a demandé de venir l’aider à mettre en place la connexion des services », ajoute cet inspecteur des impôts qui totalise 25 ans de carrière.

Transfert de compétences à la chinoise

La vraie satisfaction de cette franche collaboration vient surtout de la Direction Nationale des Douanes et de l’Autorité Portuaire. En effet, le gros du trafic maritime passe toujours par Anjouan, et par le passé, l’homme fort de l’île et ses amis percevaient directement des royalties sans les faire enregistrer dans les services concernés. Cette manne constitue désormais une source de financement supplémentaire pour le budget de l’Etat.
Cependant, en retour, la population de l’île ne perdra rien au change, bien au contraire. Le gouvernement de l’Union a décidé de donner un signal fort pour que, rapidement, ceux qui ont souffert de la mauvaise gouvernance et de la précarité puissent voir leur condition de vie s’améliorer. Ainsi, chaque ministre fait le point des projets suspendus et prend contact avec les bailleurs pour démarrer les chantiers du développement.
Pendant ce temps, à Moroni, un grand podium a réuni un millier de personnes et une dizaine d’artistes le 12 avril au stade Ajao, et une cérémonie solennelle a été organisée ce 14 avril à Mohéli pour fêter le succès de l’opération de réunification du pays.
Même si nous ne sommes pas dans l’antiquité romaine où le bon peuple se nourrissait de spectacles, les engins de travaux publics mènent la danse. La réfection des routes, commencée il y a quelques semaines vient d’entrer dans sa phase décisive. En effet, après avoir bouché tous les nids de poules et les crevasses qui perturbaient la circulation depuis des années, l’enrobage est devenu un spectacle qui attire les badauds. En fait, la technique est nouvelle aux Comores et une entreprise chinoise réalise les travaux en assurant un transfert de compétences à son partenaire comorien. « Sambi nous a promis des choses jamais vues auparavant, et bien, c’est ce que nous sommes entrain de vivre en ce moment », clament les jeunes, qui passent toute la journée à suivre l’évolution des chantiers.
Said Housseine, Directeur régional des Travaux publics, parle d’un « contrat de 3,2 millions d’euros avec les Chinois, sachant que tout le goudron utilisé est offert par la Libye ». Mais, poursuit-il, « la qualité du travail est à la hauteur des sacrifices consentis par les pouvoirs publics ».
Toujours pour améliorer les conditions de vie de la population, les autorités de l’île de Ngazidja viennent de prendre diverses mesures pour lutter contre l’inflation, notamment dans les produits de premières nécessités.

De notre correspondant A. Mohamed


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