Référendum Constitutionnel

Comores : le suspens jusqu’au bout

18 mai 2009, par Aliloifa Mohamed

A quelques heures du scrutin d’hier, 17 mai, rien ne semblait devoir arrêter la tenue du référendum même si les obstacles se dressaient à chaque tournant. Cette fois-ci, c’est la Cour Constitutionnelle en charge de l’arbitrage qui se trouvait elle-même en crise.

Les Comoriens pourtant habitués aux joutes oratoires semblent se lasser des palabres politiciennes. Les derniers meetings en faveur du “OUI” se sont certes déroulés dans le calme à Mitsamiouli, Ikoni, Fomboni, toutefois, les foules ne se sont pas bousculées pour écouter.
De leur côté, les partis d’opposition, quelques peu déstabilisés par les violences de ces dernières semaines, ont essayé de se repositionner sur le terrain. Ainsi, l’avocat saint-pierrois Said Larifou a organisé un meeting à Ajao, à Moroni, pour prôner le boycott citoyen, alors que Houmed Msaidié de l’ancien parti au pouvoir, le Front Démocratique, et Idriss Mohamed, au nom de la société civile, ont opté pour des conférences de presse pour dénoncer les manœuvres cachées de M. Sambi contre les institutions. Evidemment, le plus virulent fut Msaidié, qui dit entre autres que le nouveau projet de réforme apportera plus de confusion dans la répartition des compétences et plus de dépenses dans son fonctionnement, tout étant une menace pour l’Unité nationale et la démocratie.

L’après-référendum

Il est clair que les arguments des uns et des autres suscitent de moins en moins d’intérêt pour des gens qui sont préoccupés par leur quotidien. En effet, les différentes réactions recueillies dans diverses régions, indépendamment des clivages politiques, révèlent qu’il y aura un taux d’abstention inégalé dans les annales électorales du pays.
Il s’avère par ailleurs que la polémique de ce référendum ne se terminera pas à la fermeture des bureaux de vote.
Un autre casse-tête beaucoup plus sinueux attend le Président Sambi avec la démission d’un des membres mohéliens qui siègent à la Cour Constitutionnelle.
Cette haute juridiction a commencé à se fissurer samedi dernier lorsqu’elle s’est prononcée incompétente à statuer sur les requêtes en annulation du référendum. Même s’il dit avoir démissionné pour des raisons strictement professionnelles et non politiques, il est difficile de ne pas lier la décision de Mohamed Hassanaly, de la déclaration du syndicat pour la défense de la présidence tournante, demandant aux Mohéliens siégeant à la Cour Constitutionnelle et à la Commission électorale de rendre leur tablier.
Ce dernier développement compliquera considérablement l’homologation des résultats et la lisibilité du processus qui devrait conduire à la mise en place du nouveau cadre institutionnel.

De notre Correspondant
A. Mohamed


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Messages

  • Une participation de 44,81% des inscrits ( annoncée et à verifier) pour un résultat de 92,3% de oui, ce n’est pas une victoire, c’est un coup de force. Vous multipliez les deux chiffres, vous aurez 41,36% de oui qui ont approuvé la reforme du président.
    C’est une mascarade, il va s’accrocher au pouvoir avec le désaveux du peuple du moins sa résignation et son indiférence : la majorité silencieuse, qui a réfusé de s’exprimer.

    l’opposition ne sort pas , non plus, grandie par l’attitude d’appeler au boycott, au lieu d’assumer et faire campagne active pour le non : jouer le jeu démocratique. (...)


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