Volcan Karthala

Des spécialistes réunionnais à Moroni

12 décembre 2005

Deux semaines après l’éruption qui a couvert de cendres les 2 tiers de l’île de Ngazidja, une équipe de La Réunion conduite par le volcanologue Nicolas Villeneuve, vient d’effectuer une mission d’étude aux alentours du cratère. Pendant ce temps, les conséquences de cette éruption phréato-magmatique continuent de peser encore sur la population malgré les efforts des uns et des autres.

La mission de six personnes est arrivée à Moroni le 4 novembre, et a campé près d’une semaine aux abords du volcan. Les spécialistes ont effectué des relevés de mesures, et des prélèvements d’échantillon qui seront analysés à La Réunion grâce au partenariat technique et scientifique entre l’observatoire du Piton de la Fournaise et l’Université de La Réunion.
La veille du départ de cette mission, les habitants de la Grande Comore ont accueilli avec soulagement un communiqué de l’observatoire du Karthala qui, le 8 décembre annonçait la fin de l’activité sismique à l’origine de l’éruption phréato-magmatique du 25 novembre 2005. Quinze jours avant cette date, les responsables de l’observatoire installé dans l’enceinte du Centre national de documentation et de recherche scientifique (CNDRS) ont diffusé un communiqué d’alerte ; le terminal de contrôle des capteurs du volcan venait d’enregistrer des activités sismiques anormale. Après des jours de surveillance et d’attente angoissée, des explosions semblables à des coups de tonnerre annonçèrent, vers 18 heures, le début de ce que certains n’ont pas hésité à qualifier d’“apocalypse”. Heureusement, ce ne fut qu’une pluie de cendre semblable à celle qui en avril dernier s’était abattue sur la principale île de l’archipel. Pour beaucoup de Comoriens, ce sont les prières entonnées en chœur dans les mosquées qui les ont préservés des dangers annoncés.

Le problème
de la pollution de l’eau

Cependant, une telle quantité de cendres n’est pas sans conséquence grave sur le plan environnemental et celui de la santé. Les espèces végétales et animales ont été durement éprouvées.
Le plus dramatique reste sans conteste la pollution de l’eau. "Même si les substances contenues dans la cendre ne sont pas toxiques, elles constituent le lit idéal pour les micro-organismes", explique le Capitaine Naoufal, médecin responsable du service de protection et de la sécurité civile de l’armée. Dans l’état actuel, deux Grand Comoriens sur trois vivent dans la zone polluée, et un sur trois a vu sa réserve d’eau devenir impropre à la consommation. Cela concerne particulièrement les 170 personnes qui résident en dehors du réseau d’adduction d’eau.
Depuis le début de l’éruption, le service de protection civile épaulé par des unités de l’armée a lancé une vaste opération d’assainissement de lieux publics. Cela a concerné le nettoyage des hôpitaux, des écoles, et des marchés. Parallèlement, il y a eu le pompage et la désinfection des citernes individuelles et collectives. Une tournée médico-technique a permis d’assurer des soins gratuits et la distribution de médicament dans les zones sinistrées.
Ces opérations ont bénéficié du soutien financier des nations, des ambassades de Chine et de la France qui a mis notamment un Transat au service de la Croix-Rouge française, pour acheminer un matériel de secours. Des casernes du département de La Réunion ont aussi fourni divers équipements.

Une plate-forme régionale
de sécurité civile

Dans les quartiers et les villages, des associations et des jeunes de bonne volonté ont entrepris de dégager la poussière à l’intérieur et sur les devantures des maisons. Malheureusement, il faut sans cesse recommencer car le moindre coup de vent ramène la “peste grise”.
Selon le Capitaine Naoufal, le principal problème reste la logistique dans le ravitaillement en eau de la population. Ses services ne disposent que d’une dizaine de camions citerne, pour approvisionner plusieurs villages. Des cas de dysenterie liés à l’absence d’eau potable ont même été recensés. Pour l’heure, la distribution de l’eau et l’assainissement des lieux publics se poursuivent, mais il y a des actions à faire à court et à moyen terme. La sécurisation de l’approvisionnement hydraulique demeure le défi à relever en Grande Comore. Il s’agit de couvrir les citernes en milieu rural et d’accroître le réseau d’adduction d’eau en milieu urbain.
Pour faire face à un tel cataclysme naturel, le responsable de la sécurité civile recommande le renforcement des capacités du Centre national des opérations d’urgence de façon permanente. Toutefois, vu le handicap matériel et technique dont souffrent les Comores, l’idée en gestation d’une plate-forme sous régionale de sécurité civile pouvant basculer d’une île à l’autre avec La Réunion comme base arrière reste la meilleure solution.

M. Aliloifa


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