Comores : Flambée des prix et pénurie

Dur, dur le ramadan

18 septembre 2008

Vie chère, rareté des produits pétroliers, délestages d’électricité, la piété des Comoriens est mise à dure épreuve cette année. Et pourtant, le ramadan, 3ème pilier de l’Islam, est suivi dans l’austérité et la dignité.

Il faut avoir le porte-monnaie bien garni avant de se rendre au marché de Volo-volo.

Mois de piété et de recueillement, le ramadan se distingue également dans les familles par de véritables festins à la coupure du jeûne. S’agissant de la nourriture spirituelle, les Comoriens sont très bien servis. Non seulement toutes les mosquées font le plein de fidèles pour le prêche chaque après-midi, mais ceux qui restent au foyer ne sont pas des laissés pour compte. En plus de la traditionnelle traduction du Coran du Grand Mufti retransmise en direct par la radio et la télévision nationale, le peuple a droit à une diffusion différée, à l’heure de la rupture, du “one man show quotidien” de Sambi, revêtu de ses habits de prédicateur religieux et entouré de son gouvernement et de quelques fidèles triés sur le volet.

Pendant ce temps, la nourriture du corps est devenue, elle, problématique. L’inflation des produits importés est venue gonfler les prix des denrées agricoles locales très prisées en cette période. « Il faut avoir le porte-monnaie bien garni avant de se rendre au marché de Volo-volo. Les prix du manioc, de la banane verte et des songes ont atteint des plafonds inimaginables », se plaint Riama, une mère de famille, qui peste également sur ses revenus insuffisants versés au compte-goutte et de façon irrégulière. Il faut ajouter le fait que les coupures de plus en plus longues de courant et la difficulté de s’approvisionner en carburant ont dérégulé le marché de la viande et du poisson puisque les vendeurs subissent des pertes.

Mohamed Riziki pointe du doigt la gouvernance du pays qui aggrave la crise au lieu de l’atténuer : « La mauvaise gestion des stocks et les dysfonctionnements dans la chaîne de distribution des hydrocarbures sont la principale cause de nos problèmes. Les files de voitures devant les stations-service entretiennent la méfiance des consommateurs et attisent l’appétit des spéculateurs. C’est donc l’incapacité de nos dirigeants à assumer le monopole qu’ils ont qui perturbe le marché », tempête cet économiste.

La popularité du Président Sambi est au plus bas. L’euphorie du retour de l’île d’Anjouan dans l’ensemble national est bien loin. Les difficultés de s’approvisionner à la pompe et la hausse de la course en taxi ont balayé la focalisation des citadins sur la réfection des routes bien que les travaux en cours offrent un nouveau visage à la capitale. Les avions privés et les discours des princes et des hommes d’affaires arabes ne suscitent plus de commentaires.
C’est un peuple abusé et désabusé qui continue à se plier aux injonctions du 3ème pilier de l’Islam dans l’austérité et la dignité.
Ce qui est contradictoire, c’est que personne n’arrive à mobiliser les gens pour manifester contre la détérioration du niveau de vie. Ibrahim, chauffeur dans un projet de développement, explique qu’ils en ont assez d’être utilisés. « Nous ne voulons pas que les dirigeants de l’ancien régime qui nous ont spoliés utilisent notre mécontentement dans leur opposition au gouvernement Sambi. Si c’est Maître Larifou ou Msaidié qui appellent à descendre dans la rue, nous ne nous déplacerons pas ».
Il est avéré en effet que l’avocat Said Larifou s’est retrouvé avec moins 50 personnes lors d’une marche contre la mauvaise gestion des affaires publiques il y a un mois.

De notre correspondant
A. Mohamed

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