Élections aux Comores

Entre satisfaction et confusion

De notre correspondant particulier

13 juin 2007

Mardi après-midi, la population s’interrogeait sur les raisons du suspense prolongé à l’issue d’un scrutin admis comme un modèle dans l’organisation et le déroulement à Ngazidja et Mohéli. Par ailleurs, le gouvernement comorien et de la Communauté Internationale ont exprimé leur vive désapprobation de l’élection qui a eu lieu à Anjouan le jour même.

Le premier renouvellement des chefs des exécutifs insulaires depuis l’avènement de la nouvelle architecture institutionnelle s’est déroulé dans le calme et la transparence à Ngazidja et Mohéli.
Dans cette dernière île, c’est le président sortant qui va croiser le fer avec un riche commerçant de la place, selon des résultats encore provisoires. A Moroni, jusqu’en fin de journée hier, il était difficile de se faire une idée sur le duo gagnant.

En attendant les résultats officiels, Mohamed Abdoulwahab arriverait en tête, selon les premiers décomptes. Ce magistrat a été précédemment Directeur de cabinet du Président de l’Union et servait ces derniers mois comme Conseiller privé. Ce magistrat est donc étiqueté candidat du pouvoir et il a bénéficié du soutien de certains membres du gouvernement et du mouvement qui a porté Sambi au pouvoir. Il a créé la surprise car beaucoup pensaient que le Président Sambi avait perdu de sa popularité et que ses partisans ne pouvaient plus se remobiliser.

Pour la seconde place, le duel se jouait encore lundi après-midi entre l’avocat Saïd Larifou et Elbak, le président sortant. Qu’il l’emporte ou pas, l’avocat saint-pierrois a fait une remarquable percée.
Au-delà de son discours, le Ridja a réussi à se rapprocher des jeunes en finançant la construction d’espaces publics, de terrain de foot. L’acquisition d’une station de radio et d’une chaîne de Télévision émettant depuis Moroni des programmes spécifiques pour la tranche d’âge 18-25 ans a contribué à asseoir la popularité de cet homme qui a déjà été candidat en 2002. Durant la campagne, il accompagnait ses meetings de concert gratuit avec des DJ, ces jeunes chanteurs qui ont les faveurs du public en ce moment.

La fuite en avant du Colonel Bacar

Depuis ce matin, les États majors échafaudent les stratégies d’Alliance en vue du second tour, alors qu’à Anjouan, c’est la confusion la plus totale qui règne. Le premier tour dans cette île a été reporté d’une semaine pour cause d’insécurité. Cette situation résulte de l’interdiction faite à l’avion du Chef de l’Etat d’atterrir, et la dispersion avec des coups de feu d’une partie de la population venue l’accueillir.
Réuni en urgence le 9 juin à Addis-Abeba, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine a adopté une résolution qui « met en garde contre toute tentative des autorités anjouanaises d’organiser des élections le 10 juin 2007... et souligné que l’Union Africaine et la Communauté Internationale dans son ensemble ne reconnaîtront pas les résultats qui seront issus d’un tel scrutin ».
Contre toute attente, les autorités de l’île rebelle ont décidé de passer outre et d’organiser un scrutin qualifié d’emblée de mascarade. À Moroni, certains ne cachent pas leur satisfaction car cet imbroglio va obliger tout le monde à prendre position comme le souligne un des candidats malheureux de Ngazidja : « Nous nous sommes voilés la face pendant des années, mais ce qui se passera dans quelques jours devra nous fixer ».

A. Mohamed


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