Mohamed Bacar et acolytes : Baromètre des relations franco-comoriennes

Fermeture de l’ambassade de France aux Comores

28 avril 2008

La décision de l’OFPRA d’accorder l’asile à deux compagnons du Colonel Bacar et de soustraire Six autres à la justice comorienne a affolé les diplomates français à Moroni. Craignant le mécontentement des comoriens l’Ambassade a fermé ses portes au public et conseillé ses ressortissants de ne pas envoyer leurs enfants à l’école.

La représentation diplomatique française à Moroni est fermée au public.
(Photo MA)

Depuis le 27 mars où l’ex-dictateur d’Anjouan est entre les mains des autorités françaises de Mayotte d’abord et de La Réunion ensuite l’axe diplomatique Paris - Moroni traverse une zone de turbulence. Les manifestations spontanées des Anjouanais résidents à Mayotte le 27 mars dernier, et celles qui se sont déroulé les jours suivants ont entraîné des effets assez importants. A Mayotte où les ressortissants des autres îles sœurs n’étaient pas bien vus, des Mahorais alliés à des Wazoungou (métropolitains) ont exprimé publiquement leur animosité contre les autres Comoriens.
A Moroni, ce sont les ressortissants français qui sont régulièrement hué et conspué à chaque nouveau développement de l’affaire de l’Affaire Bacar & Cie. Un dérapage à même eu lieu avec un jet de cailloux sur la voiture de l’Ambassadeur, Christian Job.
C’est la raison pour laquelle la décision de l’OFPRA d’accorder l’asile à deux compagnons du Colonel Bacar et de soustraire six autres à la justice comorienne a affolé les diplomates français à Moroni. Craignant en effet, le mécontentement des Comoriens, l’Ambassade a fermé ses portes au public et conseillé ses ressortissants de ne pas envoyer leurs enfants à l’école. Ce 26 avril, lors d’une cérémonie de décoration des responsables militaires africains et comoriens sur la place de l’indépendance, le diplomate français a été vertement conspué par près de 3000 personnes présentes.
A Paris, l’Elysée ne cache plus son inquiétude depuis le refus des autorités comoriennes d’accueillir les expulsés de Mayotte. Après l’échec d’une mission dépêchée à Moroni, le ton commence à monter. Yves Jego, Ministre de l’Outre-mer parle de revoir les relations diplomatiques et d’autres évoquent la remise en cause des accords monétaires.

Pendant ce temps, le Gouvernement Sambi, fort de sa popularité, plane dans un nuage et continue d’organiser des manifestations publiques pour célébrer sa récente victoire militaire, politique et diplomatique.
Harouna Ridjali, Médecin natif d’Anjouan, estime que les gouvernants ne mesurent pas suffisamment la gravité de cette situation : « Au lieu de s’asseoir, au besoin avec la société civile pour examiner la position idoine à adopter vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale dans ce nouveau contexte, les membres du gouvernement versent dans la surenchère nationaliste ».

Le nationalisme c’est d’abord la lutte contre la pauvreté

C’est un même son de cloche que l’on entend en discutant avec trois enseignants de l’Université des Comores. Leur satisfaction du retour d’Anjouan dans les institutions nationales ne les empêche d’émettre des réserves sur les récentes déclarations à propos de Mayotte. « Autant les intellectuels mahorais qui ne sont pas favorables à la départementalisation, n’ose plus s’exprimer, autant on nous taxera de vendus si nous disons que réclamer notre souveraineté sur Mayotte n’est pas notre priorité ».
Poursuivant dans le même sens, son collègue ajoute : « Nous admettons que la situation de rébellion à Anjouan était un obstacle aux nombreux chantiers de développement, cependant nous refusons que la situation qui prévaut à Mayotte depuis 33 ans vienne détourner nos dirigeants de leur devoir envers ce peuple qui a tant souffert ». Pour conclure, le troisième larron lance un appel à l’endroit des intellectuels comoriens : « C’est à nous de relever les défis de la lutte contre la pauvreté au lieu de continuer à bercer nos concitoyens d’illusion nationaliste ».
Ces enseignants préfèrent continuer leur discussion de salon dans un premier temps avant de se frotter à l’espace public.
Par rapport à la vague anti-française qui siffle en ce moment, nos chercheurs condamnent cette attitude qui consiste à toujours désigner l’autre comme responsable de nos échecs. Ils reconnaissent que des citoyens français parfois dans le cadre de leur fonction ont fait du tort à notre pays, mais toujours en collaboration avec notre classe politique : « nous ne pouvons pas à chaque fois laver et recycler nos délinquants politiques et entretenir la diabolisation des autres ». Pour finir, ils se disent que la crise actuelle doit ouvrir la voie à un dialogue sincère du fait que Sambi et Sarkozy n’ont pas de lien avec les réseaux de la Françafrique.

De notre correspondant A. Mohamed

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  • Je réside à Commercy dept de la Meuse France .Je suis très heureux avec ma compagne Kamlati IBRAHIM de Sambakouni avec qui j’ai 3 jeunes enfants .Je pense que le Colonel BACAR D’Anjouan s’est très mal comporté avec son peuple et surtout la nation souveraine des Comores .Je suis l’ancien Pt de l’association des Droits de l’homme à Mayotte 2000-2004 et à mon époque il y avait de nombreux Musungus solidaires des sans papiers .Nous avions atteints 620 adhérents.Le gros problème venait de Mme la consul de France à Moroni qui pendant des années avait des apriories sur la sociétée Comorienne .Elle refusait systematiquement toute signatures ou Visas aux Comoriens malgrés les actes de naissance ,les signatures du Ministre des affaires Etrangére et du Tribunal des Comores complètements conformes. Celà avait des conscéquences facheuses auprés de la Préfecture De Mamudzu avec qui nous étions avec notre association semestrialement en contact. Des dossiers nombreux ne pouvaient etre concrétises.Il y a vraiement un probléme Politique qui effectivement risque d’etre explosif .Il faut remettre nos relations à plat avec les nouveaux présidents renforcer nos liens historiques,sentimentaux et gagner avec de la franchise une réelle confiance .Amicalement Alain FAROUX


Témoignages - 80e année


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