Politique comorienne

Fonctionnement difficile des institutions

21 novembre 2006

Après l’examen d’entrée à l’Université des Comores, c’est l’examen d’entrée dans l’Armée nationale qui est boycottée par le gouvernement de l’île autonome d’Anjouan. Les portes du Lycée de Mutsamudu étant fermées par le maître des lieux, ce sont encore une fois les écoles privées de la capitale qui ont accueilli les candidats.

Il y a juste une semaine que les résultats du fameux test qui devait repêcher une partie des bacheliers d’Anjouan ont été publiés à Moroni. Seulement 188 sur les 1.100 candidats titulaires du Bac des éditions 2004, 2005 et 2006, soit 16,92%, seront autorisés à s’inscrire à l’Université des Comores. Loin de mettre fin à la controverse, ces résultats relancent le débat sur son opportunité à Mutsamudu comme à Moroni. Mhamadi, candidat malheureux, a vite fait de reprendre la thèse des dirigeants de l’île disant que le but de l’examen n’était pas de sauver les jeunes Anjouanais car des enfants de bonne famille sont déjà partis avec des bourses dans des universités étrangères.
À l’inverse, les syndicalistes à Moroni continuent de critiquer la reculade du Ministère de l’Éducation nationale. Pour rappel, tout est parti du refus des autorités anjouanaises de laisser la supervision du Bac 2006 au Ministère de l’Éducation nationale. Ce dernier a alors refusé de reconnaître ce diplôme.
Pour Kamalidine Affraitane, Doyen de la Faculté des Sciences et Techniques, le test a donné une chance à ceux des bacheliers anjouanais qui méritaient vraiment d’avoir le diplôme dans des conditions normales : « Cela nous a permis d’avoir une idée sur le niveau réel de l’enseignement à Anjouan car depuis 10 ans, nous ignorons ce qui se passe dans ce système éducatif ».

Questions politiques et institutionnelles en causes

Aux critiques des opposants au régime qui disent que l’acceptation de ces jeunes Anjouanais va faire perdre à l’Université sa crédibilité, Mlle Djalim Samira, assistante chargée de la communication, répond que ce n’est pas la première fois que l’Université des Comores organise un tel test.
En effet, en 2003, il a permis de faire rentrer des jeunes Anjouanais et en juin 2006, les bacheliers du Lycée Arabe "Irchad" l’ont passé et une partie d’entre eux suit déjà les cours : « Ce qui préoccupe nos responsables, ce sont les conditions matérielles de l’accueil de ces étudiants venus d’Anjouan, et nous espérons que le gouvernement va nous apporter son appui assez rapidement ». En fait, ce qui donne tant d’importance à cette question du Bac d’Anjouan, ce sont les relations politiques et institutionnelles entre le Gouvernement fédéral et les îles autonomes. C’est ce qui s’est passé cette semaine encore avec la tentative de l’homme fort d’Anjouan de saboter l’examen qu’organise l’Armée nationale au profit de ses nouvelles recrues.
Il est vrai que ce sera la première fois depuis la cessation en 1997 que l’État va disposer de troupes permanentes à Anjouan, d’où ce bras de fer.
Comme pour le test du Bac, les candidats soldats se sont présentés tôt le matin et ont trouvé le lycée de Mutsamudu hermétiquement fermé. Une fois encore, ce sont les établissements privés de la capitale qui ont servi de centre d’examen. Cette défiance envers l’État est nuisible car elle fragilise le gouvernement central et provoque une dérive séparatiste à Ngazidja. C’est en substance la crainte des représentants de la communauté internationale aux Comores. Au cours d’une conférence de presse jeudi dernier, les représentants résidents de l’Union africaine, de l’Union européenne, du système des Nations Unies, les ambassadeurs de Libye et d’Afrique du Sud et le Premier conseiller de l’Ambassade de France ont rappelé qu’ils vont soutenir la consolidation d’un État fédéral partageant la gestion des affaires avec des îles autonomes et non une confédération.

A. Mohamed


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