Comores/finance : La BIC a perdu un procès à 1,8 milliard

Incertitude dans les milieux d’affaires

15 décembre 2007

Le succès de la table-ronde à Paris sur la dette comorienne, la relance des activités de la BDC et l’ouverture d’Exim-Bank prédisaient une embellie de l’économie comorienne en 2008. Cependant, l’issue d’un procès à rebondissement qui opposait la principale banque commerciale et un de ses clients apparaît lourde de conséquences.

La BIC au cœur de la tourmente.
(photo A. M. )

Le 28 novembre dernier, s’est tenue au siège du ministère de l’Economie et des Finances, à Paris, une réunion des principaux donateurs des Comores. La délégation comorienne avait le pari difficile de convaincre ses partenaires d’apurer le solde des arriérés de la dette auprès de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Cette institution financière ayant déjà consenti en juillet dernier 69% de remise de dette, dans le cadre de son mécanisme réservé aux pays en post-crise (FPPC), il s’agissait de trouver 10,24 millions de dollars correspondant au reliquat des 31% restant dus.
La France a été le premier pays européen à mettre la main à la poche en acceptant de financer une partie de cette somme à hauteur de 2,17 millions de dollars. L’Union Européenne (2,17 millions) et le Royaume Uni (1,02 million) ont porté la contribution totale de cette table-ronde à 60% du montant sollicité par la BAD. Dans un courrier adressé à son homologue comorien, Nicolas Sarkozy a félicité le Président Sambi et lui a demandé de relancer les pays arabes pour boucler ce tour de table.
Selon le chef de l’Etat comorien, les émissaires d’un monarque du Golf se trouvant à Moroni se sont engagés sur les 4 millions de dollars manquants.
Les argentiers du gouvernement ont alors de quoi se réjouir, car la réussite de cette opération ouvre la voie à la signature d’un programme formel avec le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. Un tel accord permettra aux Comores d’être éligibles au programme de “Facilité de réduction de la pauvreté et pour la croissance”, en vue d’un allégement considérable de la dette du pays estimée à quelque 240 millions de dollars US et dont le remboursement pèse lourdement sur le budget de l’Etat.

Une décision judiciaire lourde de conséquences

L’autre objet de satisfaction vient du secteur bancaire. Au cours de ce mois de décembre, la Banque de Développement des Comores (BDC) va reprendre ses crédits pour relancer le secteur économique après des années de restructuration grâce à des financements de l’Agence Française de Développement. A quelques mètres de la BDC, Exim-Bank, une nouvelle banque commerciale, vient d’ouvrir ses guichets, alors que juste à côté, la réhabilitation du siège de la Banque fédérale du Kuweit est presque finie.
En face de ces trois établissements bancaires en ordre de bataille sur la Place de France, à Moroni, se joue à l’intérieur de l’imposant bâtiment qui abrite la BIC une partie très serrée.
En effet, la Banque Pour l’Industrie et le Commerce (BIC), une filiale de BNP PARIBAS qui a bénéficié d’un monopole de fait depuis plus de 25 ans, vient de perdre un procès déterminant. Il est avéré que ce litige qui oppose la BIC depuis plus de 2 ans à un de ses clients va lui coûter la bagatelle de 3,8 milliards de francs comoriens (environ 1,9 million d’euros). Les opérateurs économiques de la place ne cachent pas leurs appréhensions sur la suite des événements. Un riche homme d’affaires estime qu’à défaut d’un soutien ferme de l’Etat, la plus importante banque des Comores risque de fermer et entraîner une grave crise dans le pays.
Au-delà des aspects économiques et financiers, un haut fonctionnaire du ministère des Finances affirme que cette décision de justice risque de remettre en cause tous les accords avec la France, y compris l’appartenance à la zone Francs. Ce que confirme un cadre de la BIC, en disant que les autorités françaises sont choquées par les flagrantes irrégularités qui ont entaché toute la procédure judiciaire.

A. Mohamed


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