Comores : Fin de l’alliance entre les Exécutifs de Ngazidja et l’Union

Instabilité, quand tu nous habites

31 octobre 2007

Depuis la visite du chef de l’Exécutif de Ngazidja à l’homme fort d’Anjouan, le torchon brûle entre le chef de l’Etat et son ancien directeur de cabinet. Une recomposition des forces politiques est en train de s’opérer, permettant aux dignitaires de l’ancien régime de refaire surface.

Fidèles à leur réputation historique « de sultans batailleurs », les Comoriens ne manquent pas une occasion de s’entre-déchirer. Depuis la grave crise séparatiste déclanchée en 1997 à Anjouan, le pays n’a jamais retrouvé vraiment sa cohésion. La communauté internationale, au premier rang de laquelle l’Union Africaine officie avec le soutien de l’Union européenne, la Ligue Arabes, la COI et les pays voisins, tente tant bien que mal depuis 2001 d’aider la classe politique à se mettre d’accord sur une plate-forme institutionnelle qui réponde aux besoins des uns et des autres et qui puisse stimuler un décollage économique.
Cependant, la propension des Comoriens aux joutes politiques stériles fait que sitôt une solution trouvée à la crise du moment, un autre foyer s’embrase, et parfois pour les causes les plus futiles. Ainsi, après la guerre des chefs à laquelle se sont livrés Azali et Elbak durant toute leur mandature pour désigner les gestionnaires des maigres deniers publics, les Comoriens ont choisi de les sanctionner tous les deux aux dernières élections. A leur place, ils ont couronné un charismatique prédicateur religieux à la tête de l’Etat et son directeur de cabinet comme président de l’Exécutif de Ngazidja. L’élection par les Mohéliens d’un riche commerçant se revendiquant de cette mouvance est apparue aux yeux de la population et de certains observateurs comme la fin des conflits des compétences.
Pour les analystes, cela ne pouvait avoir un impact sur la stabilité du pays dans la mesure où Anjouan, le nœud du problème, est toujours en marge de la République. En effet, ni l’arrivée au sommet de l’Etat d’un ressortissant de cette île, ni la mobilisation des Sud-africains, et des pays voisins, ni les pressions internationales n’ont pu fléchir les velléités sessionistes du Colonel Bacar.

L’île de la discorde

Et c’est justement cette épine anjouanaise qui va fragiliser le Président Sambi, à qui on reproche de ne pas faire revenir son île natale dans l’Union. A en croire Youssouf Ibrahim, un responsable syndical, Sambi utilise lui-même ce prétexte pour oublier ses promesses électorales : « Le projet habitat est un leurre, la détérioration du pouvoir d’achat s’est accompagnée de fréquentes pénuries des produits de première nécessité ».
Et comme si cela ne suffisait pas, la résolution de l’Union Africaine qui a imposé des sanctions individuelles à l’encontre des autorités de faits d’Anjouan et des menaces de blocus maritime et aérienne allait semer une belle confusion entre les divers dirigeants.
En effet, le Président Abdoulwahabi de Ngazidja a décidé d’aller rendre visite au colonel rebelle, geste considéré par son allié Sambi comme « un coup de poignard dans le dos » et annonçant la cassure.
Dans cet archipel rompu à ce genre de revirement, un nouvel équilibre a vu le jour quelques heures plus tard, intégrant les protagonistes de la précédente mandature. Les dignitaires de l’ancien régime, soupçonnés, et pour certains, inculpés de détournement de deniers publics, refont surface à la faveur de cette nouvelle crise. La stratégie affichée est de constater l’échec du gouvernement central et de l’Union Africaine dans la gestion du dossier anjouanais et renouer un dialogue inter-île.
Abdou Raouf, jusqu’ici fervent supporter de Sambi et Abdoulwahabi, ne sait plus à quel saint se vouer : « J’ai fait campagne pour les deux et on me demande de prendre position pour l’un et contre l’autre, c’est malhonnête de leur part. Je ne suis pas politicien, mais je sais que dans cette nouvelle guerre comme dans les précédentes, il n’y aura qu’un perdant, nous, la population comorienne ».
Pour sa part, fraîchement licenciée en Economie dans la jeune Université des Comores, Anfifa estime que Ngazidja risque de perdre les investissements en cours de réalisation dans les secteurs touristiques et bancaires à cause de la sirène anjouanaise.

De notre correspondant
Ali Mohamed


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • personnellement,je conteste à 100% l’écouloement de sang.j’ose dire qu’il y a plusieurs méthodes politiques envisageables que de
    se servir de la force des armées...


Témoignages - 80e année


+ Lus